Mais des démentis ont été vite publiés, çà et là, pour certainement rassurer le monde entier. Certainement qu’au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé on nourrit de grands espoirs de voir cette épidémie mortelle maîtrisée rapidement, au vu de la mobilisation planétaire, pour ne pas se laisser entrainer par le train du pessimisme.
Même s’il faut croire l’Oms et avoir foi en la capacité organisationnelle exceptionnelle du Royaume d’Arabie Saoudite, il y a de quoi se poser des questions sur comment pourrait se dérouler le pèlerinage à la Mecque cette année, si nous savons que la maladie à coronavirus (que l’Oms a baptisé Corad-19) non seulement a perturbé la circulation des personnes et des biens au niveau planétaire, mais impose, comme une des premières mesures de prévention, d’éviter le regroupement de personnes.
Alors, comment s’y prendre si nous savons qu’il n’y a pas de mouvement massif de personnes dans le monde autant qu’on en voit chaque année lors du pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam.
Nous voyons déjà les autorités saoudiennes dans une situation bien embarrassante car les formalités et préparatifs de la campagne du Hadj 2020 ont bien commencé dans plusieurs pays, avec tout ce que cela engendre comme efforts physiques et financiers. En plus, en tenant compte du grand impact économique du pèlerinage sur l’économie saoudienne, une mesure de renoncement à l’arrivée des pèlerins sur son sol ne serait qu’une mesure vraiment exceptionnelle, prise à contrecœur par les autorités saoudiennes.
Alors, que faire ? Telle est la question qui taraude tous les esprits et braque l’attention du monde entier sur les autorités politiques de Ryad qui, certainement, ne se sont jamais retrouvées face à une situation mondiale aussi délicate.
En effet, la contamination du nouveau coronavirus s’accélère au point que l’Organisation mondiale de la santé a évoqué un risque de pandémie. “Nous devons nous concentrer sur les mesures d’endiguement du Covid-19, tout en nous préparant à une potentielle pandémie”, déclarait, le lundi 24 février dernier, le directeur général de l’Oms, Tedros Adhanom Ghebreyesus, après l’augmentation soudaine “très préoccupante” des contaminations dans de nombreux pays comme l’Italie, la Corée du sud ou l’Iran et ses voisins du Golfe.
Des propos qui se justifient à présent, puisqu’au moins trente-cinq pays sont dorénavant touchés par le coronavirus. L’inquiétude est particulièrement vive en ce qui concerne la Corée du Sud, l’Iran et l’Italie. En Chine, des experts de l’Oms se sont rendus dans plusieurs provinces et ont constaté que l’épidémie avait atteint un pic, suivi d’un plateau jusqu’à début février, et depuis elle décline. Mais ce n’est pas une raison de baisser les bras car l’épidémie se propage dans le monde comme de la poussière abandonnée au vent.
La Corée du Sud est le deuxième pays le plus touché par le Corad-19. La situation en Iran est aussi très inquiétante, au point que l’Oms a dépêché une délégation sur place depuis le 25 février 2020. En Europe, l’Italie reste le pays le plus touché, avec une épidémie qui se propage rapidement, le nombre de cas de contamination passant de 6 à plusieurs centaines en seulement 6 jours. Pour ne citer que ces pays-là, sans passer sous silence l’Algérie déjà touchée et qui est aux portes du Mali.
Dans ce contexte caractérisé par de l’agitation mue par une inquiétude généralisée et surtout une méfiance qui pousse des Etats à se barricader, l’Arabie Saoudite sera-t-elle le contre-exemple de cette peur mondiale, en ouvrant ses frontières à l’occasion du pèlerinage ? C’est là où réside tout l’intérêt de la décision que devront prendre les autorités saoudiennes. C’est en ce sens que leurs propos sont scrutés, pour en savoir davantage sur leur position.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali