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CRISE SÉCURITAIRE : Échec à la France…

Dans la crise entre le Mali et la France, les opérations de déstabilisation du pouvoir de Bamako par Paris et ses officines seront encore plus sophistiquées et permanentes. Jusque-là, c’est un échec pour la France qui ne lésine sur aucun moyen pour mettre à terre le pouvoir des colonels.

 

L’attaque du Camp Soundiata de Kati vendredi tôt le matin n’est pas un acte mineur. Penser que des djihadistes l’ont planifié et exécuté serait simpliste. Tout indique que le harcèlement français contre Bamako se manifeste désormais par une opération savamment orchestrée dirigée contre les Colonels pour les faire partir du pouvoir quitte à monter des opérations militaires assassines.

 

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À la veille du 14 juillet dernier, le président français, Emmanuel Macron, a appelé à une transformation de l’offre militaire française en Afrique, vers un dispositif plus discret, qui imposera de fait de revoir l’ensemble des dispositifs français en Afrique.

 

Dans son ouvrage, “La thèse du complot contre l’Afrique- Pourquoi l’Afrique ne se développe pas” (édité chez l’Harmattan), l’écrivain congolais, Fweley Diangitukwa défend la thèse que les grandes puissances, qui tiennent les anciennes colonies en laisse comme des chiens de compagnie, freinent délibérément le développement des pays africains afin de les rendre fortement dépendants et de refuser ainsi toute concurrence.

Pour le politologue et chercheur, auteur de nombreuses publications, le complot contre l’Afrique consiste à affaiblir les États afin que les puissances étrangères et les firmes transnationales influencent négativement l’évolution de ce continent.

 

Il consiste à « endormir » les Africains tout en faisant croire qu’on s’intéresse à eux afin de faciliter la soumission
des hommes et l’exploitation des ressources naturelles car il est plus facile d’exploiter des femmes et des hommes qui ne sont pas fiers d’eux mêmes.

Pour lui, C’est en refusant la reconduction des pactes coloniaux
préjudiciables au développement
du continent et en faisant d’autres
choix qui privilégient le décollage économique que l’Afrique parviendra à décourager les stratèges occidentaux qui entretiennent astucieusement la sujétion des Africains.

C’est exactement ce que le Mali a compris et tente de conduire depuis l’arrivée des Colonels au pouvoir en affirmant la souveraineté nationale et en assumant pleinement les choix.

Bamako a dénoncé, au mois de mai dernier, les accords de défense conclus avec Paris et ses partenaires européens, invoquant la “détérioration profonde de la coopération militaire avec la France” et ses “atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali”. Ce qui inquiéta la France au plus haut niveau en craignant un effet domino qui pousserait d’autres Etats africains à aller dans le même sens que le gouvernement malien.

Accusée d’être à l’origine de l’invasion du Nord du Mali par les djihadistes venus de Lybie à la faveur du chaos créé par son intervention en 2011 pour faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi, la France essuie une vague d’impopularité.

Elle a été aussi accusée de jouer un rôle trouble dans la lutte contre les djihadistes au Mali.

Accusée à tort ou à raison, de manière récurrente, d’être à la base des maux qui minent ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne, la présence militaire de la France dans celles-ci
est de plus en plus contestée.

Ces contestations se traduisent
par des mouvements de colère des populations pour décrier les dérives des tenants du pouvoir ou des manifestations de mécontentement face à la terreur semée par les djihadistes.

Elles se soldent par la destruction d’intérêts et de symboles français.

La présence militaire française étant une stratégie de sa diplomatie en Afrique, ce fut presque un affront pour Paris que Bamako demande le départ des troupes françaises.

Un nouvel épisode de sa perte d’influence sur un continent toujours perçu comme un pré-carré alors que de plus en plus la perte de vitesse de la France en Afrique se fait plus patente.

