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Décès de Sira Diop: première bachelière du Mali

Elle aura inspiré et formé des générations de femmes maliennes, en marquant son siècle. Mme DIOP Sira nous a quitté ce dimanche 17 novembre.

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Première bachelière du Mali. Directrice du Lycée des jeunes filles de Bamako. Ce sont les premières qualifications qui viennent à l’esprit à l’annonce de son décès. Mais, Sira DIOP, c’était pour moi, une tante d’un caractère unique. Je me souviens de la dernière fois… Toujours le sourire, toujours dynamique. Malgré la canne qui l’aidait à marcher, elle ne se laissait jamais abattre. Elle était une force de la nature, un de ces êtres si solides que l’idée qu’elle puisse disparaître un jour, n’effleurait jamais l’esprit. Elle adorait les tous petits, c’était une grand mère attentionnée qui ne manquait jamais de conseils et aimait se rendre dans son champ de temps à autre.

Et pourtant, le roc s’en est allé, laissant des proches brisés mais fiers de cette grande dame, emblème de la cause féminine. Symbole même de l’émancipation des femmes, mais attention, Tanti Sira, le disait toujours. ” Ce n’est pas une lutte contre les hommes. Ici, c’est la promotion des femmes.” Elle qui connaissait si bien les siens et son pays, savait composer avec les hommes et les femmes pour aller vers le progrès social, en toute complémentarité. Elle fut donc cette jeune bachelière émérite, puis une enseignante reconnue qui a formé une partie de l’élite féminine du Mali et la Directrice d’un lycée célèbre de Bamako de 1951 à 1962. Celui des Jeunes filles, après avoir elle même été formée à l’école de Rufisque au Sénégal.

    “Sira DIOP, un fleuve intarissable”, le documentaire que lui a consacré Fatoumata Coulibaly

Nos mères et tantes qui ont fréquenté cet établissement, connaissent Mme Diop Sira. Chacun pourra évoquer ce parcours immense, ce curriculum si riche, qu’il donne le tournis. Présidente de l’Union Nationale des femmes du Mali, au lendemain des indépendances, pionnière de toutes les luttes féminines, elle a œuvré dans les ONG, les villages d’enfants SOS, l’Unesco, et auréolée du Prix Rafao des femmes d’Afrique de l’Ouest, elle a poursuivi le combat de l’émancipation des femmes : “Dans les sociétés matriarcales et les femmes étaient presqu’à égalité avec les hommes.”, rappelait-elle. Et jusqu’à ce Code de la Famille, en 2009, où à l’inverse d’autres militantes, elle évoquait les dangers du recul que pouvait apporter le rejet du nouveau texte, rien ne dissuadait Mme Diop Sira de dire la vérité. L’épisode fut douloureux pour les femmes, mais Sira Diop avançait, avec conviction, patiente, consciente du temps que prendrait les choses pour équilibrer cette société, conservatrice, avide d’ouverture, mais toujours en recherche d’elle même.

La réalisatrice Fatoumata Coulibaly, lui a consacré un documentaire de 26 mn, au titre évocateur : Sira DIOP, le fleuve intarissable, “Badjiba Djabali”. Et cette idée, c’était tout elle. L’intarissable Sira DIOP, un fleuve où il fait bon se désaltérer, tant il est riche de connaissances, d’expériences, d’anecdotes, de leçons de vie.

Comme toute force de la nature, Tanti Sira avait besoin de se reposer, et lorsqu’elle fut l’invitée de l’Union Africaine, en marge de l’anniversaire des 50 ans de l’organisation, elle me raconta qu’elle n’avait pas voulu aller à Addis-Abeba, mais elle a finalement honoré la cité éthiopienne de sa présence. Cette fois, elle s’est en allée pour un dernier voyage…

Dors en Paix tanti Sira… !

SourceJournal du Mali

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