Un prêtre a été égorgé mardi dans l’église d’une petite ville de Normandie. Après cette attaque, revendiquée par le groupe Etat islamique (EI), la droite et l’extrême droite ont réclamé plus d’actes et de fermeté au gouvernement pour éviter une “guerre de religions”.
Deux assaillants armés, dont l’un serait connu des services antiterroristes, ont fait irruption vers 09h30, en pleine messe, dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, une petite ville de 29’000 habitants dans la banlieue de Rouen.
Cinq personnes se trouvaient dans l’édifice à ce moment. Les deux assaillants ont égorgé le prêtre Jacques Hamel, âgé de 85 ans. Un autre otage a été grièvement blessé et se trouve entre la vie et la mort. Les preneurs d’otages ont été abattus par la police au moment où ils sortaient sur le parvis de l’église.
“Un meurtre barbare”
L’EI a rapidement salué, via son agence de communication Amaq, l’attaque perpétrée par deux de ses “soldats”. Le président François Hollande, qui s’est rapidement rendu sur place, a de son côté parlé de “deux terroristes se réclamant de Daech”.
“J’ai pour tous les catholiques de France une pensée (…) Ce sont tous les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui se sentent concernés”, a-t-il dit à la presse, après s’être entretenu sur place avec la famille du prêtre et les rescapés.
C’est la première fois en France qu’un prêtre est tué dans une attaque djihadiste et le pape François a condamné “un meurtre barbare” dans “un lieu sacré où s’annonce l’amour de Dieu”.
Attaques de l’opposition
François Hollande a par ailleurs appelé à la “cohésion” un pays déjà ébranlé par l’attentat de Nice, également revendiqué par l’EI, qui avait fait 84 morts le 14 juillet.
Comme après cette attaque, l’opposition n’a toutefois pas attendu pour partir à l’attaque contre le gouvernement socialiste, accusé de laxisme ou d’incompétence dans la lutte antiterroriste. Nicolas Sarkozy a ainsi dénoncé “une action incomplète contre le terrorisme”.
“Nous devons être impitoyables. Les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète, ne sont pas admissibles”, a lancé le chef du parti Les Républicains (LR). Et de réclamer au gouvernement de mettre en oeuvre “sans délai” “toutes les propositions” de la droite, comme par exemple la création de centres de rétention pour les suspects de radicalisation.
La présidente du Front national Marine Le Pen a de son côté dénoncé sur Twitter la “responsabilité (…) immense” de “tous ceux qui nous gouvernent depuis 30 ans”. Sa nièce, la députée Marion Maréchal-Le Pen, a exlle exhorté les Français à se “réveiller” et les chrétiens à “se lever pour résister à l’islamisme”.
Arrêté à Genève ?
Selon plusieurs médias, l’un des deux suspects, un jeune homme de 19 ans originaire de Saint-Etienne-du-Rouvray, a tenté de partir en Syrie à deux reprises en 2015 avant d’être refoulé en Turquie.
La Tribune de Genève précise qu’il serait parti la première fois depuis Munich et la seconde depuis Genève. Selon le quotidien, il a été arrêté le 14 mai 2015 à son arrivée à l’aéroport de Genève et emprisonné quelques jours à Champ-Dollon. Il a ensuite été extradé vers la France.
Joint par l’ats, l’Office fédéral de la justice (OFJ) répond qu’un ressortissant français a bien été arrêté dans la cité de Calvin ce jour-là “suite à une demande d”arrestation émise par la France pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d”actes de terrorisme”. L’homme a été extradé vers la France une semaine plus tard, ayant donné son accord à une procédure simplifiée.
L’OFJ renvoie toutefois vers les autorités françaises pour confirmer si “la personne impliquée dans les événements qui se sont produits en France ce jour est bien la même que celle ayant été extradée depuis la Suisse en 2015”.
Libéré en mars, l’homme avait été placé sous bracelet électronique avec autorisation de sortie de 08H30 à 12H30, précise la chaîne de télévision iTELE. Selon le Figaro, l’homme faisait l’objet d’une fiche “S”, qui vise des personnes soupçonnées de vouloir porter atteinte aux intérêts nationaux, mais n’implique pas nécessairement de surveillance ou de suivi actif.
Une personne a été interpellée dans l’après-midi en lien avec cette enquête, a-t-on appris de source proche du dossier.
(ats / 26.07.2016 19h00)
La rédaction