Le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a annoncé, lundi, le maintien des élections législatives du 29 mars 2020,lors d’une conférence de presse exclusivement consacrée à la menace du coronavirus et aux mesures adoptées par le gouvernement pour faire face à la pandémie.
Le chef du gouvernement a expliqué que par souci de survie de la nation et de continuité de l’Etat, les élections législatives sont maintenues. «Ces élections vont se tenir qu’il y ait ou pas de cas de maladie à coronavirus dans notre pays », a-t-il martelé, ajoutant que des précautions seront prises pour faire respecter les mesures de distanciation par les électeurs le jour du vote.
Le chef du gouvernement était accompagné du ministre de la Santé et des Affaires sociales, Michel Hamala Sidibé, du ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, et de celui des Transports et de la Mobilité urbaine, Ibrahima Abdoul Ly.
C’est dans une salle avec les mesures de distanciation observées et sans micro baladeur que s’est tenue cette rencontre avec la presse. Le ministre Yaya Sangaré, premier à prendre la parole, a indiqué que le continent africain, relativement épargné par le coronavirus, a été contaminé par des voyageurs venus d’Asie et d’Europe. Selon lui, la progression des tests positifs indique une contagion interne dans nos pays. « Sur les 54 pays du continent, a-t-il précisé, 31 sont déjà touchés par cette maladie. Et le nombre de malades est passé de 60 à 464 cas confirmés de la semaine du 13 au 17 mars 2020 ».
Pour le Premier ministre, le Mali n’est pas un pays à risque mais vulnérable du fait de la propagation de ce virus à un rythme assez alarmant «autour de nous». Dr Boubou Cissé a rappelé que les pays limitrophes du Mali, à l’exception du Niger, ont connu des cas de Covid-19. Conscient de la vulnérabilité de notre pays, le chef du gouvernement a dit que quels que soient les efforts faits, notre système de santé sera très rapidement saturé si le virus fait son apparition sur notre territoire.
C’est pourquoi, Dr Boubou Cissé a indiqué que tous les efforts des autorités en cours sont axés sur la prévention. A cet effet, des cordons ont été créés à l’aéroport de Bamako et dans les autres aéroports du Mali, aux niveaux terrestre et fluvial. Ces dispositifs, selon le Premier ministre, marchent tellement bien que jusqu’à présent, tous les cas suspects ont pu être ciblés et les tests ont été faits. Cependant, il a ajouté que le travail va consister à renforcer ces cordons pour mettre le Mali à l’abri d’une introduction du virus.
Au-delà de cette situation, dit-il, le gouvernement est en train de se préparer au pire, en arrêtant des dispositions pour la prise en charge d’éventuels cas. A cet effet, des dispositifs ont été mis en place à l’hôpital du Point G, à l’hôpital de Dermatologie, à l’hôpital du Mali et dans certains Centres de santé de référence. Et le même dispositif qui existe dans les capitales régionales, sera renforcé.
Le chef du gouvernement a indiqué qu’à Bamako, il y a une vingtaine de lits pour la prise en charge qui va être étendue à une centaine. Néanmoins, il a beaucoup insisté sur la prévention pour éviter le pire. C’est dans ce cadre que des mesures de précaution ont été prises par le gouvernement en Conseil des ministres. Aussi, l’idée de mettre en place des brigades de vigilance et de sensibilisation a été discutée. Il s’agit de recruter quelques centaines de jeunes qui tourneront dans les marchés et gares routières pour assurer ce rôle de vigilance et de sensibilisation.
SURVIE DE LA NATION –Malgré le risque, le Premier ministre a jugé que la vie de la nation doit continuer. Et cela nécessite que certaines activités puissent continuer. « Nous ne pouvons pas interdire que les marchés se tiennent mais nous allons faire en sorte que les comportements des uns et des autres correspondent aux recommandations faites par les experts et les mesures draconiennes proposées par le Conseil supérieur de la défense », a-t-il indiqué.
Le Premier ministre a aussi évoqué le plan d’urgence contre le Covid-19 préparé par le ministère en charge de la Santé, et dont le montant est de 6,3 milliards Fcfa. « En plus, a-t-il annoncé, des partenaires techniques et financiers sont prêts à aider notre pays avec environ 17, 5 milliards Fcfa sous forme de prêts et de dons ».
Pour sa part, le ministre des Transports et de la Mobilité urbaine a indiqué que la décision de fermeture des frontières aériennes sauf pour les vols cargo a été prorogée à ce soir (vendredi) à 23H59 pour des raisons humanitaires. Il a tenu à préciser que l’aéroport ne sera pas fermé car il y aura des autorisations au coup par coup pour diverses raisons.
Pour les transports terrestres, les corridors ont été pris en charge par l’installation de cordons sanitaires. S’agissant des transports terrestres de voyageurs, le ministre Ly dit avoir rencontré les syndicats pour l’application des mesures préventives dans les gares routières. Et il doit rencontrer les transporteurs urbains et interurbains pour le même exercice.
Le ministre de la Santé et des Affaires sociales a, de son côté, indiqué que les temps sont très graves. «Nous sommes en face d’une des plus graves pandémies que nous avons connues», a déclaré Michel Hamala Sidibé qui a conseillé de prendre très au sérieux les mesures préconisées par le gouvernement. Pour combattre une pandémie, il dira qu’il faut le leadership, l’engagement politique à tous les niveaux, toutes choses que nous avons chez nous. Pour faire face à la menace, le ministre Sidibé a promis de mobiliser tous les soignants à la retraite, de lancer une coalition du secteur privé contre cette pandémie.
DD/MD (AMAP)