Il sera difficile aux pays africains de tirer leur épingle du jeu en matière agricole, tant ils sont obligés de faire face à un système de subventions exorbitantes accordées aux producteurs des pays développés et qui faussent le jeu de la concurrence. L’exemple du coton est plus qu’éloquent et montre à quel point des pays comme le Bénin, le Mali, le Burkina Faso voire l’Egypte continueront d’être des victimes de cette dure réalité.
En 2019-2020, ce ne sont pas moins de 8 milliards de dollars de subventions qui ont été accordées aux agricultures cotonniers de pays comme les Etats-Unis et la Chine, les deux plus gros producteurs mondiales de cette fibre et qui se livrent une farouche concurrence. Ainsi, la Chine a offert jusqu’à 4,7 milliards de dollars d’aides diverses à ses producteurs de coton, alors que les Etats-Unis ont annoncé sur cette période des subventions de 2 milliards de dollars.
De plus, chaque année, le régime de subvention ne fait que s’intensifier à cause de la guerre que se livrent les pays producteurs économiquement plus avancés. En effet, en 2018-2019 les subventions n’étaient que de 5,7 milliards de dollars, soit 2,3 de moins que l’année qui suivra.
Or, plus il y a de subventions, plus les prix sont tirés vers le bas. Globalement, selon l’ICAC, la hausse des subventions a conduit à une baisse du prix moyen de l’Indice A du Cotlook à 71 cents la livre de fibre, le niveau le plus faible depuis 2015/2016.
Dans ces conditions, comment les producteurs maliens, béninois, burkinabè peuvent espérer être rentables ? En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal et le Mali ont débloqué 146 millions de dollars en faveur des producteurs. Ce qui ruinent les Etats qui, au lieu de tirer profit de la production cotonnière en engrangeant des impôts, sont obligés de ponctionner dans les caisses du Trésor pour espérer soutenir une production qui au final devient ruineuse pour le pays.