L’arrêt de la Cour constitutionnelle, rendu le jeudi 30 avril dernier, ravive les tensions dans plusieurs localités du pays. Des contestataires s’estimant volés tiennent des rassemblements sporadiques à Bamako, Kati, Bougouni et à Sikasso.
Les manifestants dénoncent un hold-up électoral. Ils accusent la Cour constitutionnelle d’avoir falsifié les résultats et volé la » victoire du peuple » en » nommant » des députés. De Bamako à Sikasso en passant par Kati et Bougouni, des centaines de contestataires brûlent des pneus et barricadent les routes.
En Commune I du district de Bamako, les manifestations sont devenues quotidiennes. Des jeunes brûlent régulièrement des pneus sur les routes avant d’être dispersés par les forces de l’ordre. Ils reprochent à la Cour constitutionnelle d’avoir attribué leur victoire aux candidats de la liste RPM-ADEMA-PASJ.
Le verdict de la Cour donne, en effet, cette alliance gagnante avec 51,72% des suffrages exprimés alors qu’elle n’avait récolté que 45,84%, selon les résultats provisoires proclamés par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Ce retournement consécutif à l’annulation de trois centres de vote est perçu par les manifestants comme un vol et une falsification.
Des protestations, moins virulentes, ont également bloqué par moment les routes en Communes V et VI du district. Dans le premier lieu, l’alliance conduite par le député sortant Moussa Timbiné est passée in extremis avec 50,32 % alors que les résultats provisoires le donnaient perdant avec 49,62%. Même scénario en Commune VI où l’alliance RPMADEMA-PSJ a renversé la tendance en obtenant 54,76% de voix contre 47,69% (résultat provisoire).
» Incitation à la haine «
A Kati, ville située à une vingtaine de kilomètres de Bamako, le rassemblement annoncé pour hier n’a pas eu lieu. Le député sortant Bourama Traoré, l’un des sept candidats de la liste déclarée vaincue par la Cour constitutionnelle a été interpellé par la gendarmerie, selon plusieurs sources, pour » incitation à la haine. » Deux élus communaux qui lui sont proches auraient été également arrêtés dans la matinée d’hier lundi.
Yeah Samaké, un candidat qui a soutenu la liste des candidats contestataires, a confié hier à L’Indépendant que » les résultats de la Cour ne reflètent pas l’attitude des citoyens. » Pour lui, les neuf sages auraient dû sanctionner les fautifs au lieu d’annuler le vote des électeurs. » Un bon nombre des nouveaux députés sont nommés et non élus « , a-t- déploré.
Les manifestants ne décolèrent pas également à Bougouni. Pour cause la liste de Bakari Togola, donnée vainqueur par les résultats provisoires, a été battue selon l’arrêt de la Cour constitutionnelle.
La ville de Sikasso où les contestations ont été plus ou moins rudes, les partisans de l’Alliance Adema- Asma-CFP bloquent régulièrement la route nationale n°7. » Nous allons paralyser le trafic routier et les activités jusqu’à ce qu’on nous rende notre victoire « , a déclaré un manifestant sikassois dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
Moussa Sayon CAMARA
Source : l’Indépendant