En dépit de l’existence de preuves quasi irréfutables l’inculpé a mis le consentement de sa victime en avant comme moyen de défense. La cour a une autre vision du dossier
MT est un jeune tailleur qui a comparu en assises pour répondre de l’accusation de « viol » qu’il aurait commis sur O.D, une fillette âgée d’à peine 14 ans au moment des faits. Du moins s’il faut se référer à l’acte d’accusation et de renvoi devant la Cour d’assises. C’était courant 2017 à Kalaban-Coura en Commune V du District de Bamako.
Ce jour-là, il semblerait que la nommée OD s’est rendue chez ce tailleur du coin de rue, son futur bourreau. Apparemment, avant de s’y rendre, elle semble avoir pris les dispositions pour parer à toutes éventualités, cela en dépit de son jeune âge. La cause. Elle a évité de partir seule chez MT. Elle était accompagnée par l’aide-ménagère de son oncle. C’est comme cela que les trois se sont retrouvés dans la chambre du jeune homme.
Ce dernier semblait déjà avoir un plan en tête avant l’arrivée de sa petite victime. Bien que cette dernière ait tenté de prendre le devant, en se faisant accompagner par la bonne de son oncle, elle n’avait pas anticipé avec toute l’expérience et la différence d’âge de son futur bourreau. Celui-ci usera d’une stratégie simple pour pouvoir abuser d’elle sexuellement.
Une fois qu’elles (OD et son accompagnatrice sont arrivées dans la chambre du tailleur, celui-ci a cherché et trouvé un prétexte pour éloigner l’aide-énagère et se retrouver seul avec OD chez lui. MT imagina une commission qu’il charge l’aide-ménagère accompagnant sa victime d’aller faire quelque part. Il a fait cela pour pouvoir être seul avec la fillette dans sa chambre. Le temps que l’accompagnatrice de la fillette ne retourne de cette commission, MT s’empressa d’exécuter son plan machiavélique.
Sale quart d’heure pour la mineure
Dans la foulée, il entraîna la fillette sur la couchette pour entretenir une relation sexuelle avec elle en dépit des vives protestations de cette dernière. En seulement quelques minutes, le jeune tailleur a terminé avec ce projet funeste qui le tenait à cœur. Après avoir satisfait sa libido, comme il voyait que sa petite victime saignait abondamment, il s’est servi d’un pagne pour la couvrir. Histoire de dissimuler l’acte qu’il venait de commettre.
Les choses ont évolué ainsi et la fillette est retournée à la maison. C’était le début du calvaire pour elle. Peu de temps après son arrivée au domicile, elle a subitement perdu connaissance. Les témoins se sont démenés pour la réanimer avec les moyens du bord. Puis s’en suit la séance des interrogations pour comprendre ce qui a pu se passer lorsqu’elle était dehors.
Sa mère la coinça et l’a bombarda de questions. Comme elle était en mauvaise passe, OD n’a pas hésité à parler vrai comme on le dit. Elle a clairement et nommément désigné MT le jeune tailleur du coin comme étant le responsable de ce qui lui est arrivé. Puis la fillette a résumé le sale quart d’heure que le jeune homme lui a fait subir dans sa chambre.
C’était suffisant pour que les parents de la fillette prennent contact avec les policiers du 11è arrondissement pour la suite à donner à cette affaire. Suivant réquisition, la mère de la petite OD a passé par le centre de santé pour avoir la confirmation qu’elle a été dépucelée. Cela fût fait levant tout équivoque sur le fait que sa fille a été violée par celui que cette dernière a nommément désigné peu de temps avant. La suite est tragique pour le jeune tailleur. Celui-ci a été convoqué devant les juges pour sa sordide histoire de viol sur une mineure.
Le jour de son procès l’inculpé s’est présenté à la barre, visiblement serein. Nanti de cette sérénité, MT n’a pas souhaité faire traîner les débats. Il a préféré avouer son forfait plutôt que de faire le faux-fuyant. Il avait opté pour la même attitude à l’instruction de son dossier devant les officiers de police judiciaire. Une fois qu’il a avoué avoir effectivement entretenu un rapport sexuel avec la fillette, il tenté de convaincre les jurés par un propos propre à la plupart des pédophiles. Autrement dit, donner l’impression comme si sa victime était consentante.
