Le Président de la Transition Bah N’DAW a présenté, hier mercredi, sa démission au Vice-président, Assimi GOITA, en présence de la délégation de la CEDEAO. Il avait auparavant demis le gouvernement avant de présenter sa démission. Le colonel Assimi GOITA assure désormais le rôle de Président de la transition. Selon des sources, le poste de vice-président est supprimé et les tractations sont en cours pour le choix d’un Premier ministre « pleins pouvoirs », en charge de former un gouvernement de consensus.
Ce nouveau coup de force que vient de connaître notre pays est synonyme d’un saut dans l’inconnu. Au moment où le pays cherchait les voies et moyens pour juguler la crise politico-sécuritaire qui le paralyse depuis des années, c’est finalement un inattendu retour à la case départ.
La priorité n’est plus les réformes institutionnelles ni l’organisation des élections générales, mais plutôt le choix d’un Premier ministre consensuel et la formation d’un nouveau gouvernement.
Avec cette nouvelle donne, il y a un risque que notre pays soit à nouveau sous le poids des sanctions de la CEDEAO et d’autres organisations internationales. Ces sanctions pourront tomber au cas où les négociations en cours entre la délégation de la CEDEAO, conduite par l’ancien Président du Nigérian, Goodluck JONATHAN, et les colonels échoueraient.
Compte tenu de la situation du pays, les colonels doivent tout faire pour épargner à notre pays un tel scénario dont les conséquences seront lourdes pour notre pays déjà très fragile.
Comment en est-on arrivé là ?
L’heure n’est pas à la recherche d’un coupable, mais plutôt à la recherche de solutions pour sauver notre pays et sa démocratie.
Mais, il est nécessaire de faire certaines mises au point qui serviront de leçon pour que l’histoire ne se répète plus.
En effet, ce qui est perceptible de tout le monde, c’est que ce coup de force fait suite à la publication de la liste du nouveau gouvernement OUANE II.
Dans la formation de ce gouvernement, le désormais ancien Président de la transition, Bah N’DAW, et son désormais ancien Premier ministre, Moctar OUANE, ont fait un mauvais choix politique, tactique et stratégique.
Le fait d’éjecter du gouvernement deux éléments incontournables du CNSP, de surcroît deux colonels de la Garde nationale (une frange importante de l’armée malienne), est un très mauvais choix. Une erreur que le Président et son Premier ministre ne devrait pas commettre.
Aussi, le fait de les remplacer par d’autres officiers (généraux), notamment de l’armée de l’air, est-il encore une erreur d’appréciation.
Pour quel but finalement ? Créer la frustration et la division entre les officiers de l’armée malienne ?
Si Sadio CAMARA et Modibo KONÉ ont été éjectés pour manque de résultat, qu’en est-il des Colonels WAGUÉ et Abdoulaye MAIGA ?
L’on se souvient que Wagué a été celui qui a signé un accord avec les djihadistes, autorisant la Charia à Farabougou, une première au Mali (pays laïc et démocratique).
Quant au ministre Abdoulaye MAIGA, il a militarisé l’administration malienne en violation flagrante des dispositions en vigueur.
Sur quelles bases Wagué et Maïga ont été maintenus et pas Sadio Camara et Modibo Koné ?
En tout cas, pour la cohésion au sein de l’armée et la stabilité du Mali pour les 9 mois restants, il aurait fallu laisser ces 2 ministres à leur place ou mettre tout le monde dehors.
Pour sa part, l’erreur fondamentale de la Junte a été de se défaire du M5 en voulant le diviser, pensant ainsi pouvoir contrôler la situation avec un vieux retraité venu des champs et un diplomate au tempérament calme et réservé.
Le résultat est connu et la situation n’est pas reluisante. Ceux qu’ils ont eux-mêmes choisis sont devenus aujourd’hui leurs pires adversaires au détriment de la République.
Le pire est que c’est un nouveau saut dans l’inconnu qui se dessine, le choix d’un Premier ministre consensus n’ayant jamais été facile dans notre pays.
Selon des sources, il a été demandé au M5-RFP de proposer un Premier ministre.
Les regards sont actuellement tournés vers ce mouvement qui ne manque pas de cadres compétents, capables d’assurer valablement le poste de Premier ministre.
Il reste à savoir s’ils parviendront à mettre l’intérêt supérieur du pays au-dessus de tout faire un choix unanime.
Le temps presse, et le colonel Assimi GOITA a promis que la transition suivrait son cours normal et que les élections seraient organisées en 2022 comme prévu.
En attendant, prions pour que la situation redevienne normale.
PAR MODIBO KONÉ
Source : INFO-MATIN