De l’avènement de la décentralisation à nos jours, elles sont quelques unes à se battre sous le soleil afin d’occuper le très convoité fauteuil de maire d’une commune urbaine ou rurale. Elles ne sont pas nombreuses à avoir eu la confiance de leurs concitoyens. En 1999, elles étaient cinq femmes maires. Lors des communales passées, le nombre de femmes au poste de maire, passe de 5 à 6. En 2009, on dénombre neuf femmes maires. ‘’Le Challenger’’ a fouillé dans les archives pour aller à la découverte de quelques unes de ces amazones qui n’ont pas attendu l’adoption de la loi portant sur le genre pour se faire une place au soleil.
Mme Togo Mariam Barro
De 1999 à 2004, Mme Togo Mariam Barro a dirigé la mairie de la commune rurale de Baye dans le cercle de Bankass, région de Mopti. Née à Baye en 1958, Mme Togo Mariam Barro, qui se déplace dans un fauteuil roulant, est la Présidente de l’association Jigisèmè, une organisation populaire de femmes de cette localité. Elle est également la présidente de l’association des femmes et des handicapés physiques.
Elle a fait ses études primaires et secondaires respectivement à l’école de Bankass et au Lycée Sankoré. Mme Togo a effectué des formations professionnelles notamment des cours sur la teinture, la fabrication de savon. Pendant toute sa vie professionnelle, Mariam Barro a fonctionné sur une approche de soutien au processus de développement, la promotion de la femme et le combat contre le trafic des enfants.
En 2005, Mme Togo figurait sur la liste des femmes sélectionnées par le projet 1000 femmes pour le Prix Nobel de la paix. Celle qui fut la deuxième secrétaire de communication de l’Association des Municipalités du Mali (AMM) n’a effectué qu’un mandat de cinq ans à la tête de la mairie.
Mme Seck Oumou Sall
Depuis 2004, Mme Seck Oumou Sall préside aux destinées de la mairie de la commune urbaine de Goundam dans la région de Tombouctou. Mme le maire de Goundam est un bâtisseur dont les multiples actions en faveur du développement local sont bien appréciées.
De par son apparence, Mme Seck ne donne pas l’allure d’une femme politique de poigne. Et pourtant, elle n’en demeure pas moins une. Au fil des années, elle s’est forgée une solide réputation sur ce terrain qui est habituellement la chasse-gardée des hommes. Mieux, elle s’est imposée comme une actrice incontournable, courtisée par plusieurs chefs de partis politiques. Les amis et même certains adversaires de cette dame lui dressent un portrait élogieux. C’est, à les en croire, une femme modeste, sage, intègre, cultivée, respectueuse, attentive, constante. Chez elle, par tradition, la retenue et la raison l’emportent sur les élans du cœur.
Son engagement lui a valu des reconnaissances aux niveaux national et international. Dans ses actions de tous les jours, elle a fait de la promotion de la femme son crédo. A l’extérieur comme à l’intérieur, elle se bat pour défendre la cause féminine.
Plusieurs de ses initiatives vont dans le sens de l’épanouissement de la femme. Très fidèle et constante en amitié, la ‘’gazelle du désert’’ de par son engagement et son patriotisme, est une source d’inspiration pour la jeune génération. Mme Seck a toujours voulu évoluer en indépendant, elle réussit à faire de Goundam un véritable pôle d’attraction médiatique, convoité aujourd’hui par des hommes politiques qui manquent de racines.
Mme Konté Fatoumata Doumbia
De teint légèrement clair, Mme Konté Fatoumata Doumbia, est depuis 2004, la première responsable de la mairie de la commune I du district de Bamako. Autoritaire pour les uns et fin stratège pour les autres, Mme Konté, née en 1950 à Kati, est un pur produit de l’Ecole Normale Supérieure (ENSUP).
Ce professeur d’enseignement secondaire s’intéressera très tôt à la politique. C’est ainsi qu’elle va militer dans les années 1966 au sein du ‘’Comité Jeunesse’’ de l’Union Soudanaise RDA de Kati où elle se fera remarquer par son franc-parler. Celle qui déclare avoir reçu une formation idéologique inspirée du marxisme-léninisme au lycée des jeunes filles de Bamako, est en effet une femme politique très engagée. Présidente du Mouvement national des femmes de l’Adema-Pasj, Mme Konté Fatoumata Doumbia est un membre influent de l’ancien parti au pouvoir.
Consultante en droits des femmes, en genre et développement et en population et développement, elle est un défenseur infatigable de la cause féminine.
Feue Goro Laya Ongoïba
Analphabète, ménagère, Mme Goro Laya Ongoïba fut élue en 2004 maire de la commune rurale de Dinagorou dans le cercle de Koro, région de Mopti. Son analphabétisme n’a jamais été pour elle un obstacle à son émergence politique. Mme Goro Laya Ongoïba avait une large perception des enjeux de la gestion des affaires locales dans le cadre de la décentralisation. Elle s’est battue corps et âme pour l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens.