« Je l’ai fait avec son consentement. Sinon je ne l’ai pas violée », s’est-il défendu à la barre. Mieux, le pédophile enfonce le clou pour essayer de noyer le poisson dans l’eau. Il ajouta dans la foulée que c’est sa victime qui l’a d’ailleurs appelé ce jour-là, en le rappelant qu’elle sera chez lui d’un moment à l’autre.
Comme pour écarter toute idée qui puisse l’enfoncer davantage, l’accusé a affirmé qu’il sortait avec sa petite victime depuis environ trois bon mois. Une idée qui obligea l’un des jurés à lui poser la question de savoir ce qu’il voulait dire exactement par là. Au lieu de répondre à cette question qui semblait pourtant très claire, l’accusé, apparemment paniqué, a préféré faire un mea-culpa. « Je n’ai pas du tout voulu ce qui s’est passé entre elle et moi», a-t-il laconiquement répondu.
Mais malheureusement pour le jeune tailleur, il est difficile d’user d’un tel moyen pour se défendre face à des juges professionnels. Ces derniers ont fait appel à la victime qui était accompagnée de sa mère, pour témoigner à la barre. C’est comme cela que la nommée OD a fait l’historique de leur rencontre dans l’atelier de couture d’un des amis de son bourreau. Puis pour en revenir aux faits proprement dits, la victime est revenue sur les faits comme cela a été clairement notifié dans l’acte d’accusation.
Aucune circonstance atténuante
La jeune fille a balayé d’un revers de main les propos de son bourreau tendant à faire croire qu’elle l’avait appelé avant d’arriver chez lui. « Il a menti en affirmant que je l’ai appelé. Ce n’est pas vrai. Je n’ai même pas de téléphone. » s’est-elle défendue et ajoutant qu’après l’acte, elle a pris peur d’en informer sa mère.
Après ces quelques propos de la victime, le tailleur est revenu à la charge pour dire tout le contraire de ce que cette dernière a soutenu à la barre. Ensuite, il l’a qualifiée de menteuse tout en maintenant mordicus ses propos. En réaction à cette affirmation, la cour a confronté l’inculpé au certificat médical comme pièce à conviction. Un document qui n’a fait que le charger.
Le ministère public a estimé que les faits sont clairs. Le défenseur des citoyens pense que l’inculpé veut, coûte que coûte se disculper de l’infraction. Partant des faits tels que cités plus haut. Et surtout en se basant sur le certificat médical, le parquet a requis de maintenir le jeune tailleur dans les liens de l’accusation. Puis, il a écarté toute possibilité de circonstances atténuantes.
Comme cela est généralement le cas en l’espèce, le conseil de l’accusé n’est pas de cet avis. Lui pense que la victime est consentante à partir du moment où elle a accepté d’enregistrer le numéro de téléphone de son bourreau. Même si la petite fille a nié avoir un téléphone, cette histoire d’appel téléphonique a été une brèche pour la défense dans laquelle, celle-ci s’est engouffrée dans l’espoir de sauver son client.
« Le jour des faits, mon client a reçu trois appels manqués de sa victime », affirme-t-il. Partant de là, l’avocat pense qu’il n’y a pas eu de viol mais d’attentat à la pudeur.
Apparemment sa plaidoirie semble être tombé dans les oreilles d’un sourd. La cour a suivi la réquisition du parquet. Elle a d’abord écarté toute possibilité de circonstances atténuantes. Puis, elle a condamné le jeune tailleur à 20 ans de prison ferme et 5 ans d’interdiction de séjour. En outre, le malheureux devra s’acquitter du paiement de la somme de 500. 000 francs CFA comme dommages et intérêts. Curieusement ce verdit a été jugé « trop sévère » par certains de ceux qui assistaient à l’audience. Ils l’ont manifesté par des chuchotements bruyants. Et l’avocat de la défense a quitté la salle. Visiblement remonté.
Tamba CAMARA
Source : L’ESSOR