C’est tout sauf une surprise. Des quatre clubs maliens qui étaient en lice cette année dans les deux compétitions africaines (ligue des champions et coupe de la Confédération), seul le Stade malien a réussi à franchir le premier tour. Les trois autres formations, les Onze Créateurs, l’USFAS et l’AS Bakaridjan ont tous mordu la poussière et notre football n’a plus qu’un seul porte-drapeau sur l’échiquier continental : le Stade malien, double champion du Mali qui s’est brillamment qualifié en dominant le Racing club de Bobo Dioulasso à l’aller comme au retour (3-1 au stade Modibo Keïta, 1-0 à Ouagadougou). Une belle performance pour les Blancs qui font ainsi honneur à leur statut et qui sauvent les meubles pour le football malien. Mais disons-le sans détours, la qualification des Stadistes cache mal le mauvais résultat de notre pays dans cette campagne africaine des clubs. Cela est d’autant plus vrai que depuis quelques années, notre pays fait partie des nations auxquelles la Confédération africaine de football (CAF) octroie deux places en Ligue des champions et autant en coupe de la Confédération. A défaut d’une qualification à la phase de poules ou au dernier tour des éliminatoires, on s’attendait à voir au moins nos quatre représentants franchir le premier tour. Malheureusement, seul le Stade malien a réussi à se qualifier et sera présent en seizièmes de finale où les pensionnaires de Sotuba en découdront avec Coton sport de Garoua avec match aller à Bamako (Cameroun). Demandez à nos concitoyens s’ils ont été surpris par l’élimination prématurée de trois des quatre représentants maliens vous aurez la même réponse partout : c’est non. Depuis que le verdict du premier tour des deux coupes d’Afrique des clubs est tombé, joueurs, dirigeants, supporters et observateurs répètent la même chose : les clubs maliens ont été rattrapés par le manque de compétition. Les propos tenus par le technicien Bréma Diallo résument parfaitement le sentiment général après l’échec des clubs maliens. «On a préparé notre match retour contre le Sporting club Gagnoa avec les moyens. Nous avons livré beaucoup de matches amicaux, mais comme vous le savez, un match amical reste un match amical. Il ne peut pas remplacer un match de championnat où il y a des primes. Autrement dit, au Mali un joueur ne peut avoir la même motivation pour un match amical et une rencontre de championnat. Il ne gagne rien dans un match amical», a confié l’entraîneur de l’USFAS après l’élimination de son équipe par le Sporting club Gagnoa. Point besoin d’être dans les secrets de Dieu pour affirmer que Bréma Diallo pointe ainsi du doigt la crise qui secoue la planète foot du Mali depuis janvier 2015 et qui empêche encore le démarrage du championnat national. Déjà, avant les matches aller de ce premier tour, les entraîneurs des quatre clubs avaient chacun avoué leurs inquiétudes et émis des réserves sur la compétitivité de leur effectif. Sans être fatalistes ou se résigner devant la situation, Kamel Djabour (Stade malien), Djibril Dramé (Onze Créateurs), Bréma Diallo (USFAS) et Moussa Keïta «Dougoutigui» ont déploré le fait de démarrer la campagne africaine sans un seul match de championnat dans les jambes, expliquant que ce facteur est très important à ce niveau de compétition. Les quatre techniciens auraient aimé disputer quelques matches de championnat avant le coup d’envoi des deux coupes d’Afrique des clubs, mais la crise est passée par là et les pauvres ont dû se contenter des matches amicaux. Etait-ce suffisant pour permettre à nos représentants d’être en jambes ? Certainement pas et l’élimination de l’USFAS, des Onze Créateurs et de l’AS Bakaridjan dès le premier tour s’explique plus par le manque de compétition que par la supériorité de leurs adversaires respectifs. En valeur intrinsèque, les trois clubs maliens avaient un coup à jouer, mais après avoir raté la première manche, ils ne pouvaient avoir les ressources physiques suffisantes pour renverser la tendance. Le coup d’envoi du championnat national étant prévu le 12 mars, le Stade malien risque malheureusement d’être confronté au même problème au moment de recevoir Coton sport de Garoua au stade Modibo Keïta. En tout cas, s’il y a quelque chose à craindre pour les protégés de Kamel Djabour dans cette confrontation avec les Camerounais, c’est d’abord le manque de compétition. Ce, d’autant que Coton sport Garoua est un habitué des joutes africaines et que les Camerounais pratiquent un football plus physique que technique. En 2013, c’est cette même formation de Garoua qui avait barré la route de la phase de poules aux Blancs (3-0 à l’aller au Cameroun, 0-0 au retour à Bamako) et ce revers reste encore au travers la gorge des Blancs. Cette année, le contexte n’est pas favorable pour l’équipe de Sotuba, mais chaque match a ses vérités et le capitaine Mamadou Coulibaly et ses coéquipiers ont les moyens de transformer ce handicap en avantage. S. B. TOUNKARA
Source : Essor