Le total des violences conjugales qu’elles soient physiques ou verbales a augmenté de 12% durant la crise liée à la pandémie dans le Sahel. C’est le résultat d’une étude rapide de l’impact de la pandémie du COVID-19 sur les violences faites aux femmes et aux filles dans six pays du Sahel.
Commanditée par l’ONG “Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS)” «Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel (JDFS)» et réalisée au Tchad, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie, cette étude montre que sur une population totale de 1056 femmes/filles, le total des violences conjugales passent de 40.63 % avant la crise du COVID19 à 52.18 % durant la pandémie, soit un taux d’accroissement de 12%.
Menée par le Dr. Ousmane AG DALLA (International University of Grand- Bassam Côte d’Ivoire) et le Dr. Julie L. Snorek (Dartmouth College), l’enquête a été lancée par l’ONG JDWS sur une période d’environ trois semaines allant du 4 juin 2020 au 25 juin 2020 afin de suivre l’évolution des comportements en termes de violences et de leur croissance sous la crise du COVID-19.
L’enquête en ligne a été développée et testée par l’équipe JDWS pour être diffusée via les réseaux sociaux et via ses contacts personnels dans les six pays sahéliens concernés par l’étude. Toutefois, elle confirme que sous la pandémie du Coronavirus, il y a eu une croissance significative des violences conjugales dans tous les six pays du Sahel concernés.
Les données montrent qu’avant la crise du COVID-19, le taux de violences conjugales se décline respectivement du plus élevé au plus bas comme suit :
le Sénégal avec le plus grand taux de violence basée sur le genre. En effet sur 201 femmes interrogées, 163 affirment avoir subi des violences conjugales physiques ou morales, soit 81%. Ensuite, au Tchad, 50% des femmes interrogées affirment avoir subi des violences soit physiques soit verbales contre 44% au Mali. De même, en Mauritanie les violences sont essentiellement verbales (11%) et s’explique, selon les spécialistes, par le caractère socioculturel du pays. Enfin, au Burkina Faso, l’on enregistre 10% cas.
Selon les résultats de l’enquête ce taux de croissance des violences basées sur le genre (VBG) durant le COVID-19 est passé respectivement du plus élevé de 30% au Tchad ; près de 15% au Sénégal ; 11% au Mali ; 10% au Burkina Faso ; 7% au Niger et 5% en Mauritanie.
Dans les pays du champ de l’étude, les dispositifs de prise en charge des cas de VBG sont au demeurant faibles et ceux existant sont très peu opérationnels contrairement à d’autres pays hors du champ de l’étude, notamment, au Maroc où le gouvernement a mis en place un dispositif contre les VBG en période de COVID (numéro vert, visites inopinées en cas de suspicion de cas de VBG…).
A travers cette étude l’ONG JDWS veut alerter sur la situation des femmes sahéliennes en période de pandémie CODIV 19. La crise liée au COVID-19 a, selon cette ONG, augmenté les niveaux de violences perpétrées contre les partenaires intimes, en raison de l’imposition de restrictions, notamment de mouvement, ce qui augmente l’exposition aux partenaires violents.
À son tour, l’augmentation des contraintes des ménages en raison des tensions économiques ont favorisé le stress de celles-ci et augmenté les violences dans lesdits ménages. « Ilest essentiel, à la lumière de cette situation sans précédent, de comprendre l’impact du coronavirus sur les ménages souffrant de VBG », indique le rapport.
A.O
Source : Ziré