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De l’épidémie vers la pandémie? Le coronavirus en sept questions

Ce vendredi, à partir de 7h10 TU, RFI consacre une édition spéciale au coronavirus qui, depuis quelques semaines, se propage sur la planète. Des cas sont signalés dans une cinquantaine de pays, sur tous les continents. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) parle d’un « point décisif ». RFI décrypte cette situation inédite.

Combien de pays sont touchés ?

Au moins 50. La Chine, d’où est parti le virus au mois de décembre dernier est de très loin la plus concernée (plus de 78 000 personnes contaminées, dont 2 744 mortellement). L’épidémie semble y avoir atteint un pic (le nombre de nouveaux décès diminue de jour en jour) mais les autorités de Pékin parlent de la plus grande urgence sanitaire depuis 1949. Le pouvoir subit des critiques inhabituelles. La Corée du Sud est à l’heure actuelle le deuxième foyer de contamination avec près de 1 766 cas et 13 décès et se considère en état d’alerte maximum. Mais l’Iran, plus récemment atteint, recense 26 décès pour seulement 245 signalés.

Des chiffres très évolutifs et parfois soumis à des doutes, tant les méthodes de comptage peuvent être imprécises. L’Italie est de loin le pays le plus touché en Europe avec environ 650 cas et 17 morts. Plusieurs de ses régions sont en alerte. En France, le dernier bilan est de 2 décès pour 38 personnes infectées.

Ces derniers jours, le coronavirus est apparu dans de nouveaux pays en Europe (Grèce, Roumanie, etc.), en Asie (Pakistan), en Amérique latine (Brésil avec le cas d’une personne revenue d’Italie). Le continent africain était jusque-là relativement épargné, avec seulement trois cas recensés en Égypte et en Algérie. Mais un cas de contamination vient d’être confirmé à Lagos, la capitale économique du Nigeria. C’est le premier cas officiel en Afrique subsaharienne. Dans de nombreux aéroports du continent, des contrôles de température ont été mis en place.

Comment l’OMS gère-t-elle la crise ?

L’organisation de l’ONU chargée de la santé, basée à Genève (Suisse) multiplie les déclarations de plus en plus alarmistes. Après avoir décrété l’urgence internationale (trop tard, disent certains), elle s’attelle à alerter les dirigeants de la planète sur la nécessité d’accélérer les mesures de prévention contre la propagation du virus. « Nous sommes à un moment décisif » expliquait ce jeudi son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus (chercheur éthiopien réputé sur le paludisme). « Si vous agissez maintenant de manière agressive, vous pouvez endiguer ce coronavirus. Mon conseil est d’agir rapidement. » Une mission d’experts de l’OMS est attendue en Iran, où le vice-ministre de la Santé a lui-même été testé positif. Une autre équipe a enfin pu se rendre il y a quelques jours dans la ville de Wuhan coupée du monde depuis plusieurs semaines.

Quelles sont les mesures de protection les plus spectaculaires ?

Celle annoncée ce jeudi au Japon par le Premier ministre Shinzo Abe : la fermeture des écoles publiques à titre temporaire, jusqu’aux vacances de printemps. Provisoire également, la suspension par l’Arabie saoudite (de l’entrée sur son territoire des musulmans souhaitant effectuer un pèlerinage à La Mecque. Aux États-Unis, Donald Trump, tout en se voulant rassurant, affirme que son pays est prêt à répondre à l’épidémie « à une échelle beaucoup plus grande ». Des espaces de mise en quarantaine sont en cours de préparation dans les hôpitaux américains. L’Italie, plateforme européenne de propagation du virus, a pris les devants et mis onze villes en quarantaine. De très nombreux événements, tels que des compétitions sportives ou culturelles, sont reportés ou annulés comme le carnaval de Venise. Les voyages vers l’Italie sont déconseillés. Pour le moment, les dirigeants européens refusent d’envisager une fermeture des frontières, appelée de leurs vœux par plusieurs partis d’opposition, en France, par exemple. Parfois, la psychose s’installe. Les masques de protection sont en rupture d’approvisionnement. Dans les zones rouges, certains articles se vendent très cher au marché noir.

Dans quelle mesure l’économie mondiale est-elle affectée ?

