Bourama Tidiane Troaré, Président du Collectif des députés dits spoliés, répond à nos questions sur les recommandations de la CEDEAO.
Quelle est votre analyse des recommandations de la CEDEAO, notamment celle réclamant la démission des 31 députés contestés ?
Le Mali a paraphé toutes les chartes de la CEDEAO, nous en sommes un membre à part entière. Les chefs d’États de la CEDEAO se sont réunis pour parler du règlement de la crise postélectorale. Même si certains refusent de l’entendre, c’est une crise postélectorale. Des recommandations fortes ont été formulées et, pour nous, mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès. Ils sont venus pour nous réconcilier. Ils ont reconnu que la Cour constitutionnelle devait changer et cette Cour, qui est à la base de toute la crise, a été dissoute. C’est un pas, une victoire. Les députés spoliés sont au nombre de 30 et ils sont tous membres de notre collectif. Les résultats donnés par le ministère de l’Administration territoriale sont à 99% confirmés par la Cour constitutionnelle. Mais, cette fois-ci, ils ont été inversés. Et maintenant, concernant les 31 députés, selon le comptage de la CEDEAO, il leur a été demandé de démissionner. C’est une victoire pour nous, les députés légitimes, pour notre collectif. Pour nous, l’essentiel est fait.
Et quid d’éventuelles partielles ?
Nous avons des réserves par rapport au fait que la CEDEAO dise que la démission des 31 députés ouvre la voie à des élections partielles. Nous sommes sceptiques. Nous ne sommes pas contre, mais, comme vous le savez, il y a toujours la pandémie de la Covid-19. Le risque est grand. En dehors de la pandémie, nous traversons une période d’hivernage qui est capitale pour l’économie de notre pays. Au-delà, il y a un troisième facteur, plus important encore, une grande méfiance des électeurs vis-à-vis de la classe politique. Cela est dû aux tripatouillages des urnes, à l’inversion des résultats. La population n’a donc plus confiance. Tant que la vérité des urnes, qui a été volée, ne sera pas restituée, il y aura une abstention record. Des élections partielles ne feront donc pas l’unanimité.
Quelle est donc la solution ?
La solution, elle est claire. Il faut laisser de côté les élections partielles. Goodluck Jonathan avait donné comme recommandation que la Cour constitutionnelle reconstituée délibère sur les contentieux électoraux et que la nouvelle liste de députés soient établies sur la base de ses arrêts. C’est souhaitable. C’est la voie la plus simple et celle qui sera acceptée sans contestations.
Propos recueillis par Boubacar Sidiki Haidara