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Covid-19 : le nécessaire contrôle des boulangeries

Le pain est l’alimentation de base à Bamako. En cette période de Covid-19, le secteur de la boulangerie peine à se conformer aux mesures barrières. Un contrôle rigoureux est nécessaire.

 

Dans certaines boulangeries de la commune IV du district de Bamako règne une anarchie chronique. Hommes, four et pain s’entassent dans un même espace au mépris des mesures barrières contre la Covid-19. Et une ruée importante d’acheteurs et de revendeurs dans un état de promiscuité inquiétant.

Ce qui est consternant encore plus, se manifeste à l’intérieur où ceux qui tiennent le guichet n’observent pas les mesures barrières. Ils manient le pain continuellement, toute la journée, sans porter de gants ni se désinfecter les mains. La distanciation sociale et le port du masque ne sont guère respectés.

Contrôle rigoureux

Cependant, quelques rares boulangeries sont équipées de kits de lavage des mains. Mais les usagers, pressés d’être servis, utilisent très peu le dispositif. Pourtant, la boulangerie relève du secteur formel. De ce fait, un contrôle rigoureux doit y prévaloir pour le respect des conditions de sécurité alimentaire conformément aux recommandations des services d’hygiène.

Paradoxalement, les agents boulangers sont en majorité recrutés dans l’informel. D’où le peu de crédit qu’ils accordent aux aspects sanitaires. De même, les chefs boulangers, minimisant les risques sanitaires dans ce contexte de  pandémie de coronavirus, ne priorisent pas la formation de leurs personnels à l’observation des mesures barrières. Ce qui pourrait impacter les recettes, estiment certains.

« Personnellement, je suis bien conscient de la sensibilité de mon activité, surtout avec cette pandémie. C’est pourquoi j’ai pris l’engagement de déposer un flacon de gel hydroalcoolique dans chacune de mes boulangeries. Il revient aux livreurs de suivre dans l’achat des matériels de prévention contre la Covid-19 », confie un patron de boulangerie à Hamdallaye (Bamako).

Un mal nécessaire 

Toutefois, les livreurs constituent un relais de transmission du virus en cas d’infection, à cause notamment de l’inobservance des mesures barrières. Ils sont en permanence en contact avec l’argent et l’aliment qu’ils distribuent. Les cages servant de support pour le transport du pain, à moto, ne sont pas désinfectées. C’est dans cette atmosphère d’insouciance quotidienne que les pains sont livrés aux commerçants détaillants et aux restaurateurs.

Les consommateurs observent ce désastre hygiénique dans l’impuissance, puisqu’ils ne peuvent pas se passer du pain. « Je sais dans quel état le pain est acheminé en cette période de Covid-19, mais je ne peux pas m’en passer », fait savoir un consommateur résidant à Lafiabougou, un quartier populaire en commune IV du district de Bamako.

Certains livreurs ne croient pas à l’existence de la maladie, l’assimilant à une fiction pour assainir leur métier. En plus, il est difficile de les familiariser avec les normes sanitaires. Ils sont instables et mal structurés. « Chaque six mois, je viens remplacer mon frère afin qu’il aille faire l’hivernage au village. C’est notre seule source de revenus. Je ne peux pas acheter les matériels hygiéniques que le chef boulanger m’a conseillés, car mes revenus sont insuffisants pour payer le loyer, me nourrir et envoyer une part du profit à mon frère », se justifie un livreur de pain à Badialan 2, un autre quartier de Bamako.

Dépistage obligatoire

Les services d’hygiène ne semblent pas s’intéresser à ce secteur, en dépit du danger qu’il représente. Et les revendeurs ne disposent pas de pièces administratives attestant de leur aptitude à faire ce métier. Ces derniers ne comptent pas organiser le secteur, même en cette période de pandémie que connait le Mali, à cause de l’incivisme généralisé. Par ailleurs, les agents du service d’hygiène national passent rarement dans les points de reventes pour constater ou amender ceux qui ne sont pas conformes aux exigences de propreté.

Les livreurs doivent être soumis à une opération de dépistage obligatoire. Pour ce faire, les autorités sanitaires doivent intégrer dans leur projet de lutte contre la pandémie une campagne de sensibilisation intense sur l’observation des mesures barrières à l’endroit des personnels boulangers et des livreurs : seule solution concrète à même de pouvoir permettre une réorganisation du secteur et la conformité des acteurs aux normes d’hygiène.

Source : Benbere

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