Les conséquences sont déjà énormes dans certains secteurs comme le tourisme. Les voyageurs chinois, si nombreux d’habitude dans les grandes capitales européennes font cruellement défaut. De même, les destinations asiatiques sont boudées par les touristes. L’Italie (dont le tourisme représente 13% du PIB) risque de voir aggravées ses difficultés. La dépendance à la Chine, à son immense marché et à ses gigantesques capacités de production est encore plus visible dans des domaines comme l’automobile (certains équipementiers sont en grande difficulté), l’agroalimentaire (les exportations sont piégées), le secteur pharmaceutique, etc. Certaines entreprises sont déjà au chômage technique.

D’autres, comme la compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific, imposent des congés sans solde à leurs salariés. Moins d’avions dans le ciel, les défenseurs de l’environnement y voient une consolation. En Chine, de très nombreux employés ne sont plus payés. Effrayés par l’accélération de l’épidémie, les marchés financiers accusent le coup. L’isolement de l’Iran est accentué.  Les liaisons aériennes avec Téhéran sont suspendues. Plusieurs pays interrompent leurs échanges avec la République islamique. Sur place, certains dénoncent les effets des sanctions américaines qui compliquent les importations de masques et de médicaments. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale annoncent des plans d’urgence avec financement immédiat pour venir en aide aux pays qui n’arriveraient pas à faire face aux conséquences économiques de l’épidémie. L’Union européenne envisage aussi des mesures d’accompagnement.

D’un point de vue médical, qu’a-t-on appris depuis le début de l’épidémie ?

SARS-CoV- 2 est un virus qui n’est pas très contagieux et il est dangereux principalement pour les personnes fragiles. C’est pour cette raison que sur les plus de 82 560 contaminations, plus de 33 000 personnes ont guéri pour « seulement » 2 813 décès environ. Cela dit, il s’agit d’un virus qui était encore inconnu il y a quelques mois, ce qui explique les mesures de précaution prises à son sujet. Depuis sa découverte, les scientifiques du monde entier sont cependant parvenus à en dresser une carte d’identité assez précise de celui qu’on nomme désormais SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie Covid-19. Il s’agit donc d’un virus de la famille des coronavirus, qui tirent leur nom de leur forme particulière. Cousin du Sras, responsable d’une épidémie au début des années 2000.

Ce nouveau virus serait d’abord apparu dans des populations de chauve-souris de la province de Hubei dans le centre de la Chine. Il se serait ensuite transmis à l’homme via un autre animal, le pangolin, dont la chair est prisée sur les marchés chinois, notamment celui de Wuhan, épicentre de l’épidémie. Le Parlement chinois a décidé d’interdire le commerce et la consommation d’animaux sauvages.

Est-ce qu’on en sait plus sur ses moyens de transmission ?

La maladie se transmet par les postillons émis lors d’éternuements ou de quintes de toux. Un contact étroit avec une personne malade est donc nécessaire pour être contaminé. La période d’incubation est alors autour de 14 jours, durant lesquels dans de rares cas, le virus peut être transmis en l’absence de symptômes. Ces symptômes sont similaires à un état grippal : de la fièvre, et des signes de difficulté respiratoire comme la toux. Si une personne présentant ces symptômes a un doute, car elle a été en contact avec une zone à risque par exemple, il faut alors joindre les services d’urgence pour se faire diagnostiquer. Une personne infectée même avec des symptômes légers peut en effet être contagieuse, il ne faut donc pas se rendre à l’hôpital afin d’éviter de contaminer d’autres personnes.

Quel est le rôle des autorités sanitaires ?

Il est essentiel pour elles de retracer le plus vite et le plus précisément possible les chaînes de contamination. Elles doivent ainsi recenser tous les contacts d’une personne malade et le degré d’exposition. Ce travail est compliqué et on estime que les deux tiers des cas exportés depuis la Chine n’ont ainsi pas été détectés à travers le monde, représentant alors autant de chaînes de transmission possible. C’est cette hypothèse qui est principalement retenue pour expliquer l’émergence d’un foyer en Italie, alors que des personnes contaminées n’avaient a priori aucun lien avec la Chine.

Source: Rfi.fr

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