Sept structures de santé expérimentent des tests de dépistage rapide de la Covid-19 au Mali. L’étude participe de la volonté des autorités de les intégrer bientôt dans la stratégie nationale de riposte contre la pandémie, afin d’améliorer la prise en charge des malades et de réduire les taux de morbi-mortalité. L’initiative vient du projet ECOVAM, porté par l’ONG Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé (Solthis), en partenariat avec le ministère de la Santé.
Enclenchée depuis juillet dernier, l’étude pilote concerne l’Hôpital du Mali, le Centre de santé de référence (CSRéf) de la Commune VI et le Centre de santé communautaire (CSCom) de Yirimadio à Bamako, l’Hôpital et le CsRéf de Kati et le CSRéf et le CSCom de Fana, tous dotés au total de 10 000 kits de tests rapides. L’objectif est d’étudier la viabilité d’une stratégie de dépistage du nouveau coronavirus par les tests « des patient·e·s ayant une suspicion clinique de Covid-19 » dans les services d’urgence des structures de santé.« Le Mali a opté pour les tests rapides, mais aucune étude préalable n’avait été faite pour évaluer l’acceptabilité et la faisabilité de ces tests dans les structures de santé. C’est ce que nous sommes en train de faire. À partir de nos résultats, le pays aura suffisamment de recul pour pouvoir passer à l’échelle », explique le Dr. Issouf Maiga, Coordinateur du projet.
Dépistage précoce, prise en charge rapide
Selon Solthis, plusieurs études de séroprévalence dans la sous-région montrent que les cas de Covid-19 enregistrés au Mali sont sous-estimés en raison « du nombre élevé de formes asymptomatiques ou pauci-symptomatiques (l’état d’un patient qui ne présente que très peu de symptômes, ndlr) dans une population très jeune et d’une capacité de dépistage limitée ». L’ONG rappelle qu’à la date du 8 juillet dernier, 194 894 tests PCR avaient été réalisés au Mali, avec 14 455 cas de Covid-19 confirmés, dont 5% seulement étaient symptomatiques, et 528 décès. C’est dans cette optique que Solthis et le Mali misent sur les tests rapides antigéniques, une nouvelle technique de dépistage qui recherche la présence dans l’organisme de protéines du virus Sars-Cov-2, responsable de la Covid-19, et donne son résultat en 30 minutes maximum. Le test rapide antigénique apparaît comme une alternative au test PCR, concentré à Bamako et dans seulement quelques laboratoires. Il s’effectue par« prélèvement nasopharyngé, comme le test PCR, mais avec une technique d’analyse simplifiée. Il consiste en un test manuel à lecture directe sur un petit boîtier en plastique, à l’image des tests de grossesse vendus en pharmacie. Le résultat s’affiche sous forme de barres qui apparaissent sur le boîtier ».
Pour le Dr. Issouf Maïga, 20 minutes après le test le patient peut connaître son statut, au lieu d’attendre jusqu’à un jour au minimum comme pour le test classique PCR. Une aubaine pour réduire les cas contacts, d’autant que ces dernières semaines le nombre de personnes positives a augmenté. « Qui dit dépistage précoce dit résultat précoce et donc prise en charge rapide de la personne malade. Au bout de 20 minutes, on a le résultat. Si le patient se révèle positif, l’agent de santé s’occupe de sa prise en charge. Dans le cas contraire, il continue la consultation pour voir s’il ne souffre pas d’autres maladies ayant des symptômes similaires à la Covid-19. Avec ces tests de dépistage rapide on a beaucoup plus de chances de circonscrire la maladie, car une prise en charge rapide permet de réduire les cas contacts de la personne malade ».
Le projet ECOVAM est financé par Fondation pour l’innovation en matière de nouveaux diagnostics (FIND), un organisme suisse. Il durera 8 mois et prendra fin le 28 février 2022. 50 personnels soignants bénéficieront d’une formation au Mali et 30 au Niger, pays où il est également mis en œuvre.
Boubacar Diallo
Source : Journal du Mali