Des soldats français, déployés dans le Gourma malien dans le cadre de l’opération Barkhane, jouent aux échecs. 26 mai 2019
Des soldats français, déployés dans le Gourma malien dans le cadre de l’opération Barkhane, jouent aux échecs. 26 mai 2019• Crédits : Daphné BENOIT / AFP STORY – AFP
Au pouvoir depuis sept ans au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keïta a démissionné la semaine dernière, à la suite d’un putsch militaire salué par une partie de la population, après des semaines de manifestations contre l’exécutif. Cet épisode est une triste répétition du scénario de 2012 – qui avait mis fin au mandat d’Amadou Toumani Touré – et y souligne une fois encore l’absence de légitimité des élites politiques, alors même que le retour de la confiance est unanimement présenté comme indispensable au rétablissement de la sécurité.
Un constat amer, quelques jours après l’attaque terroriste qui a coûté la vie à huit personnes (dont des membres d’une ONG française) à Kouré, au Niger, où le djihadisme ne cesse de gagner du terrain. La situation n’est pas plus réjouissante au Burkina Faso, où les violences s’intensifient à la faveur de la multiplication des acteurs armés. Une prolifération que l’on observe dans toute la région, où différentes factions islamistes, qui y coexistent depuis des années, se livrent des combats acharnés depuis plusieurs mois.
En quoi les bouleversements politiques traversés par le Mali viennent-ils interférer avec la coopération militaire du pays avec ses voisins du G5 Sahel, ainsi qu’avec la France, dans le cadre de l’opération Barkhane ? Peut-on s’attendre à une contagion contestataire dans la région ?
Comment expliquer la détérioration constante de la situation sécuritaire du Sahel au cours de la dernière décennie ? Et de quelles pistes d’améliorations dispose-t-on pour briser ce qui s’apparenterait à un cercle vicieux ?
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“Zone des trois frontières” : l’épicentre des violences au Sahel
Nous avons beaucoup agi sur les conséquences et peu sur les causes. Nous avons affaire à un régime qui s’est complètement dégradé, et l’on a le sentiment que la communauté internationale n’a pas été assez exigeante avec les gouvernants de ce pays, notamment lorsqu’elle est le témoin direct des détournements de la mal-gouvernance. Alain Antil
Même si la France ne manipule pas tout ce qui se passe au Mali, dans le cadre antiterroriste, elle a façonné une scène politique qui n’est pas viable. Elle a indiqué que le contre-terrorisme devait être une priorité, or le contre-terrorisme n’est pas forcément la priorité des Maliens aujourd’hui. Yvan Guichaoua
Ce qui est privilégié de la part de la communauté internationale, c’est une stabilisation à relativement court terme, sans voir que pour stabiliser à long terme, il faut des Etats légitimes. On pousse au maintien de ceux avec qui on travaille, parce qu’on a nos routines, et on cache la poussière sous le tapis. Yvan Guichaoua
Source : franceculture