Le Mouvement du juin 5-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui rassemble des Organisations de la société civile, des partis politiques d’opposition et des religieux avait une nouvelle fois appelé, ce vendredi 19 juin 2020, les Maliens à descendre massivement dans la rue pour exiger la démission du Président de la République Ibrahim Boubacar KEÏTA. Une deuxième grande manifestation, après celle du 5 juin, avec un seul mot d’ordre : la démission du président IBK au pouvoir depuis 2013.
La tension est montée d’un cran ces derniers jours dans la capitale avec un point d’orgue ce vendredi, comme le 5 juin dernier, où plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont répondu à l’appel du M5- RFP sur la Place de l’Indépendance pour réclamer le départ du Président Ibrahim Boubacar KEITA.
Il s’agit de la deuxième grande manifestation en deux semaines contre le Président IBK, après celle qui avait déjà rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes le 5 juin et qui a donné son nom à la contestation, «Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques» (M5-RFP).
Après une prière dirigée par un imam sur la Place de l’Indépendance, l’hymne national a retenti, puis le vacarme des vuvuzelas a pris le dessus, alors que les manifestants portaient des pancartes où l’on pouvait notamment lire des messages de défiance à l’égard du Président IBK.
À la tribune, se sont enchaînés des chants, notamment l’hymne national et des prières.
Signe de l’extrême tension politique dans notre pays ces dernières semaines, ce mouvement exprime l’exaspération nourrie par les milliers de victimes ces dernières années des attaques jihadistes et des violences intercommunautaires, le ressenti de l’impuissance de l’État, le marasme économique, la crise des services publics et de l’école et la perception d’une corruption généralisée.
La sagesse de l’Imam
À la tête du M5-RFP qui rassemble des responsables religieux et des personnalités de la société civile comme du monde politique se trouve un homme à l’influence croissante, Mahmoud DICKO, imam rigoriste et patriote, ancien président de HCIM.
À l’issue des interventions, des manifestants déchaînés voulaient se diriger vers le palais présidentiel pour, disaient-ils, aller arracher la lettre de démission au Président IBK. Mais, l’imam Mahmoud DICKO leur a demandé de désigner des émissaires pour aller remettre au Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA, une doléance de la manifestation, qui réclame sa démission.
C’est ainsi que le Choguel Kokala MAIGA (FSD), Issa Kaou N’DJIM (CMAS) et le Pr Mamadou Clément DEMBLE, ont été désignés et dépêchés par les leaders de la manifestation pour remettre une déclaration de démission au Président de la République. Mais ces émissaires n’ont pas pu acheminer cette lettre, bloqués par les forces de l’ordre.
Le maintien de la pression
Le M5, dans la déclaration finale lue par Cheick Oumar SISSOKO, l’un des leaders, prévenait : ‘’si les revendications ne sont pas entendues, le peuple exercera son droit à la désobéissance civile’’.
‘’Nous serons non violents. Mais, nous allons nous battre jusqu’à la satisfaction de notre demande’’, a conclu vendredi l’influent imam Mahmoud DICKO.
Le M5 maintient donc la pression avec cette mobilisation de la rue et renouvelle sa principale revendication : la démission du chef de l’État. C’est la principale revendication dont découlent finalement toutes les autres, selon les manifestants.
Même si la médiation de la CEDEAO parle de dissolution de la nouvelle Assemblée nationale, contestée depuis sa mise en place, ou de dissolution de la Cour constitutionnelle, pour l’heure, les contestateurs concentrent leurs efforts sur un seul point : la démission du chef de l’État. Car, « cela fait sept ans que IBK a été élu et que tout va de mal en pis », déclarait un manifestant ce vendredi.
Cette nouvelle démonstration de force intervient après une semaine de pourparlers tous azimuts qui n’ont pas permis d’apaiser les tensions.
À la veille de l’événement, c’est la CEDEAO qui a tenté une médiation. Trois ministres des Affaires étrangères (du Niger, du Nigéria et de Côte-d’Ivoire), ainsi que le Président de la Commission de la CEDEAO ont rencontré tous les acteurs de la crise. L’organisation africaine n’a cependant pas obtenu le report du rassemblement tenu le vendredi 19 juin.
Par Abdoulaye OUATTARA
INFO-MATIN