A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, un reportage sur les aides ménagères de Bamako : sous-payées, souvent victimes de violences verbales ou physiques, ces jeunes filles résistent.
Souvent originaires de zones rurales, les aides ménagères se retrouvent isolées quand elles arrivent en ville. Ce qui les rend plus vulnérables à certains abus.
Mais depuis peu, les bonnes du Mali s’organisent pour mieux défendre leurs droits.
Tentatives de viols de la part du patron
Lorsque Yafula a quitté son village de Bankass dans le centre du Mali en 2017, elle avait pour ambition de venir à Bamako pour gagner de l’argent et l’économiser avant son mariage. Mais très vite, l’adolescente a été confrontée au quotidien difficile des travailleuses domestiques.
Elle raconte : “Dans ma première famille d’accueil, j’étais privée de nourriture. Le mari de ma patronne en est la cause. Celui-ci n’arrêtait pas de me harceler sexuellement. Lorsque je prenais mon bain, il venait me regarder à travers la fenêtre. J’ai échappé à plusieurs reprises à ses tentatives de viol.”
Corvée de bois pour une fille de 13 ans
Ramata est pour sa part venue à Bamako à l’âge de 13 ans. Elle avait une tache spécifique chez son premier employeur rémunérée 12.500 francs CFA par mois (environ 20 euros). Un travail normalement réservé aux hommes adultes et solides:
“Ma patronne me demandait de charger les engins roulants des clients avec de gros sacs remplis de charbon de bois. Je revendais également le bois de chauffage, j’en constituais plusieurs tas par jour. J’avais ainsi d’intenses douleurs au niveau du dos et de la poitrine. Lorsque je tombais malade, elle me disait que je pouvais mourir, ce n’était pas son problème.”
Dire non et dire stop
Comme Yafula et Ramata, plusieurs milliers de travailleuses domestiques à Bamako sont exploitées et voient leurs droits élémentaires violés par leurs employeurs.
Diallo Assitan Fofana est la présidente de l’Association de défense des aides ménagères et domestiques (Addad). Celle-ci a été créée par les travailleuses domestiques pour défendre leurs droits.
“Quand les filles arrivent au centre avec leurs problèmes, des problèmes qui dépassent notre capacité de gestion, nous les référons aux structures plus compétentes. Il s’agit des structures étatiques et des ONG non étatiques comme la brigade des mœurs, Enda Mali, BNCE ou encore le Samu Social Mali.”
L’Addad accueille chaque année environ une centaine de jeunes filles, travailleuses domestiques en détresse et exploitées par des employeurs sans scrupules… pour que leurs conditions de travail et de vie s’améliorent enfin.
Source: DW