Ces sessions de rattrapage ou de remise en forme séduisent parents et élèves mais ne sont pas toujours accessibles à tous
Les cours de vacances se multiplient de nos jours. Les affiches sont ainsi nombreuses dans les rues de la capitale pour capter les parents d’élèves désireux d’offrir la possibilité à leurs rejetons de combler des lacunes révélées par l’année scolaire passée ou de prendre de l’avance dans la perspective de l’année à venir. Un petit tour des écoles suffit pour mesurer l’engouement pour ces cours. Auparavant destinés principalement aux élèves du premier cycle de l’enseignement fondamental, les cours ont, au fil du temps, attiré les élèves du second cycle et les lycéens.
L’offre s’est structurée avec notamment l’implication de la Fondation pour l’Enfance de l’épouse de l’ex-président Amadou Toumani Touré. Cette fondation avait, en partenariat avec des écoles de Bamako puis de l’intérieur, conçu des sessions de rattrapage gratuites en faveur des jeunes scolaires. Elle diffusait même des spots pour avertir les téléspectateurs et le grand public de l’organisation de ces cours dont l’inscription était gratuite et dont les bénéfices étaient multiples. La seule obligation pour les élèves était d’apporter les cahiers, ardoises, stylos ou crayons qu’ils allaient utiliser.
Depuis, l’offre s’est diversifiée et amplifiée. Ainsi le directeur de l’école privée Soutougoun B de Hamdallaye, Ibrahim Coulibaly, confirme que son établissement a organisé des cours de vacances du 4 août au 10 septembre. Soutougoun B le fait depuis bientôt 3 ans, pour permettre aux élèves des classes de 9ème de se préparer pour l’examen du Diplôme d’études fondamentales (DEF). Fort du succès d’une première expérience, Ibrahim Coulibaly a décidé d’élargir le programme à tous les élèves du second cycle de son établissement. Ces cours de rattrapage sont gratuits et les enseignants chargés de les dispenser le font volontairement sans aucune rémunération, assure-t-il. « Ces exercices suscitent de plus en plus d’engouement des parents d’élèves. Grâce aux performances des enfants durant l’année scolaire et à leurs succès à l’examen du DEF », souligne le directeur de Soutougou B.
Au lycée Notre Dame du Niger (LNDN), les cours de rattrapage sont destinés à tous les élèves de l’enseignement secondaire général et sont payants. Organisés conjointement par l’établissement et un promoteur, ces cours d’un mois coûtent 15.000 Fcfa par élève. Le promoteur, Amand Achille Kéïta, explique que la session sert à rehausser le niveau des élèves et à corriger d’éventuelles lacunes constatées chez ces derniers durant l’année scolaire écoulée.
Ces cours de rattrapage sont aussi une activité commerciale. En un mois, Amand Achille Kéïta et la direction réunissent 1,5 million de Fcfa qui servent à payer les professeurs et entretenir les locaux avant la rentrée scolaire.
Que disent les élèves de ces cours de vacances ? Claire Dougnon de la 10è année (tronc commun) du LNDN explique qu’ils « permettent d’être en avance sur les programmes de l’année suivante par rapport aux autres élèves, surtout dans les domaines scientifiques qui exigent plus de concentration ». Du coup, elle invite les parents d’élèves à inscrire leurs enfants pour accroitre leurs performances.
La gratuité conserve, elle, des émules comme l’école Sory Diakité de Hamdallaye. Le promoteur, Mamadou Bah dit « président Patcha », qui vient de lancer la première édition des cours de rattrapage, entend ainsi venir en aide aux enfants défavorisés du quartier. Les parents, assure-t-il, attendaient beaucoup cette initiative si on en juge par le nombre élevé des auditeurs. Mamadou Bah indique que son établissement accueille ainsi plus de 425 élèves de la 1ère à la 9è année et que pour encourager les meilleurs élèves des cours de rattrapage, les organisateurs leur offrent en cadeaux des fournitures scolaires. L’initiative suscite donc de l’enthousiasme comme le confirme Mama Traoré de la 9è année de l’Ecole de Hamdallaye Plateau dont les parents n’auraient pas eu les moyens de lui payer des cours : « Je suis très heureuse de participer à ces cours de vacances parce que j’avais beaucoup de difficultés dans plusieurs matières. Mais grâce à Dieu et à travers ces cours gratuits, tout se passe bien ».
La demande est donc forte mais elle ne suffit pas toujours à susciter l’offre. Ainsi l’Ecole de la République, située à Bagadadji, qui organisait chaque année des cours de rattrapage grâce à l’appui de la Fondation pour l’Enfance, a baissé les bras. Faute de moyens, elle n’a pu en proposer depuis le coup d’Etat de mars 2012. Une association de jeunesse du quartier a bien tenté d’assurer la relève mais elle n’a pas tenu plus d’une seule édition. Faute, elle aussi, de ressources financières.
Un début de solution pourrait résider dans l’implication des mairies et autres collectivités qui ont des prérogatives en matière d’éducation. Ces collectivités pourraient recenser les initiatives de cours de vacances et moduler leur assistance en fonction des besoins ou des moyens. Elles feraient ainsi œuvre utile car l’importance de ces cours apparaît à tous.
La directrice de Centre d’animation pédagogique (CAP) de Bozola, Mme Barry Aïssata Coulibaly, relève à ce propos que ces cours de vacances empêchent les enfants de vagabonder et d’oublier leurs cahiers : « Les enfants sont canalisés, leur niveau de compréhension s’améliore et ils prennent aussi goût aux études ».
La directrice du CAP de Bozola est, par conséquent, disposée à aider toutes les bonnes volontés qui l’approcheraient dans le cadre de ce genre d’initiatives. Cette aide pourrait prendre la forme d’octroi de fournitures scolaires et d’appuis sur l’aspect pédagogique du programme, notamment la planification. Mais, avoue Mme Barry Aïssata Coulibaly, le CAP ne peut intervenir financièrement.
Baya TRAORE
source : essor