Le malheur des Africains est d’avoir vu leur esprit colonisé par l’Occident et de ne jamais chercher à changer ce que l’Occident considère comme bon pour eux.
Je suis partisan d’une révolution des esprits. Je doute en permanence du bien-fondé des théories et des concepts hérités de notre histoire coloniale. En cela, je peux passer, aux yeux de beaucoup, pour un dangereux marginal.
Mais cela ne me décourage pas dans ma quête d’un modèle de pensée et de société nouveau. Un modèle révolutionnaire. Cette quête, je vous la soumets sous forme de questions:
* Pourquoi doit-on considérer la démocratie comme un bon système de gouvernement alors que depuis sa venue sur notre continent, elle a détruit les Etats, perverti les sociétés et exacerbé les conflits ?
* Pourquoi imposer la laïcité de l’État à des sociétés africaines majoritairement religieuses, en privant ainsi cette majorité du droit de choisir la nature de l’État ?
* Pourquoi maintenir en Afrique le système électoral dit démocratique qui, chez nous, conduit le plus souvent au règne de l’argent et transforme le peuple en simple bétail électoral ?
* Pourquoi instituer une justice à triple échelon (tribunaux d’instance, cours d’appel et cours suprêmes) alors que les citoyens, en général, ne comprennent rien au droit et n’ont pas les moyens de financer un procès ?
* Pourquoi aucune faveur institutionnelle n’est accordée à nos chefs traditionnels ni aux descendants de nos rois alors qu’en Occident, la plupart des pays ont gardé leurs rois, reines et princes?
* Pourquoi prioriser dans nos pays l’enseignement des langues étrangères et édicter toutes nos lois en langues étrangères alors que nos pères ont construit de grands empires avec nos propres coutumes et nos propres langues ?
Vous le voyez, ces questions me hantent jour et nuit. Et ce qui m’inquiète davantage, c’est le refus des intellectuels et des décideurs africains d’y réfléchir.
Par Me Cheick Oumar Konaré
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