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Coup de griffe : Ah le pain ! Sale ou Salé ?

Casser le pain” pour montrer qu’il est craquant ! Cela ne vaut pas pour la majorité des baguettes de pain produites par les boulangers de Bamako et environs. En lieu et place, il est plus judicieux de dire “tirer le pain” car il se détend comme de l’élastique lorsqu’on cherche à le couper avec les mains.

En plus, il ne faut jamais voir les conditions de transport du pain si on tient vraiment à le consommer. Nous épargnons à nos lecteurs les détails car tout est dit, redit et rabâché sur les conditions de transport et de livraison du pain aux revendeurs par des intermédiaires qui roulent à tombeau ouvert avec leur moto chargée comme une bicyclette de campagne qui croule sous le poids du foin.

Une fois chez le revendeur, les baguettes de pain sont négligemment jetées sur une table poussiéreuse où sur un comptoir crasseux. Chaque client peut venir chasser les mouches de sa main pour pouvoir tâter, à sa guise, toutes les baguettes, question de choisir la ou les meilleures à acheter.

Si on échappe à cela, il faut attention au vendeur qui a la manie de mouiller ses doigts avec sa salive afin de bien ouvrir le sachet dans lequel les baguettes vendues, prises avec la même main, doivent être emballées.

Aussi, c’est cette main qui prend le pain pour couper une portion à servir à un client, alors que cette même main vient de servir à des clients du savon, du poivre, du sel et parfois même de l’huile ou du pétrole vendus en détail à partir de fûts.

Ce n’est ni de la fiction ni de la légende encore moins de la blague. C’est un constat d’un ensemble de comportements et faits qui caractérisent le transport et la vente du pain. Un spectacle désolant que l’on a tendance à banaliser si l’on ne veut pas faire un détour jusqu’à la boulangerie où les espaces réservés à la vente de pain ne sont parfois pas aménagés s’ils ne se distinguent à peine du comptoir du boutiquier détaillant du quartier. Dans ces conditions, le pain, à n’en pas douter, est l’une des sources les plus dangereuses d’insécurité sanitaire et la Covid-19 n’a en rien changé les comportements.

Si maintenant les boulangers, au lieu de s’attaquer à cette question d’hygiène et de qualité, cherchent à imposer une hausse du prix du pain, faisant fi des accords signés avec les autorités publiques, le pain, déjà sale dans la boutique, devient trop salé pour les consommateurs dont beaucoup, parce qu’obligés, cherchent une alternative au pain pour le petit déjeuner.

Le renforcement de la sécurité sanitaire des aliments doit être au cœur de l’action gouvernementale. Mais que dire alors du foisonnement des eaux potables proposées sur le marché, puisées à partir de forages, de puits, etc, sans aucune autorisation de mise sur le marché soutenue par une garantie de bonne qualité sanitaire ? il y a vraiment de quoi dire : “Ça suffit, on arrête !”

Amadou Bamba NIANG  

Source: Aujourd’hui-Mali

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