Cette militante fervente de l’ADEMA-PASJ n’a pas pu terminer ses cinq ans à la tête de la mairie car elle est décédée en cours de mandat.
Mme Doucouré Awa Diawara
De son statut de femme de ménage (elle aime rappeler cela à ses interlocuteurs) à celui de maire de la commune rurale de Bougouweré, cercle Macina, région de Ségou, Mme Doucouré Awa Diawara a brisé bien des tabous pour se faire une place au soleil.
A vrai dire, les premières activités politiques de Mme Doucouré remontent à une dizaine d’années lors de son accession à la mairie en 2009. Sa sphère d’action, c’était plutôt les réseaux de groupements féminins dans la constitution desquels elle s’est fait une solide réputation.
Très intelligente, elle ne tarda pas à se révéler fin stratège politique. Elle s’est battue pour être la tête de liste de son parti, l’Adema. Avec 10 conseillers sur 17, la voilà élue maire. Tout un symbole.
Mme Diabaté Mariam Bamba
Ancien chef d’agence des assurances Sabu-Nyman à Ségou, Mme Diabaté Mariam Bamba est technicienne supérieure des Eaux et Forêts sortie de l’IPR de Katibougou. Mme Diabaté est entrée en politique en 2002 comme militante de l’Union pour démocratie et le développement (UDD).
Très dynamique dans les associations féminines, elle est désignée en 2003, ‘’l’homme de l’année’’ par la presse locale. A la sortie des communales de 2004, elle est élue première adjointe au maire de Pélengana.
En 2009, cette native de Sikasso est portée à la tête de la mairie de la commune rurale de Pélengana par l’alliance MIRIA-ADEMA-PARENA-MPR.
Feue Maïga Salimata Dembélé
De 1999 à son assassinat, le 10 août 2009, Maïga Salimata Dembélé est le maire de la commune rurale de Yognongo, cercle de Koutiala, région de Sikasso.
Née en 1972 dans la commune qu’elle dirigeait, Mme Maïga Salimata Dembélé était une technicienne supérieure d’agriculture. N’ayant pas eu d’emploi après sa formation à l’IPR de Katibougou, elle décida de rentrer au village en attendant des lendemains meilleurs. Petit à petit, elle prend goût à la chose politique et se présente ainsi aux premières élections communales en 1999. Pour la première fois dans ce petit village situé dans le cercle de Koutiala, une femme devient conseillère municipale. Sans difficulté, elle est élue maire dans une localité hostile à la prise de pouvoir par la gent féminine. La jeune dame doit faire face à des défis. Elle se fixe comme première mission, la sensibilisation. Elle se bat comme un beau diable pour faire accepter son autorité dans certains villages qui avaient, au départ, boycotté les activités de la mairie.
En 2004, elle est réélue maire sans difficultés sur la liste URD. En 2009, Mme Maïga est réélue pour un troisième mandat. Celle qui ambitionnait de devenir un jour députée à l’Assemblée nationale du Mali et créer une ONG pour défendre la cause des femmes, est assassinée le 10 août 2009 par Soungalo Dembélé, condamné par la Cour d’assises à la peine capitale.
Mme Oumou Dahirou Diallo
Mme Oumou Dahirou Diallo a pris la direction de la commune rurale de Nioro Tougouna Rangabé, cercle du Nioro du Sahel, région de Kayes à la faveur des élections communales de 2009. Elle est la plus jeune des femmes maires et l’unique édile du Parti pour la renaissance nationale (Parena).
Cette enseignante de formation a successivement travaillé dans les écoles de base de Biya et Progrès avant son admission en 1996 au concours de la fonction publique. Ses premiers pas de fonctionnaire, elle les fera à Dialakorodji où elle a été la première femme enseignante. En 2002, elle est mutée à Nioro pour raison de rapprochement de conjoints. De l’enseignement, rien ne prédestinait cette jeune peuhle très timide, attachée aux valeurs de franchise et de sincérité, à la politique. Et pourtant son père Dahirou Diallo, est un homme politique très célèbre de la localité. Cet enseignant à la retraite fut même maire de la même commune dirigée actuellement par sa fille. Ainsi, pour accéder à la mairie, elle a beaucoup bénéficié de la notoriété de son père mais aussi de sa bénédiction.
