Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche, Mahmoud Ould Mohamed, a effectué la semaine dernière une visite à Sikasso et Koutiala, dans le cadre des Assises nationales sur le coton, tenues du 25 au 30 janvier dernier. Objectif : débattre sans tabou de toutes les questions relatives au coton afin de déboucher sur des solutions consensuelles et pérennes. Pour la circonstance, le ministre était accompagné par le nouveau président directeur général de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), Dr Nango Dembélé et le ministre commissaire à la sécurité alimentaire, Radouwane Ag Mohamed Ali.
La première étape de cette mission de deux jours visant à sensibiliser sur la crise du coton, a conduit la délégation ministérielle à Sikasso. C’était mercredi. Après avoir rendu une visite de courtoisie aux autorités traditionnelles, le chef du département en charge de l’Agriculture a rencontré les acteurs du secteur dans un hôtel de la place. Y ont pris part des responsables de la CMDT et ceux des organisations faîtières intervenant dans le secteur du coton.
D’entrée de jeu, le ministre Mahmoud Ould Mohamed a rappelé que la CMDT est un patrimoine national, voire mondial. Il importe et urge de tout mettre œuvre pour sa sauvegarde et son rayonnement. «On n’acceptera pas que quelqu’un tire la CMDT vers le bas. Les divisions qu’on a connues dans le monde paysan ou producteur, doivent finir, parce qu’elles n’apportent rien. Nous sommes là pendant cette période de Transition pour vous aider. Notre unique choix, c’est le pays, la production du coton, et la performance. On doit enterrer nos petites divisions. C’est pourquoi, nous tenons tant à ces assises», a assuré le patron du département de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche.
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, les assises ont été décentralisées pour plus de participation et d’inclusion. «Nous voulons que les producteurs s’approprient eux-mêmes la démarche», a-t-il souligné, ajoutant que les autorités de Transition accordent un grand intérêt à ces assises. Leur souhait est de voir ces assises aboutir à des résultats pouvant apporter une solution définitive, durable et irréversible pour la reprise et la redynamisation du secteur du coton, a-t-il rapporté.
Car les conclusions et recommandations issues de ces travaux deviendront des composantes de la feuille de route du département en charge de l’Agriculture et de la CMDT pour la réussite totale de la campagne 2021-2022, a argumenté le ministre Ould Mohamed qui a ensuite assuré que pour la réussite de la prochaine saison, le gouvernement ne ménagera aucun effort en termes d’appui aux acteurs. «Nous allons nous investir pour reprendre en main la CMDT, la rendre plus performante et la positionner pour l’avenir. Nous allons essayer de regarder vers l’avenir pour que la CMDT puisse réaliser des missions et objectifs de production, de productivité, de commercialisation et de performance», a développé Mahmoud Ould Mohamed.
Abondant dans le même sens, le président de la Confédération des producteurs du coton, N’Fah Coulibaly a souligné que ces assises constituent un défi collectif. L’implication de tous les acteurs est, selon lui, nécessaire pour trouver une solution durable à la problématique du coton. «Le sens de notre déplacement avec le ministre de l’Agriculture est à la fois de s’attaquer aux causes de cette crise mais aussi de préparer des réponses pour les effets que cette crise peut avoir sur les ménages des cotonculteurs. C’est aussi pour aider le département dans la résolution de cette problématique afin de prévenir désormais une autre insécurité alimentaire dans la zone», a expliqué le ministre commissaire à la sécurité alimentaire.
La seconde étape du périple a conduit la délégation ministérielle dans la Capitale de l’Or blanc. Ici, les cultivateurs ont répondu présents en masse à la rencontre. Moussa Dembélé est producteur de coton à Kolombosso, dans la localité de M’Pessoba. Producteur de coton depuis 30 ans, il a estimé que ces assisses sont une occasion de débattre à fond des difficultés auxquelles le secteur est confronté depuis des années. «Nous sommes là pour exprimer nos préoccupations. Nous voulons que ces assises aboutissent à la valorisation du prix du coton, à la baisse du prix des intrants agricoles, ainsi qu’au renouvellement des organes du réseau coopératif. Depuis plus de 15 ans, nous ne sentons pas les actions du bureau qui est en place», a argumenté Moussa Dembélé.
Comme lui, Fousseyni Coulibaly de Kolombosso, espère que ces assises pourront contribuer à la relance des activités du coton. Pour Chaka Koné, producteur à «N’Darla», la rencontre est une opportunité pour valoriser la culture du coton.
Selon une note technique destinée à la presse, la filière coton contribue à hauteur de 15 % à la formation du Produit intérieur brut (PIB) et occupe la seconde place après l’or au plan des recettes d’exportation. Malgré cette position stratégique dans l’économie nationale, la filière coton reste très fragile face aux fluctuations du cours mondial de la fibre de coton, du prix des intrants agricoles, le faible niveau de productivité et de transformation au niveau national et les insuffisances dans la gouvernance de la filière.
Envoyés Spéciaux
Babba B. COULIBALY
Aliou SISSIKO
Source : L’ESSOR