Dans sa tournée africaine entamée le 31 décembre, le Ministre français de la défense, Jean Yves le Drian, a séjourné dans notre capitale où il s’est entretenu avec nos hautes autorités. Au menu des échanges, un accord de défense franco- malien a été programmé. Cet accord verra diminuer l’effectif militaire de la France de 2500 hommes actuellement à un millier, début 2014. La signature de cet accord est prévue d’ici la fin de ce mois.
La crise que traverse notre pays dans sa partie septentrionale a été ressentie avec beaucoup d’amertume par nos compatriotes. Et n’eut été la force de frappe de l’opération serval, ce 11 janvier 2013, le pire était à attendre. Car notre système de défense n’était point à la hauteur de nos attentes légitimes. Notre appareil de défense s’est révélé inapte à faire face à sa mission régalienne, qui est la défense de la patrie.
Ces djihadistes et narcotrafiquants étaient lourdement et mieux outillés en armes sophistiquées que notre armée nationale. Conscientes de la complexité du dossier du nord Mali, les nouvelles autorités sont en train de mettre les bouchées doubles pour éviter la réédition de la grande humiliation nationale. Ainsi, un accord de défense pointe à l’horizon entre notre pays et l’ex puissance colonisatrice, la France. La question qui taraude les esprits est de savoir le contenu de cet accord. Le Mali sortira t-il gagnant ? Il est utile de préciser que le territoire de notre pays est extrêmement vaste. Et par conséquent notre pays n’a ni les moyens matériels, ni les ressources humaines nécessaires pour garantir l’intégrité de notre territoire. Ce qui a laissé le champ libre aux groupuscules de tous poils de s’implanter et de se livrer à des activités illicites sur notre territoire à savoir trafic d’armes, de drogue, prise d’otage etc. Et cela depuis une dizaine d’années au grand dam du soldat de la démocratie. En tout cas, le peuple malien aspire profondément à une paix durable pour se tourner résolument vers son développement économique et social. Depuis 1963, date de la première rébellion, notre pays est confronté à un défi majeur de sécurisation de l’intégrité de son territoire. Toute chose qui a entrainé la déliquescence de l’autorité de l’Etat.
Cet accord de défense franco- malien sera-t-il gagnant -gagnant ?
Cette nouvelle donne qui se dessine dans la coopération franco-malienne marque un tournant décisif dans les relations internationales de notre pays. Aux premières heures de l’indépendance, le père de l’indépendance Modibo Keita, a opté pour une souveraineté pleine et entière avec tous ses attributs. Au fil du temps, notre pays a fait l’objet de nombreux soubresauts dans sa partie septentrionale. Et cela a révélé l’incapacité de notre pays à assurer sa suprématie sur son territoire. Par la force des choses, l’accord de défense qui a été rejeté hier, s’est retrouvé au devant de la scène. Comme dit l’adage « A l’impossible, nul n’est tenu ». Et notre pays est contraint de passer à un accord de défense pouvant garantir le règne d’une paix durable. Pourtant, cet accord fait débat au sein de l’opinion malienne. Beaucoup d’observateurs estiment que cela consacrera le retour de la France avec comme objectif principal l’appropriation des ressources du nord et la balkanisation future du Mali. Car, ils sont convaincus d’une chose : «il n’ya pas d’actions sans intérêt dans les relations entre Etat».Et d’autres pensent que cet accord de défense est salutaire, en raison de l’immensité de notre territoire et la faiblesse de nos moyens. Mais là ou le bas blesse dans cette affaire est que le peuple ignore complètement les contours de cet accord. Il n’a même pas été informé le pouvoir en place. Un tel accord mal négocié risque de coûter cher à notre pays. Il devrait être au préalable fait l’objet d’un débat au sein du parlement.
En tout état de cause, il apparait évident que le Mali ne dispose pas encore suffisamment de moyens logistiques pour contrôler ses frontières qui sont à la limite poreuses. Ce qui nécessite pour notre Pays une assistance extérieure en vue de faire face à l’insécurité grandissante dans le Sahel. De ce fait, la realpolitik exige de s’inscrire dans l’air du temps. Tout en évitant de tomber dans une erreur pouvant compromettre l’avenir du pays. Il nous faut un accord gagnant -gagnant. Il semble opportun pour le nouveau maitre du pays de peser de tout son poids pour arracher un accord qui va à l’avantage de la préservation de l’unicité de notre pays et de la sauvegarde des intérêts supérieurs de la nation.
Boubacar SIDIBE
SOURCE: Le Prétoire