Manifestement, la hache de guerre est enterrée entre le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, et le président de la République, IBK.
Le Mali des grands hommes commence à refaire surface avec la volonté du président de la République et du chef de file de l’opposition de s’inscrire dans une dynamique de réconciliation au grand bonheur des Maliens. Ils savent tous les deux que l’urgence n’est plus au rejet de l’autre pour des considérations politiques ou idéologiques mais de s’attaquer ensemble au coude à coude aux questions essentielles et existentielles du pays.
Au Mali, il y a le problème récurrent du terrorisme, la fin éminente de l’éducation, les grèves dans la plupart des secteurs de l’Etat, le Centre du pays avec sa particularité apparente à un génocide et tant d’autres qui bloquent et empêchent le pays de se développer.
On se souvient que le président IBK après sa prestation de serment, le 4 septembre 2018, avait dans un esprit de réconciliation tendu sa main à Soumi directement et les autres membres de l’opposition indirectement. A cette époque, compte tenu du vent de contestation et de révolte qui animait les uns et les autres, les partisans de Soumaïla Cissé ne voulaient pas entendre parler d’une concession de conciliabule. Ils ont préféré la politique de va-t-en-guerre contre la Convention de la majorité présidentielle et son pilote élu, IBK. Mais plus le temps passe, plus les militants de Soumaïla Cissé comprennent que le président IBK ne va jamais céder le fauteuil de Koulouba a cause de simples manifestations ou discours incendiaires à son endroit. Ils ont beau tout dire ou faire, il les prenait à la légère et adoptait la stratégie de la belette : le silence assourdissant et affaiblissant psychologiquement.
Quoi qu’il en soit, pour l’instant, les esprits se sont refroidis, les cœurs déchargés et la seule ambition qui est à l’ordre du jour est la réconciliation de la manière la plus consensuelle possible.
Ainsi, durant toute la semaine, le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé a commencé une série d’échanges et de consultations avec des personnalités qui avaient à une certaine période dirigé le pays. Il s’agit notamment d’Alpha Oumar Konaré. L’ordre du jour de l’entretien entre ces deux hommes portait, dit-on, sur la crise malienne et les mesures possibles pour une sortie heureuse de cette crise.
Après le président Konaré, c’était le tour de Pr. Dioncounda Traoré. Le même sujet et même vœu et même finalité souhaitée. Ensuite, le président Moussa Traoré, avec celui-ci aussi la même problématique était posée avec en ligne de mire des perspectives heureuses. Moussa est celui qui a plus duré aux affaires et est censé connaitre fondamentalement les vrais problèmes du pays et leurs véritables origines. Il avait rejeté les clauses de la conférence de La Baule en 1990. Un rejet qui a été la cause de son éjection a la tête du Mali. Même le président ATT qui n’est pas dans le pays n’a pas été exclu de la consultation de Soumaïla Cissé. Soumi a eu deux longues heures de communication téléphonique avec lui.
Enfin, Soumaïla Cissé avait eu un tête-à-tête avec IBK. Les deux frères sont dans une posture de conjugaison de leurs efforts pour passer à l’essentiel. Surtout pendant les campagnes électorales précédentes (2002-2018) chacun d’eux disait être prêt à donner le meilleur de lui-même et à faire toutes les concessions possibles pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens.
Cette démarche suit l’entourage du chef de file de l’opposition. A cet effet, Tiébilé Drame avait jugulé « le dialogue politique inclusif est la nouvelle étape de la lutte que nous avons engagée pour sauver notre pays. Il requiert rassemblement, consensus et association de toutes les sensibilités politiques. Nul ne doit être tenu à l’écart. S’il a lieu, s’il est bien tenu, s’il est bien conduit, le dialogue politique pourrait être un tournant important dans le combat pour la rédemption et le relèvement de notre vieux Mali ». Désormais donc, il faudrait s’attendre que l’opposition et la convention de la majorité présidentielle soient les alliés incontournables du président IBK dans la mise en œuvre de son programme d’urgence.
Si c’est ton ami, moi c’est mon petit frère
La quête du pouvoir crée de l’inimitié entre les hommes et des fois une haine mortelle. Cette démarche de réconciliation entre Soumaïla Cissé et IBK est aussi interprétée par certains observateurs comme une démonstration de force de la part du président de la République a l’égard de certains chefs religieux avec lesquels Soumaïla Cissé ou ses acolytes étaient dans des manifestations et des meetings contre IBK.
Ces mêmes observateurs concluent que ce rapprochement a un double objectif pour IBK. D’une part, montrer que Soumaïla Cissé est loin d’être son ennemi réel et que leurs agissements moins amicaux n’est que des altercations politiques et l’expression de la pluralité démocratique. Ils ne concernent ni leurs relations humaines et sociales encore l’avenir du pays.
D’autre part, rendre la monnaie à toute la horde d’adversaires dressée contre lui dont certains ont retrouvé refuge soit à l’URD, soit au FSD, soit le cabinet du chef de file de l’opposition soit conjuguent avec Soumaila Cissé : Racine Thiam, certains chefs religieux, le Petit Monsieur, le Grand Monsieur, les simples messieurs et dames, etc.
Cette marge de manœuvre se passe sous l’œil scrutateur du félon « Le Tigre » ou SBM. Avec lui, IBK tentera de mettre toutes les chances de son côté pour finir son second quinquennat dans la réconciliation avec tous ceux qui lui ont tourné le dos sans raison valable et dans l’entente de toute la classe politique malienne, en tête le chef de file de l’opposition. IBK n’est-il pas en train de montrer qu’il est un réconciliateur ?
B. M
Le Point du mali