Sur la seule période 2013-2017, les investissements réalisés par les collectivités territoriales sous leur propre maîtrise d’ouvrage se chiffrent à 11 465 projets d’infrastructures et d’équipements collectifs, pour un coût global de 66 milliards de Fcfa
A l’instar des autres Etats membres de l’Union africaine (UA), notre pays a célébré, hier, au Centre de formation des collectivités territoriales, la deuxième édition de la Journée africaine de la décentralisation et du développement local.
La cérémonie était présidée par le ministre de la Décentralisation et de la Fiscalité locale, Alhassane Ag Hamed Moussa, en présence du maire de la Commune rurale de Kati, Yoro Ouologuem, du chef de file des partenaires techniques et financiers (PTF), Jan Meise et de nombreux invités de marque.
La célébration de la Journée africaine de la décentralisation traduit l’engagement des Etats de l’UA à s’inscrire dans le processus de décentralisation. Ils entendent ainsi promouvoir les valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local en Afrique comme préalable à l’amélioration des conditions de vie de nos peuples.
Le thème général de cette année : « Egalité des chances, autonomisation socio-économique et participation des jeunes à la gouvernance locale et au développement local en Afrique » en dit long sur la détermination de nos pays à mettre la jeunesse au cœur des préoccupations de développement politique et économique. Le thème s’inspire de celui de l’Union africaine pour l’exercice en cours, intitulé : Tirer profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ». Selon le ministre de la Décentralisation et de la Fiscalité locale, le thème interpelle gouvernants et gouvernés sur « la prise en compte de la dimension genre, particulièrement la jeunesse dans le choix des priorités de développement et dans la gestion des affaires publiques locales ». Pour Alhassane Ag Hamed Moussa, cette dimension reste l’un des grands défis de la mise en œuvre de la décentralisation et du développement local. Une raison suffisante pour le ministre en charge de la Décentralisation d’inviter l’ensemble des acteurs à participer activement aux débats sur les deux sous thèmes de la Journée. Ces sous-thèmes sont : « la participation de la jeunesse africaine à la gouvernance locale » et « l’économie numérique, moteur du progrès socio-économique des jeunes en Afrique ».
A en croire le maire Yoro Ouloguem et le chef de file des PTF, Jan Meise, la réunion des différents acteurs de la décentralisation et du développement local à l’occasion de cette célébration est d’une importance indéniable. Pour le premier, c’est l’occasion pour lesdits acteurs de jeter un regard critique sur tout ce qui a été fait. Quant au second, il a rappelé que la problématique étant commune à plusieurs Etats, la présence de spécialistes d’horizons divers enrichira significativement les débats.
UNE FORTE VOLONTE POLITIQUE – Au Mali, la mise en œuvre de la décentralisation a permis d’atteindre des résultats encourageants, notamment le renforcement du cadre juridique et institutionnel assurant fortement et irréversiblement l’implantation des collectivités territoriales dans notre paysage institutionnel. Sur la seule période 2013-2017, les investissements réalisés par les collectivités territoriales sous leur propre maîtrise d’ouvrage se chiffrent à 11 465 projets d’infrastructures et équipements collectifs, pour un coût global de 66 milliards de Fcfa. Ces réalisations, explique Alhassane Ag Hamed Moussa, « illustrent à suffisance l’engagement du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, à faire de la décentralisation le moteur du développement local et régional ».
La volonté politique du gouvernement quant à la libre administration des territoires s’exprime également par la place qui est réservée à celle-ci dans l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger.
Il y a eu d’autres acquis forts pour la décentralisation et le développement local au Mali. A titre d’exemple, il y a eu l’adoption par le Conseil des ministres du 14 juin 2017, des projets de loi relatifs à la libre administration des collectivités territoriales, au Code des collectivités territoriales et au Statut particulier du District de Bamako.
Pour le ministre, cela participe non seulement à la mise en œuvre des réformes institutionnelles induites par ledit accord mais aussi à l’approfondissement de la décentralisation.
Il faut aussi retenir la volonté du gouvernement de soutenir et amplifier la stratégie de transfert des ressources aux collectivités territoriales pour la réalisation de l’objectif 30% des ressources transférées aux collectivités en 2018. Cette volonté a été affichée dans la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, adoptée par l’Assemblée nationale le 15 juin 2017.
LE DeFAUT DE LA CUIRASSE – En dépit des progrès enregistrés en matière de libre administration des collectivités territoriales, certaines difficultés perdurent. Elles sont liées à la faiblesse des ressources propres des collectivités, à l’insuffisance de la « redevabilité » des élus par rapport aux populations ainsi qu’à des dysfonctionnements perceptibles dans la maîtrise d’ouvrage du développement local et régional.
Par ailleurs, Alhassane Ag Hamed Moussa a rappelé l’engagement du département à apporter des réponses idoines aux défis émergents de la réforme. Au nombre de ces défis, il a cité, entre autres, le renforcement des ressources propres des collectivités territoriales en termes d’amélioration du recouvrement des impôts et taxes et d’élargissement de l’assiette fiscale.
Le respect des dispositions légales en matière de consultation et de restitution publiques ; le renforcement des ressources humaines des collectivités territoriales et l’amélioration continue de la qualité des services rendus aux populations y figurent aussi.
Khalifa DIAKITE
Source: essor