Dernier jour de campagne au Congo-Brazzaville avant le référendum contesté de dimanche. Un vote sur une nouvelle Constitution qui permettrait au président Denis Sassou-Nguesso de briguer un nouveau mandat en 2016. Contrairement à ce qu’ils avaient prévu, les opposants n’organiseront pas de grand meeting cet après-midi. Ils assurent d’ailleurs que les autorités ont interdit tous les rassemblements, dans les deux camps. Au milieu de ce débat très vif, il existe toute une partie de la population que l’on entend moins, des habitants méfiants vis-à-vis de la classe politique et surtout inquiets pour la paix dans le pays.
Christine avance sous la chaleur dans une ruelle du quartier de Bakongo : « Je vais de l’autre côté chercher de l’eau. Ici, les boutiques sont toutes fermées. » Depuis trois jours, cette femme d’une cinquantaine d’années a le ventre et la gorge noués, les violences ont réveillé chez elle de mauvais souvenirs du temps de la guerre civile.
« Mon problème n’est pas politique, explique-t-elle. Mon problème est un problème de mère. Je m’inquiète pour les enfants. Je pense que pour que nous dormions tranquilles, [il faut] qu’on fasse le référendum. C’est cela la démocratie. Faisons le référendum, comme ça au moins, on va vivre dans la paix. »
Aimé est jardinier, il rentre du travail. Derrière lui défilent les devantures d’échoppes fermées depuis mardi. Il raconte : « Il y a ma femme qui a accouché. J’ai cherché des médicaments partout. Je n’ai rien trouvé. Malheureusement, c’est vrai. On en a marre. De toutes les façons, ce ne sont ni les gens de l’opposition, ni de la mouvance [présidentielle] qui subviennent à nos besoins. Nous, nous subvenons à nos besoins à la sueur de notre front, mais au moins qu’une solution à l’amiable soit trouvée, pas dans le déchirement, pas dans la guerre. »
Référendum ou non, tous deux en appellent à la responsabilité de leurs hommes politiques auxquels pourtant ils ne croient plus beaucoup depuis longtemps.
Source: RFI