Le festival Alkibar a pris fin, le dimanche 12 janvier 2020, à Nianfunké. À l’occasion de cette cérémonie de clôture, nous avons rapproché Amadou Yattara, Instructeur à la retraite à Nianfunké. Il venait d’animer une conférence sur les patrimoines musicaux en voie de disparition. Cette occasion a été favorable pour lui de nous donner ses impressions sur la situation de ces instruments musicaux traditionnels du Mali.
La restauration, la valorisation et la prise en charge des instruments musicaux en voie de disparition sont, entre autres, les sujets abordés par ce vieil instructeur à la retraite à Nianfunké.
Selon Amadou Yattara, « L’instrument de musique, c’est le musicien et le musicien, c’est son instrument de musique ». Poursuivant ses propos en expliquant ce passage, il indique que les instruments de musique ont besoin d’être mis en valeur. Cela par le musicien. Chose qui ne sera possible, à ses dires, que si le musicien est mû par un amour aveugle pour son travail. Cet amour, lui aussi, n’est possible que si l’artiste sent le soutien du public qui l’assiste et l’encourage.
Ce soutien dont les musiciens ont besoin pour se donner à fond à leur travail leur manque de plus en plus dans la société malienne où la jeunesse reste attirée par les musiques étrangères. « Nous remarquons aujourd’hui que la jeunesse est plutôt orientée vers la recherche de la facilité en important des musiques étrangères au détriment des musiques locales », déplore M. Yattara, avant de souligner que cet aspect engendre, au fil du temps, la disparition de la musique du terroir.
Suite à cette situation peu enviable des patrimoines musicaux du Mali, le festival Alkibar se tient chaque année à Nianfunké, au nord du Mali, afin de revitaliser les musiques du terroir. C’est ce que nous dit M. Yattara : « Ce festival, qui a pour but de réhabiliter la musique, doit aller à la source, aux musiciens d’antan, ceux qui utilisent encore les instruments du terroir. » À l’en croire, il convient de rassembler tous les musiciens, jeunes comme vieux, afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Car « Lorsqu’on se croit abandonner, on abandonne ce qu’on est en train de faire ».
Pour le vieil instructeur à la retraite, si « la mode est ce qu’on met en valeur chez soi », il faudrait alors comprendre qu’au Mali, il y a une détérioration de la mode. Alors, clame-t-il, pour la préservation des instruments musicaux, il conviendrait que les jeunes rapprochent de plus en plus les vieux qui possèdent des connaissances de ces instruments. Pour ce faire, il ne manque pas en conseil pour réussir à rapprocher ces vieux musiciens :« Un vieux, on ne l’approche pas à la bouche, on l’approche au cœur », et non pas aussi par de l’argent.
Cette rencontre autour des patrimoines musicaux en voie de disparition a été également une occasion particulière pour parler des instruments musicaux traditionnels du Mali. M. Yattara cite entre autres : la calebasse (tantôt sèche que l’on renverse et tape avec des baguettes ou la bague et tantôt humide que l’on renverse dans un instrument contenant de l’eau et tape aussi avec des baguettes ou la bague ou encore la calebasse ornée de cauris), la flûte, qui, à elle seule, peut suffire pour animer une soirée, le violon. Ce dernier est utilisé pour accompagner un conteur, précise-t-il, ou encore si on est seul, on peut jouer cet instrument pour se rappeler de plein de choses. « La plupart de nos instruments s’accompagnent, c’est tout un orchestre », a-t-il conclu ses propos.
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS