Ce 15 avril 1999, les Aiglons, sous la houlette du duo Seydou Keïta-Mahamadou Dissa, ont émerveillé la planète foot du monde, en battant 5-4 les Lionceaux camerounais, après avoir été menés deux fois au score et avec deux buts d’écart. Retour sur l’une des plus belles confrontations de l’histoire de la Coupe du monde junior avec le reportage de L’Essor
C’est au terme d’un match fou, fou que les Aiglons ont arraché hier (jeudi 15 avril 1999, ndlr), à Enugu, leur qualification pour les quarts de finale du mondial junior. Seul le football est capable d’inventer des scénarios à couper le souffle de cette espèce et gageons que les Lionceaux camerounais qui ont fait les frais de cette intrigue haletante, ne sont pas encore revenus de ce qui leur est arrivé. Ils étaient confiants ces Camerounais et impressionnants aussi. Ainsi, au but réussi dès la 9è minute par Ténéman N’Diaye, ils répliquèrent en faisant la jonction dans la minute suivante par Komol. Pendant que les Aiglons levaient le pied, les Lionceaux déroulaient aisément leur football appliqué et efficace. Ils prirent alors le large par M’Bami (23è min) puis par Kioyo (26è min), si bien qu’à la pause, les poulains du sélectionneur Mamadou Coulibaly (le technicien est décédé quelques années plus tard, alors qu’il était en mission en Egypte) étaient menés 1-3.
Coup dur supplémentaire à la reprise : Ténéman N’Diaye était expulsé pour une faute peu évidente sur le gardien adverse. Comme cela se passe souvent lorsqu’une équipe est réduite à 10, les Aiglons se réveillèrent et Mamadou Bagayoko concrétisa ce mieux manifeste, en réduisant l’écart (67è min). Du coup, la qualification redevenait jouable. Mais l’espoir avait, à peine eu le temps de se réinstaller dans le camp malien qu’une reprise à bout portant de Komol (76è min) redonnait du l’air et du large aux Lionceaux.
‘’Foutu’’, pensa-t-on alors d’autant qu’il ne restait pas beaucoup de temps à jouer. Ce fut pourtant suffisant pour permettre à Abdoulaye Camara «Baco», le capitaine exemplaire des Aiglons, de s’arracher pour faufiler une tête victorieuse entre le gardien camerounais et son poteau (83è min). L’extraordinaire revenait à portée de main malgré un chrono qui avançait inexorablement et des Camerounais qui lui imprimaient des poussées en s’écroulant à tout bout de champ et en faisant les grands blessés.
Des manouvres dilatoires qui leur furent fatales car ils oublièrent de jouer. Alors que l’aiguille des secondes regrimpait le cadran, la grâce toucha Mahamadou Dissa. Une balle décalée sur la droite, une brutale accélération pour se retrouver au contact du gardien camerounais, un petit temps d’arrêt pour le faire plonger et une pichenette qui renversait le Mali tout entier, en remettant les Aiglons d’aplomb. L’Equipe nationale faisait la jonction (4-4) alors que l’arbitre tâtait son sifflet pour signifier la fin du temps réglementaire.
Le Mali était sauvé mais pas encore qualifié. Les prolongations débutèrent avec des Camerounais poussés par leur orgueil et déboulant bille en tête. Par deux fois, le gardien malien, Boubacar Keïta dut s’interposer sur des balles chaudes mais la confiance avait changé de camp. La chance aussi car lorsque deux cartons rouges brillèrent dans le ciel étoilé d’Enugu, ils furent pour Tcheutouo puis pour N’Zinkou. Du coup les Aiglons se retrouvaient en supériorité numérique et ne laissèrent pas passer leur chance. Un premier essai de Mamadou Diarra fut repoussé par le gardien du Cameroun et devinez qui jaillit pour mettre la balle au fond : Mahamadou Dissa bien entendu (5-4).
On jouait alors la 105è minute c’est à dire les derniers instants de la partie des prolongations et le Cameroun chutait victime de la règle de la ’’mort subite’’. Les Aiglons, eux ne s’étaient jamais sentis aussi vivants. Et avec eux tout le Mali.
72 heures après leur belle prestation contre le Cameroun les protégés de Mamadou Coulibaly ont confirmé ça face au pays hôte, le Nigeria battu sur le score sans appel de 3-1. Les trois buts des Aiglons ont été inscrits par Mamadou Bagayoko (2è et 72è min) et Mamadou Diarra (44è min).
Grace à cette belle victoire, Seydou Keïta et ses partenaires se sont qualifiés pour les demi-finales où ils chuteront devant l’Espagne de Xavi Hernandez et Verela, future vainqueur du tournoi (1-3). Mais cette défaite n’entamera pas le moral des Aiglons qui se rachèteront 48h plus tard, en battant 1-0 l’Uruguay dans le match pour la troisième place. Cerise sur le gâteau pour notre pays, Seydou Keïta «Seydoublen» sera désigné Meilleur joueur de la Coupe du monde, alors que Mahamadou Dissa «Petit Dissa», enlèvera le trophée de Soulier d’argent.
Synthèse
Boubacar THIERO