À l’heure où les États doivent rehausser leurs engagements à Glasgow, Climate Chance poursuit ainsi sa mission d’observation de la mise en œuvre des actions annoncées, de suivi de l’évolution des émissions et d’analyse des stratégies des acteurs par rapport aux objectifs climatiques internationaux rapporte le communiqué de presse reçu
Six ans après l’adoption de l’Accord de Paris, cette publication propose une synthèse unique de l’action climat au niveau mondial dans les grands secteurs d’émissions : énergie, transports, bâtiments, industrie, déchets, usage des sols.
Lors d’une conférence de presse se tenant à la COP26 de Glasgow le 8 novembre, Climate Chance présente les 10 Grands enseignements du Bilan mondial de l’action climat par secteur 2021 de l’Observatoire Climate Chance poursuit le communiqué de presse que sont :
1. La reprise mondiale des émissions laisse entrevoir des profils régionaux bien distincts
La dépendance au charbon trace une ligne de fracture entre les régions qui s’en détournent (États-Unis, Europe) où la reprise des émissions n’efface pas la baisse due à la pandémie, et les régions où le charbon a conservé le soutien des pouvoirs publics (Asie-Pacifique). À tel point qu’il est la cause principale du rebond des émissions à des niveaux supérieurs à ceux de 2019
2. L’adoption des énergies renouvelables et de la mobilité bas carbone accélère dans les grandes économies
Des transitions relatives s’opèrent à l’échelle régionale avec l’adoption accélérée d’énergie renouvelable et de la mobilité électrique. En revanche, il n’y a toujours pas de transition observable à l’échelle globale à proprement parler. Plutôt qu’une substitution nette des modes de production et de consommation bas carbone à des modes carbonés et émissifs, la tendance de la période reste à l’accumulation des énergies fossiles et bas carbone, du parc de véhicules thermiques et électriques, des nouvelles constructions aux normes et du bâti ancien à rénover, etc.
3. L’électrification des usages et la décarbonation du mix électrique sont aujourd’hui désynchronisées
L’efficacité du « tout électrique » pour le climat ne peut être assurée que par un mix électrique dominé par les énergies bas carbone. Or, si la production d’origine renouvelable est au plus haut en 2020, les mix des grands marchés que sont la Chine, l’Inde, les États-Unis et dans une moindre mesure l’Europe, restent majoritairement dépendants du charbon et du gaz.
4. La demande en biens et services bas carbone dépasse la capacité d’adaptation des chaînes d’approvisionnement de l’économie mondiale
Trop lentes pour le climat, les transitions régionales vont trop vite pour les chaînes d’approvisionnement mondiales. C’est donc un moment charnière d’adaptation à marche forcée de l’économie mondialisée aux nouvelles exigences d’un monde bas carbone auquel nous assistons, dans un contexte de restrictions et de pénuries provoquées par la pandémie et ses conséquences
5. Boussole des engagements depuis l’Accord de Paris, la « neutralité carbone » intègre les stratégies de relance et de croissance des grandes entreprises
Les grands groupes privés se saisissent du concept de la « neutralité carbone » et formulent des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus en plus souvent associés à des plans d’action détaillés.
Y compris dans des secteurs très carbonés comme les compagnies pétrolières et minières. Il reste néanmoins à vérifier que cet engagement à trente ans ne masque pas les retards dans les mesures à 10 ans, alors que c’est la rapidité de la baisse qui est le socle des scénarios de stabilisation du climat sous les deux degrés.
6. Ruptures d’approvisionnement et engagements à la ‘neutralité carbone’ poussent les entreprises à la concentration et à l’intégration verticale des filières
L’adaptation des acteurs aux pénuries multiples et à l’économie bas carbone se lit également à travers la concentration progressive de certains marchés autour de quelques acteurs dominants, et l’intégration verticale des filières entre fournisseurs de matières premières et fabricants de produits finis. La fin de mécanismes d’aides publiques à la production d’énergie et l’explosion des Power Purchase Agreement renforcent l’émergence d’un « marché de gros », plutôt favorable aux grands énergéticiens qu’aux entreprises municipales et aux coopératives citoyennes.
7. Les technologies de rupture gagnent en crédibilité pour les secteurs qui ne parviennent pas à se décarboner
À la faveur de la reprise économique et des plans de relance, l’hydrogène bas carbone et la capture du carbone (CCUS), ont bénéficié d’investissements massifs en 2020 et d’un regain d’intérêt politique. À l’heure actuelle, leur utilisation à des fins de décarbonation demeure toutefois marginale, et leur développement repose beaucoup sur les énergies fossiles.
8. Entre investissements verts et bruns, les États orientent la reprise d’une manière ambigüe
Face aux pressions sur les chaînes d’approvisionnements en biens et matières premières stratégiques à la transition, les États occidentaux tentent de reconstituer des écosystèmes industriels régionaux orientés vers les technologies bas carbone. Aux côtés de plans de sauvetage, souvent sans contreparties climatiques pour des industries émettrices, une partie des plans de relance portés dans le G20 tente d’orienter la reprise vers la transition.
9. Souvent moteurs de l’accélération de l’action climat, les gouvernements locaux adaptent le tempo de la transition aux besoins et capacités de leurs territoires
Pour l’approvisionnement en énergie renouvelable, la transformation de la mobilité urbaine, la gestion des déchets ou l’encadrement de la construction et de l’approvisionnement énergétique des bâtiments, les gouvernements locaux peuvent accélérer la création d’un environnement favorable à la transition. À l’inverse, les réticences de certains États américains à l’abandon des énergies fossiles dans les bâtiments ou la mobilité montrent que les gouvernements locaux peuvent freiner la transition lorsqu’elle menace les intérêts économiques de leurs territoires.
10. Avec l’activisme actionnarial, la société civile élargit son répertoire d’action
Après les marches et grèves pour le climat, puis l’émergence d’une culture militante non-violente propre à ce sujet, l’activisme actionnarial fait entrer la lutte climatique au cœur des assemblées générales des grandes entreprises, au point de parvenir à intégrer des conseils d’administration.
Dans un autre registre, le travail continu des ONG indonésiennes commence à porter ses fruits en renforçant la culture normative dans la filière huile palme.
Source: Babacar Sène babaclimat /journal Agropasteur