Président fondateur du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (Cri 2002) et ancien ministre chargé des Relations avec les institutions, Dr Abdoulaye Sall a brusquement et discrètement titré sa révérence le 13 février 2024. Ses obsèques ont lieu le lendemain sur le terrain omnisports de Lafiabougou Bougoudanin qui a refusé du monde pour la circonstance. Une foule à la hauteur de la notoriété dont jouissait l’illustre défunt qui demeurera à jamais une figure emblématique de la société civile du Mali démocratique.
Le 13 janvier 2024, il avait rempilé pour un nouveau mandat à l’issue de la 4e Assemblée générale de «Cri 2022» (Centre de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali-2002) tenue au siège de l’organisation. Un événement organisé sous le sceau de la contribution de l’association dans la satisfaction des besoins essentiels immatériels et matériels des collectivités locales et des populations… Hélas, ce mandat, il ne le mènera pas à son terme. En effet, un mois jours pour jour après ce choix, Dr Abdoulaye Sall s’est éclipsé sur la pointe des pieds le 13 février 2024 à 76 ans (18 octobre 1948 à Kayes-13 février 2024 à Bamako).
C’est une immense foule qui a pris d’assaut le terrain municipal de Lafiabougou Bougoudanin pour rendre un dernier hommage à l’illustre disparu avant de l’accompagner à sa dernière demeure pour l’éternité. Cela n’avait rien de surprenant parce que l’homme fut un rassembleur, un talentueux médiateur au langage franc, mais respectueux ; un homme généreux… On comprend alors la bonne réputation dont il jouissait dans l’arcane politique, les organisations de la société civile… et aussi auprès de nos décideurs et des Partenaires techniques et financiers (PTF) de notre pays.
D’un commerce très agréable, Abdoulaye Sall savait se faire écouter et se faire respecter sans se départir de cette modestie, cette grande humilité que cultivent à souhait les sages, les hommes de grande culture…. Avec Cri 2002, Dr Sall a contribué à l’encrage de la culture démocratique sur tous les fronts, joué un rôle dans l’apaisement du climat social et politique parce qu’il avait le don de rapprocher les positions antagonistes. Avec sa disparition, le dialogue inter-Maliens est privé d’une grande expérience et d’une précieuse expertise. Oui, Dr Sall fut un homme de dialogue, de consensus et de compromis utile pour débloquer les situations les plus compromises, pour apaiser les débats les plus houleux.
Socio-économiste, il est diplômé de l’Ecole normale supérieure de Bamako (ENSUP) et de l’Université de Nice (France) en économie et droit du développement. C’est par l’enseignement qu’il a commencé sa carrière professionnelle, avant d’être nommé Inspecteur des sociétés et entreprises d’État, puis Directeur général de l’Office des produits agricoles au Mali (OPAM).
Depuis sa création le 24 avril 2000, le Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali-2002 (Cri 2002) s’est illustré sur des questions et thèmes d’intérêt général à travers des conférences-débats, des campagnes ou journées de sensibilisation aux valeurs du civisme et de la citoyenneté sur l’ensemble du territoire national… On doit aussi à l’illustre disparu des initiatives comme le répertoire des chefs de villages fractions et quartiers du Mali que son association a mis à la disposition des autorités de la Transition en mars 2022.
Sa dernière apparition publique date sans doute du 30 janvier 2024 au Musée National de Bamako où il a animé une conférence de presse sur le quinquennat 2024-2028 de «Cri 2002» sur le thème : «Cri-2002 s’engage, et engage pour son quinquennat 2024-2028» ! Pour la circonstance, Dr Abdoulaye Sall a décerné des attestations de reconnaissance aux anciens collaborateurs de CRI-2002. Ce jour, en sentait encore en lui cette volonté inébranlable et surtout cette farouche détermination à amener son association à véritablement jouer son rôle dans l’opérationnalisation de la Constitution de la 4e République du 22 juillet 2023, la refondation de l’État avec l’adoption par le gouvernement du Cadre stratégique de la refondation de l’État (CS-RE) et son Plan d’actions (2022-2031), et dans l’appropriation nationale du processus de paix, de réconciliation nationale, de cohésion sociale.
«Nous n’étions pas le plus souvent d’accord compte tenu de mon tempérament. Mais, il avait du respect pour l’avis et les opinions des autres. Il s’avait accepté d’avoir tort même s’il était convaincu d’avoir raison. Il s’avait prendre de la hauteur dans les discussions et les débats dans le respect et la parfaite courtoisie. C’est un Grand homme que nous avons perdu aujourd’hui avec ses qualités et ses valeurs. Le Mali perd un valeureux fils dont la contribution nous aurait été très utile dans la réussie des réformes en cours pour bâtir le Mali Kura», nous a confessé un confrère lors de ses obsèques mercredi dernier à Lafiabougou Bougoudanin. Il faut aussi reconnaître l’homme avait du respect et de la considération pour la presse qui perd ainsi un fervent défenseur.
Comme le disait un compatriote éploré sur les réseaux sociaux, «l’histoire retiendra que ses cris de coeur ont retenti dans tous les foyers et bien au-delà de nos frontières» ! Ce n’est pas par hasard que le feu le président Amadou Toumani Touré l’avait nommé ministre des Relations avec les Institutions dans l’équipe de la regrettée Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé.
Né le 18 octobre 1948 à Kayes, Dr Sall est «administrateur chevronné et acteur incontournable» de la société civile malienne. Sa disparition est une grande perte pour Cri 2002 seulement, mais pour toute la nation malienne. Va en paix l’infatigable Dr Sall ! Qu’Allah SWT, le Très Miséricordieux, t’accorde le Firdaws comme demeure éternelle au Paradis !
Amen
Moussa Bolly