Lors de la campagne présidentielle, IBK avait promis une lutte farouche contre la corruption et la délinquance financière au Mali. A la faveur de la remise officielle des rapports 2011 et 2012 de la CASCA, le Président de la République a réitéré en terme très clair son engagement à bouter la corruption et la délinquance financière hors du Mali.
« Les rapports de contrôle que vous avez étudiés, analysés, et dont vous recommandez de transmettre certains aux autorités judiciaires, ne connaîtront pas le sort de ceux des années précédentes », a déclaré Ibrahim Boubacar Keita, Président de la République du Mali, après avoir reçu les rapports 2011 et 2012 de la cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration. IBK a immédiatement pris l’engagement que personne n’entravera le cours de la justice. Avant de préciser qu’ « Aucune innocence ne sera entachée ». Et, mieux, il a estimé qu’ « Il n’y aura guère de chasse aux sorcières ». Cependant, il dira qu’ « il ne saurait y avoir, non plus, ni passe-droit, ni sauf conduit ». Dans tous les cas IBK a clairement indiqué que « l’argent du peuple sera restitué, s’il doit l’être et ce, sans préjudice des réparations et poursuites requises ».
Gouvernance rationnelle et responsable des maigres ressources
Mais auparavant, IBK n’a pas caché sa joie de recevoir ces rapports à l’entame d’un mandat qu’il veut « dédier à la gouvernance rationnelle et responsable de nos maigres ressources ». IBK a indiqué que les ressources du Mali sont maigres, comparées à d’autres pays. Mais, il a estimé que « chaque centime, judicieusement dépensé, nous fait faire un pas dans la bonne direction, dans la juste direction ». Après avoir rappelé sa volonté de « hisser le Mali à la hauteur des Nations qui gagnent, par l’effort de ses fils et filles », IBK a exhorté les maliens à tout mettre en œuvre pour se passer de l’aide budgétaire. « Tous pour l’intérêt général, dans la conscience et la vision partagée d’un pays fier qui se met, le plus tôt étant le mieux, en situation de pouvoir se passer de l’aide budgétaire », a-t-il déclaré. Convaincu que cela est possible, IBK dira que « Nous en avons les ressorts. Nous en avons les ressources ». Mais, pour parvenir à cela, et faire du Mali un pays émargent, le Président pense qu’il n’y a d’autre choix que de passer par la gestion rigoureuse des deniers. Après avoir déclaré que nous ne pouvons pas continuer de mettre la tête sous le sable, IBK a rappelé qu’il y a eu de grandes avancées au Mali dans ces dernières décennies, en termes d’infrastructures et de gestion macroéconomique. Mais, il reste convaincu que sans le seuil de corruption qui le ralentit, ce pays serait encore plus loin. IBK pense que le Mali peut encore aller loin et doit aller loin. Mieux, il dira qu’« Il doit générer une croissance plus forte et plus redistributrice ». Mais, le président du Mali a tenu à rappeler à tous que « la morale et l’éthique publiques sont parmi les facteurs qui rendront possible cette croissance ».
Dénonciation de la multiplicité des structures de contrôle
IBK a aussi ouvert une réflexion sur la multiplicité des structures de contrôle dans notre pays.« Entre les multiples corps d’inspecteurs des Départements ministériels, les dispositifs d’audit interne, le Contrôle Général des Services Publics, le Bureau du Vérificateur Général, la Section des Comptes de la Cour Suprême ou la Cour des Comptes exigée par le traité de I’UEMOA, il nous appartient de rationnaliser et d’harmoniser ce qui peut l’être », a-t-il déclaré. Avant de dire qu’il demanderai incessamment à une personnalité indépendante de procéder à l’audit des structures de contrôle, et de faire des propositions pour rendre plus efficace la lutte contre la corruption. Cela est d’autant plus pertinent pour IBK que « la gestion rationnelle des ressources demande que nous n’enfoncions pas les portes ouvertes, que nous évitions les duplications, et que nous procédions aux économies d’échelles requises ». Avant de conclure que « la guerre que je déclare à la corruption, à toutes les formes de corruption, passe par là ».
Après une brève présentation de la CASCA, Mme Konaté Djénéba dite Hady Tall, présidente de la cellule, a indiqué que les rapports analysés par sa structure proviennent du Bureau du Vérificateur général, du contrôle général des services publics et des inspections des départements ministériels. Selon elle, les bulletins 2011 et 2012, remis au Président de la République, résultent de la synthèse de 217 rapports, issus de 151 vérifications financières, 37 missions conjointes, 12 vérifications de performances et 54 suivis de recommandations. Elle a précisé que 49 rapports ont fait l’objet de transmission à la justice, dont 32 rapports de 2011 et 17 de 2012.
Assane Koné