Mme Niangaly Bintou Togo
Mme Niangaly Bintou Togo est, depuis 2009, le maire de la commune de Dougoutenè I, cercle de Koro, région de Mopti. Elle est la doyenne des femmes maires. Matrone rurale, elle a commencé la politique depuis les temps de l’Udpm. Mme Niangaly a été membre de l’Union nationale des femmes du Mali (Unfm) du cercle de Koro et Secrétaire générale de son quartier. Elue conseillère en 1999, elle est déléguée au conseil de cercle de Koro et à l’Assemblée régionale de Mopti. En 2004, elle renouvelle son mandat de conseillère. En 2007, elle est élue conseillère nationale au Haut conseil des collectivités. L’année 2009 est celle de sa consécration. Après plusieurs années de militantisme politique, Mme Niangaly Bintou Togo est désignée première responsable de la commune de Dougoutenè I.
Mme Kadidia Diawara
Mme Kadidia Diawara, une femme un peu unique dans son genre, est le maire de la commune rurale de Dadougou Fakala, cercle de Djenné, région de Mopti. Et cela depuis 2004.
Mère de famille, Maire et handicapée. Née en 1956 dans la grande famille Diawara de Konio, cette dame au teint légèrement clair, est une véritable battante. Affectueusement appelée ‘’Tin Kadia’’, elle est technicienne supérieure d’élevage. Animatrice puis chef d’Antenne appui-conseil aménagement équipement rural (AACAER), elle a une longue expérience dans la gestion du casier rizicole et de l’Association des parents d’élèves APE. Egalement, elle a milité au sein des associations féminines comme notamment l’association ‘’Jamajigi’’.
Sollicitée par un groupe de chefs de village, elle s’est heurtée au refus de certains membres de sa propre famille qui, phallocrates devant l’Eternel, avaient mal perçu sa candidature. Au milieu d’une dure adversité, elle a su tirer son épingle du jeu et compter sur sa baraka pour terrasser ses adversaires politiques. Elue en 2004, elle est brillamment réélue en 2009.
Mme Sogona Fatoumata Maïga
De 2004 à 2009, Mme Sogona Fatoumata Maïga était aux commandes de la commune rurale de Grourmera, cercle de Diéma, région de Kayes. A l’époque, elle était l’unique femme maire de la toute première région administrative du Mali. Et pourtant, c’est par un fait du hasard qu’elle s’est retrouvée à la tête de cette commune. Cette originaire de Gao au parcours atypique, s’est retirée après deux échecs au DEF, dans un hameau non loin du chef-lieu de la commune de Grourmera pour se consacrer à l’agriculture avec son mari.
C’est ainsi qu’en 2004, lorsque le problème de candidature aux élections communales s’est posé aux responsables locaux du Rassemblement pour le Mali (RPM), c’est sur elle qu’ils ont jeté leur dévolu. Fille d’un infirmier, elle n’avait jamais rêvé d’être maire.
Mme Oumou Dembélé
L’élection de Mme Oumou Dembélé à la tête de la commune rurale de Kounary sise dans le cercle de Mopti à la faveur des élections communales d’avril 2009 est un cas particulier dans ce milieu jugé conservateur. Pour le président de l’Association des municipalités du Mali de Mopti, non moins maire de la Venise malienne, Oumar Bathily (un jeune responsable dynamique, ambitieux), la désignation de cette militante du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid/FYT) comme maire, une première, est un cas assez singulier. Au sein du conseil communal, elle est la seule femme. Elle s’exprime difficilement en français mais très à l’aise pour ‘’dire les 4 vérités’’ en peuhl.
Née en 1958, elle est ménagère de profession. Du commerce de céréales dans lequel elle s’est fait un renom, à la politique, il y a un pas que Mme Dembélé a allégrement franchi. Pour la première fois, elle est devenue conseillère communale sous les couleurs de l’Adema – Pasj. En 2004, lorsqu’elle a eu des difficultés pour être portée sur la liste des Abeilles, elle n’a pas hésité à quitter le parti pour d’autres horizons. C’est ainsi qu’elle atterrit au Cnid /FYT et devient ainsi la deuxième femme au sein du conseil communal mais l’unique représentant du parti du soleil levant
Toujours fidèles à ses convictions, Mme Oumou Dembélé conduit lors des élections communales d’avril 2009 la liste du Cnid dans le Kounary et gagne la mairie. D’un commerce agréable, cette dame au parcours presque atypique, une preuve supplémentaire de l’émancipation de la malienne, est la première femme à gérer la commune rurale de Kounary.
Mme Kéïta Fatoumata H. Kodio
Militante de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), Mme Kéïta Fatoumata H. Kodio a géré, entre 2004 et 2009, les affaires de la commune rurale de Madougou, située dans le cercle de Koro, région de Mopti, en qualité de maire. Membre du directoire de l’UDD, elle a fait preuve d’engagement et de détermination au cours de son mandat. En 2009, elle n’a pas été réélue mais réussit à se maintenir dans le bureau communal comme 1ère adjointe au maire.
Source : Le Challenger