La Maison Blanche avait qualifié de «choquante et déplacée» l’attaque menée contre le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui mène les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. Moshé Yaalon, le ministre israélien de la Défense, aurait tenu à son égard des propos très controversés. Le couac diplomatique a été évité de justesse ce mardi soir, le ministre israélien ayant fini par présenter ses excuses dans un communiqué.
Ce sont des propos qui auraient été tenus en privé par Moshé Yaalon, le ministre de la Défense israélien, et que rapporte le journal israélien Yediot Aharonot : « John Kerry est obsessionnel et messianique, il n’a rien à m’apprendre sur le conflit israélo-palestinien (…). Qu’il remporte le prix Nobel de la paix, au moins il nous laissera tranquilles »
Moshé Yaalon n’a ni confirmé ni infirmé ces propos, mais il a tenté de calmer le jeu en déclarant que les Etats-Unis étaient « les alliés les plus importants d’Israël ». Le chef du gouvernement Benyamin Netanyahu est aussi intervenu : « Les divergences que nous pouvons avoir avec les Américains portent sur le fond, non sur les personnes ».
Washington réagit
A Washington, le ton est monté très vite. En quelques heures, la Maison-Blanche et le département d’État ont réagi, exigeant des excuses qui sont intervenues hier soir. Moshé Yaalon a ainsi affirmé qu’il « n’avait eu aucune intention d’offenser le secrétaire d’État et qu’il lui présentait ses excuses s’il avait été blessé par les propos qui ont été attribués au ministre de la Défense ».
Car au-delà de l’attaque personnelle contre John Kerry, c’est l’initiative de paix américaine qui est sur la sellette. Malgré les déclarations encourageantes du secrétaire d’État, qui multiplie les voyages dans la région, on sait que la partie qui se joue est difficile ; la méfiance entre interlocuteurs et médiateur est apparente. Tous les présidents américains ont essayé et échoué dans leur tentative d’apaiser les tensions entre Israéliens et Palestiniens.
Nombreuses critiques en Israël
Une source proche du dossier explique d’ailleurs que la négociation actuelle est un sujet sur lequel John Kerry est personnellement engagé. Certes, il a le feu vert de Barack Obama, mais pour le président des États-Unis, le dossier prioritaire est l’Iran, l’arrêt de son programme nucléaire, et une reprise des relations rompues depuis plus de 30 ans. Et cette approche fâche le gouvernement Netanyahu qui n’en fait pas mystère.
Les propos de Moshé Yaalon ne sont d’ailleurs pas isolés. Depuis la dernière visite de John Kerry au Proche-Orient, le 6 janvier, la presse israélienne se fait l’écho de critiques de la part de plusieurs hauts responsables politiques, qui s’expriment anonymement. John Kerry est accusé, en substance, de brader la sécurité d’Israël dans les négociations en cours avec les Palestiniens. Dire que les relations entre les responsables politiques israéliens et américains ne sont pas au beau fixe est donc un doux euphémisme. La poussée de fièvre de ce mardi en témoigne.
rfi