Le Niger, membre à part entière de l’Alliance des États du Sahel, relance complètement ses relations avec son voisin algérien alors que l’Algérie est en froid avec le Mali depuis un moment compte tenu des récentes attaques contre les membres des forces de défense et de sécurité maliennes dans la zone de Tinzawaten. Une situation confuse qui nécessite beaucoup de réflexion.
Du 11 au 13 août 2024, le Premier ministre du Niger, Ali Mahamane Zeine, accompagnée d’une forte délégation ministérielle était en visite officielle en Algérie. Une délégation composée des ministres de la défense nationale, de ceux de l’intérieur, de l’industrie, des transports et de la communication. Le Premier ministre a été reçu en grande pompe et par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui a décidé de donner un coup d’accélérateur à cette nouvelle coopération Niger-Algérie.
Toute chose qui permet aux deux pays de repartir sur de bonnes bases après une période de froid qui a commencé avec le coup d’État qui a renversé l’ancien président, Mohamed Bazoum, il y a de cela une année. Lors de cette rencontre, les délégations des deux pays ont abordé le tronçon de la route transsaharienne, du pétrole et le gaz. Au cœur des discussions, plusieurs autres sujets importants, notamment sur le plan sécuritaire, ont été abordés.
Si le Niger repart sur de bonnes bases avec son voisin de l’Algérie, les relations restent distantes entre le Mali et l’Algérie depuis le début de l’année. L’attaque récente qui a visé les forces armées maliennes à Tinzawaten a ravivé le doute et la méfiance qui existait entre les deux États. Depuis, c’est une morosité totale entre Bamako et Alger. Et voir qu’au même moment, l’un des alliés sûrs du Mali (le Niger) raffermit ses liens avec un potentiel adversaire ou pire ‘’ennemi’’ du Mali est tout aussi suspicieux.
Le fond du problème est clair : Bamako reproche depuis un moment à Alger ses liens avec les séparatistes touaregs et des groupes terroristes, ainsi que l’accueil fait le mardi 19 décembre 2024 par le président Abdelmadjid Tebboune à une délégation politico-religieuse malienne dirigée par l’imam Mahmoud Dicko, cet influent chef religieux et opposant au Gouvernement de la transition malienne. Cela a pu faire penser à ce dernier qu’Alger allait tenter d’ouvrir un nouveau front au Mali, afin de donner de l’air à ses alliés touareg actuellement en débandade totale.
Au cœur de ces différends, les deux pays, ont même eu à se tirailler sur le plan diplomatique où chacun avait rappelé son ambassadeur pour une courte durée. Et pour ne rien arranger, l’ultime camouflet pour l’Algérie, le 25 janvier 2024, le gouvernement malien de transition a annoncé sa sortie des accords d’Alger, signés en 2015, qui prévoyaient notamment de rétablir la paix au Mali par une politique de régionalisation, avec notamment la création d’assemblées régionales élues au suffrage universel direct, mais sans autonomie ni fédéralisme. Or, tout au contraire, les actuelles autorités maliennes considéraient que cet accord faisait la part belle aux séparatistes touaregs et ont décidé d’y mettre un terme.
Alors comment se ferait cette nouvelle alliance Mali-Niger d’un côté et Niger-Algérie de l’autre, sachant bien que le Mali dans sa politique actuelle ne permet aucune confusion dans sa coopération ? Le Niger pourrait-il mener à bien son rôle dans l’AES tout en ayant l’Algérie comme partenaire stratégique ? Ne sera-t-il pas obligé de faire un choix entre Mali (AES) et Algérie ? Ou alors le Niger pourrait-il réussir à rapprocher le Mali et l’Algérie ? Voilà autant de questions auxquelles il est, pour l’instant, difficile de répondre avec certitude. Mais, c’est l’avenir qui édifiera chacun.
Amadou Kodio
Source : Ziré