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Courses de Djenné : Des pirogues et des vagues

En dépit de la crise sanitaire et la situation sociopolitique, les pagaies seront une nouvelle fois de sortie. Les traditionnelles courses de pirogues qui se déroulent chaque année à Djenné, dans la région de Mopti ont respecté leur habitude. 

Djenné tient à ses courses de pirogue. Elles font partie de son ADN, ce qui en fait un rendez-vous incontournable. Ces courses datent d’il y a au moins 300 ans, selon une estimation de Daouda Dembélé, un chef de quartier de la ville de Djenné. Bien des années avant la pénétration coloniale, des jeunes se retrouvaient durant la période de la chasse aux lièvres (première quinzaine d’octobre) et en profitaient pour jauger leurs talents de pagayeurs. La symbolique étant de chasser le mauvais œil et les maladies. Lors de la période coloniale, des activités ont été instaurées pour le 14 juillet, mais, raconte Dembélé, cela ne les empêchait pas de poursuivre « leur activité traditionnelle ».

À l’indépendance, en 1960, il est décidé d’organiser une compétition le 22 septembre, le jour célébrant l’accession du Mali à la souveraineté internationale. Toutes les communes du cercle envoient leurs meilleurs rameurs pour essayer d’empocher le prix, qui fait la fierté des heureux lauréats. Car, en plus de celui des vainqueurs, d’autres trophées sont également décernés, pour encourager l’esprit sportif. Contre vents et marées  Un temps, cette année, des bruits avaient circulé sur une possible annulation de l’évènement. Il n’en sera rien, assure notre interlocuteur. Qui confie que des émissaires ont déjà été envoyés auprès des différents chefs de villages afin de désigner les potentiels participants.

« C’est le tout Djenné qui est concerné. Même s’il nous arrivait de ralentir un peu sur l’organisation, les jeunes de la ville voudront aller plus rapidement », assure-t-il. Au-delà des croyances et de l’esprit compétitif qui entourent ces courses, c’est aussi la diversité ethnique qui est célébrée. Il en a toujours été ainsi, rapporte Dembélé, sauf durant une courte période où un grain de sable a pu se glisser dans le calendrier horloger. Au début des années 1970, le débit du fleuve Bani a baissé de manière inquiétante, empêchant les habitants d’honorer la séculaire tradition. « Sans eau, il est impossible de pagayer ».

Cela durera deux à trois ans, mais, depuis, les courses se déroulent sans discontinuer dans la cité voisine de la Venise malienne.

Boubacar Sidiki Haidara

Journal du Mali

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