Même si la manifestation avait eu l’autorisation des autorités, forces est de constater que celles-ci avaient pris les dispositions pour qu’aucun manifestant surexcité ne vienne perturber l’après-midi à Koulouba surtout après des prières et des bénédictions en ces hauts lieux du pouvoir. Ainsi, un impressionnant barrage des forces de sécurité a été mis en place sur le boulevard de l’indépendance, prêt à en découdre avec les manifestants au cas où ceux-ci viendraient à prendre la direction du palais présidentiel.
C’est à juste titre que la délégation du M5-RFP qui était chargée de remettre la demande de démission au Président IBK a été obligée de rebrousser chemin. Visiblement, les dirigeants voulaient éviter tout débordement en envoyant quelques personnalités. Mais des manifestants ont décidé d’emprunter la route de Koulouba, visiblement déterminés à se faire entendre du Président de la République dont ils exigent la démission immédiate et sans condition. Le mouvement a poussé les forces de l’ordre à revoir leur dispositif. Toutes les artères et les points névralgiques qui conduisent sur les hauteurs de Koulouba et vers le domicile du président IBK (Sébénicoro) ont été totalement verrouillés.
L’Imam DICKO douche les ardeurs bellicistes !
En se rendant sur la place de l’Indépendance ce 19 juin 2020, la majorité des manifestants n’avait qu’un seul objectif : en finir avec le régime quitte à affronter les forces de l’ordre qui, visiblement, étaient préparées à toutes les éventualités.
Face à la tension et le risque élevé de basculement de la manifestation dans la violence, l’Imam DICKO a surpris ses invités en conseillant aux manifestants de ne pas se rendre à Koulouba. A l’annonce de cette décision, la déception était perceptible chez les jeunes manifestants. Selon des témoins, certains manifestants se seraient évanouis sur place.
Même si la demande de l’imam est venue à contrecourant de la volonté générale, les initiateurs ainsi que certains manifestants saluent cette décision.
«Le 19 juin lorsque le sage Imam Dicko nous a demandé de rentrer à la maison, j’étais découragé mais je suis aujourd’hui fier de lui », se réjouis un internaute.
Des scènes de violence, malgré l’appel de l’imam
Malgré les appels répétés des leaders du M5-RFP au calme et la sérénité, des manifestations de violence ont été enregistrées ce vendredi 19 juin 2020 sur le boulevard et sur certaines voies publiques au centre-ville après le meeting.
Ainsi des échauffourées ont opposé forces de l’ordre et manifestants sur l’axe allant monument de l’hippopotame, rond-point en face du centre Awa KEITA, au jardin du cinquantenaire (flan de la colline de Koulouba). Aussi, à travers certains quartiers du centre-ville, les manifestants dispersés ont brulé des pneus dans certains carrefours. Mais on ne déplore aucun dégâts majeur ni victime chez les deux parties.
Une mobilisation
record ?
La mobilisation était incontestablement l’un des enjeux de cette manifestation du 19 juin surtout après une levée de bouclier dans la majorité à la veille de l’événement. Certains leaders de la majorité, à l’image de l’ancien ministre Amadou KOITA, avaient carrément mis en garde les manifestants contre toute tentative d’approcher le domicile du chef de l’Etat.
Les manifestants se sont montrés plus déterminés que jamais en répondant massivement à l’appel de leurs leaders.
De l’avis de certains habitués de ces genres de manifestations sur le boulevard de l’indépendance, la manif du 19 juin n’avait rien à envier à celle du 5 avril 2019 et du 5 juin 2020.
Des SOTRAMA payées pour ne pas rouler ?
Le vendredi dernier, les partisans du régime ont semblé avoir usé de tous les moyens pour que la mobilisation ne soit pas rendez-vous au monument de l’indépendance. Parmi les stratégies mises en place, il y a celle des transports collectifs, les SOTRAMA, payées pour ne pas rouler. L’objectif recherché étant de décourager les manifestants qui n’ont pas de moyen de déplacement à se rendre à la marche.
En tout cas, sur les réseaux, on pouvait voir des SOTRAMA immobilisées dans certaines places de transport des passagers. Ce qui conforte la thèse du complot contre la manif, c’est le communiqué du syndicat des transporteurs qui a circulé sur les réseaux sociaux à la veille, invitant ses militants à se désolidariser de l’appel lancé par l’Imam Mahmoud DICKO.
INFO-MATIN