C’est ce mercredi en principe que les députés du RPM déposeront en plénière leur motion de censure contre le Premier ministre soutenu, dit-on, par le président IBK. Selon le reglement intérieur de l’Assemblée nationale le débat sur la motion, si elle était déposée ou si aucun compromis n’était trouvé, devrait inervenir 3 jours plus tard, donc soit ce dimanche ou lundi.
Si le camp du Premier ministre, sûr de son coup, réussit à faire échec à la motion, ce serait une belle raclée pour le Parti présidentiel, le RPM, qui déjà fortement fragilisé et laminé pourrait perdre sa posture au sein du Parlement. Parce que les députés anti-motion pourraient rejoindre l’ASMA ou l’ADEMA. Le nouveau rééquilibrage des forces au sein de l’Assemblée nationale donnera naissance à une nouvelle configuration politique qui pourrait être fatale au RPM.
En marge de ce scénario fortement espéré par le camp du PM qui veut en finir avec le RPM, l’échec de la motion peut aussi donner lieu à un instinct de survie de la part des Tisserands qui n’auront d’autres choix que d’assumer leur défaite et basculer dans l’opposition comme ce fut le cas lors de la première législature sous ATT. Tout le monde n’étant pas vendable, il faut compter sur une forte majorité de cadres et d’élus RPM, déçus et frustrés, qui choisiront l’opposition plutôt que de rallier l’ASMA ou l’ADEMA.
Quelle serait alors la position du Président IBK vis-à-vis de son Parti d’origine qui choisira d’aller à l’Opposition contre son régime ? Acceptera-t-il de se séparer de son Parti, un Parti créé par et pour lui ? Peut-il reposer la tranquillité de son second mandat sur la fidélité et la loyauté de ses anciens amis de la Ruche ?
Un Chef d’État est certes par essence au-dessus de la mêlée, mais il reste un homme politique. Mais notre pays est connu pour son ingéniosité particulière en matière de démocratie. On a vu par le passé un président sans parti et des partis renoncer à leur vocation…
Quel serait le poids de cette opposition face au camp triomphaliste du Premier ministre ?
Même avec la moitié de ses députés aujourd’hui, le RPM serait d’un apport inestimable pour l’Opposition qui compte déjà une quarantaine de députés, mais aussi un risque majeur de cohabitation lors des prochaines législatives au regard de l’impopularité du régime.
Mais, en attendant, avec désormais une majorité absolue de contestataires à l’Assemblée nationale (RPM, URD, ADP Maliba, une partie de l’APM et les non-inscrits), le gouvernement doit faire le deuil de ses réformes en chantier et l’adoption des projets de lois indispensables au fonctionnement de l’Etat dont la loi référendaire.
Si la Motion passe, conformément à l’article 79 de la Constitution, le Premier ministre est tenu de rendre le tablier. Ce serait une victoire politique du Parti présidentiel naturellement aidé par l’Opposition.
En tout cas, il est clair qu’au regard de ce qui est considéré comme une défiance à Koulouba que le RPM et l’Opposition ne peuvent s’attendre à de quelconques dividendes ministériels après l’adoption d’une motion de censure contre le vœu du Président de la République. Les alliés de circonstance ne pourront que se contenter de bénéfices politiques : ils auront réussi là où les religieux ont échoué.
Pourrait-elle être une solution de sortie de crise ?
Si la Constitution oblige le Premier ministre à démissionner suite à la motion de censure, rien n’interdit au Président de la République de reconduire son Premier ministre démis par l’Assemblée nationale, s’il tient toujours à lui. Les députés peuvent dans ce cas, refaire une nouvelle motion pour le démettre à nouveau obligeant, dans la pure tradition parlementaire, le Président lui-même à se démettre.
Homme d’État reconnu, il serait peu probable de voir le Président IBK engager un tel bras de fer dès lors que la Constitution lui offre le privilège de dissoudre l’Assemblée nationale.
Par Bertion DAKOUO
Source: info-matin.