L’ONG humanitaire Oxfam a considéré que le retrait de Barkhane du Mali était un aveu d’échec en soulignant que «après presque dix ans d’opérations militaires, rien n’est vraiment réglé sur le terrain et une bonne partie du Sahel central continue de s’embraser : plus de 2,1 millions de personnes ont dû fuir les violences et 13 millions de personnes ont actuellement besoin d’aide humanitaire.

Le redéploiement militaire annoncé
aujourd’hui ne résoudra rien si des leçons ne sont pas tirées sur les raisons de cette débâcle», soutient Oxfam.

 

Les ministres des Armées et des
Affaires étrangères viennent de
séjourner au Niger, là où sont pilotées les opérations conjointes d’environ 300 soldats français et des forces armées nigériennes (FAN) à proximité de la frontière avec le Mali, pour expliquer aux différents partenaires les grandes lignes de la nouvelle stratégie française.

Paris et Niamey ont signé à l’occasion de cette visite un prêt de 50 millions d’euros et un don de 20 millions d’euros au profit du Niger, qui figure parmi les pays prioritaires de l’aide au développement française (143 millions d’euros en 2021).

Depuis le retrait de ses forces du Mali, la France a jeté son dévolu sur le Niger, pour être sa base arrière opérationnelle dans le Sahel.

Outre le redéploiement des troupes Barkhane dans le pays, les deux pays entendent renforcer leur coopération dans différents domaines, notamment
militaire.

Sébastien Lecornu était accompagné du chef d’état-major français des armées Thierry Burkhard, pour rencontrer Alassane Dramane Ouattara, Président de la Côte d’Ivoire afin d’évoquer le sujet de la coopération militaire entre les deux pays, qui a entre autres entraîné la création de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme à Jacqueville près de la capitale l’an dernier.

La France, par rapport à ses ex-colonies, est une puissance
redoutable.

D’ailleurs Louis De
Guiringaud l’a mentionné dans le journal « l’express » du 22 décembre 1979 : « L’Afrique est le seul continent qui soit encore à la mesure et à la portée de la France. Le seul où elle peut avec cinq-cents hommes changer le cours de l’histoire.».

 

La présence militaire française est dissuasive et elle lui a permis jusque-là d’imposer ses choix et sa volonté dans ses ex-colonies.

À côté de sa force militaire, la France dispose d’un appui médiatique impressionnant qui lui a permis de remporter, jusqu’à l’avènement d’internet et les réseaux sociaux, les batailles médiatiques.

Du point de vue stratégie, la méthode utilisée pour combattre tous ceux qui cherchent à s’opposer à son influence ou à ses intérêts consiste à les présenter comme des dictateurs, des xénophobes, des voyous, des gens sans foi ni loi.

Ce lynchage médiatique finit très souvent par affaiblir les personnes ou mouvements.

Cependant, en cas de résistance,
toute la batterie diplomatique entre en scène et presque toujours, comme il a été constaté dans certaines situations, aboutit à des coups d’État ou à des rébellions.

Le dernier degré de la démonstration de son hégémonie est l’intervention directe de la France sur le théâtre des opérations comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire en 2004 et 2011 ainsi qu’en Libye sous le couvert de l’ONU. Cette problématique militaire reste encore posée : contrer la France militairement ou comment inhiber
les actions militaires françaises ?
Et les militants contre la politique
française en Afrique se doivent
de la résoudre.

Après un peu plus de soixante ans d’indépendance pour la plupart de ses ex-colonies, les réalités ont changé. Les mentalités aussi ont beaucoup évolué avec un éveil jamais égalé des consciences et une implication de plus en plus grande des populations dans les questions politiques qui ne sont plus du seul ressort d’une certaine élite.

Mais, il y a aussi le rôle de veille
citoyenne joué par une société civile émergente et qui n’a jamais été aussi sûre de sa force, avec des populations africaines de plus en plus intéressées à voir clair dans la gestion de la chose publique.

Diamberé Séga

Source : Sud-Hebdo

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