Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

De quelles « valeurs religieuses » parle Mahamoud Dicko ?

Dans sa sortie médiatique de ce dimanche au Palais de la culture, l’Imam Mahamoud Dicko, comme toujours, s’est mis dans la Djélaba de Président de la République du Mali, se croyant permis de prendre des décisions au nom du Mali par défiance du pouvoir légitimement élu en août 2013. De la crise dans le Delta du Macina à la pratique de l’excision, l’imam qui, en principe, doit être un homme modéré dans toutes les situations, a donné libre cours à sa haine de la démocratie au profit d’un islam sans concession et plus rigoriste que jamais.

imam mahmoud dicko precheur president haute conseil islamique musulman

Tous ceux qui connaissent vraiment notre pays, savent que les conflits entre Peuls éleveurs et Bamanans cultivateurs sont fréquents, depuis des siècles, à partir de la saison pluvieuse jusqu’aux récoltes. Pour les premiers, les cultivateurs font leurs champs sur les passages destinés aux troupeaux, et pour les seconds, les éleveurs font exprès de faire pénétrer leur bétail dans les champs. Il faut reconnaitre qu’il y a une part de vérité chez les uns et les autres. Cependant, c’est toujours dans le Bulon (vestibule) du chef de village que tout cela se réglait même si on déplorait de temps en temps des cas de morts d’homme et d’animaux abattus.

La situation actuelle, dans le Macina, a été exacerbée par l’intrusion de djihadistes qui voudraient obliger les populations peules et bamanans à embrasser un islam moyenâgeux fait de violences, d’intimidation, de meurtres. Et il se trouve que la majorité de ces djihadistes sont des Peuls, disciples d’Amadou Kouffa. Il est tout à fait clair que tous les Peuls ne sont pas des terroristes et que l’amalgame serait dangereux pour la cohésion sociale et l’entente nationale. Il faudrait rapidement trouver une solution à cette situation pour que le centre du pays ne s’embrase pas. D’autant plus que des exactions des forces de sécurité contre des populations peules ont été rapportées.

Cependant, des gens qui ont exercé de hautes fonctions au Mali, comme Aly Nouhoun Diallo, président de l’Assemblée nationale du Mali pendant dix ans, ont cru prendre la défense des Peuls au détriment de la cohésion nationale. Des associations de Peuls se sont concertées dans des rencontres hautement médiatisées non pas pour calmer le jeu et appeler à un apaisement des esprits et des cœurs, mais pour dénoncer on ne sait quelle stigmatisation des populations peules. Les peuls sont disséminés sur l’ensemble du territoire malien et vivent en parfaite entente avec les autres populations du Mali depuis des siècles. C’est seulement une partie des Peuls du delta central qui sont impliqués dans les violences entre cultivateurs et éleveurs. Et curieusement c’est cette partie du pays qui voit flamber les violences.

Il est donc tout à fait indécent de vouloir assimiler les terroristes peuls aux communautés paisibles peules de la région. C’est en analysant la situation de cette façon que l’on pourra éviter l’amalgame dont notre pays risque de pâtir. Car le Mali n’a pas besoin d’un autre front qui s’ajouterait à celui du Nord. Nous ne pourrons pas nous en relever. C’est pourquoi les ressortissants peuls à Bamako doivent être des conciliateurs surtout s’ils ont une certaine audience au niveau national du fait de leurs fonctions passées ou présentes. C’est seulement de cette façon qu’on pourra éviter au Mali une nouvelle crise dont personne ne sait comment elle va finir.

L’autre point concerne l’excision que l’imam Mahamoud Dicko considère comme « valeur religieuse ». Cela est très surprenant de la part d’un homme qui est considéré comme très versé dans la connaissance de l’Islam. Car comment peut-on considérer comme « valeur » une pratique moyenâgeuse qui n’a aucun avantage pour les femmes mais qui présente des dangers certains, des dangers invalidants pour toute la vie. Chérif Ousmane Madani Haïdara, qui pour moi maîtrise plus le Coran que Mahamoud Dicko, a clairement dit que la pratique de l’excision n’est pas attestée par le Livre saint. C’est, dit-il, une « tradition » de chez nous. Ce n’est donc pas honnête de faire croire aux analphabètes que sont la majorité des millions de Maliens musulmans, que l’excision « est une valeur religieuse ». Est-ce que couper les mains, flageller, lapider sont des « valeurs religieuses » ? J’en doute. De même l’excision que le Grand Moufti du Caire considère comme « haram ».

Si Mahamoud Dicko peut défier le pouvoir en place depuis 2013, c’est que ce pouvoir a montré toutes les limites de son autorité et donné à croire aux religieux qu’ils sont une force qu’il n’ose contrarier. Certes le Mali est majoritairement musulman (pas toujours pratiquant d’ailleurs) mais nous sommes une République laïque. Et les démocrates sincères et convaincus se battront comme le 26 mars 1991 pour qu’une dictature militaire ne soit pas remplacée par une dictature religieuse. La démocratie obtenue de haute lutte ne sera pas contrariée par des illuminés qui voudraient importer chez nous des comportements et des idéologies qui viennent de pays parmi les plus arriérés de la planète au plan des droits humains, des droits des femmes. L’excision est et demeure une abomination qu’il faut combattre par tous les moyens du droit jusqu’à son abandon total. C’est une lutte de longue haleine dont il faut entretenir la flamme pour que les femmes sortent des griffes des intégristes et des obscurantistes.

Diala Thiény Konaté

 

La rédaction 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct