Les Maliens étaient appelés aux urnes le dimanche 19 avril 2020 pour le second tour des élections législatives dans un contexte caractérisé par la maladie de Coronavirus. Dans les Centres de vote visités, malgré quelques retards constatés à l’ouverture de bureaux de vote et quelques changements d’assesseurs à la dernière minute, le scrutin s’est déroulé dans le calme dans l’ensemble.
A la mi-journée, le taux de participation était très faible. Néanmoins les premiers chiffres lors des dépouillements montrent une nette augmentation en fin de journée.
Il faut dire que les duels dans les urnes opposaient des candidats dans plusieurs circonscriptions notamment celles de Bamako, de Kati, Kolondieba, Bougouni. Dans toutes ces circonscriptions, aucune liste ou groupe de listes ne peuvent se prévaloir de la victoire en ce sens que tout peut arriver au second tour.
Qu’à cela ne tienne, à l’issue de ce deuxième tour, tout porte à croire que les camarades de Bocari Tréta, (président du parti des Tisserands) n’auront aucune peine à avoir la majorité parlementaire. Pour ces élections, aucune formation politique (opposition ou majorité) ne pourrait avoir la majorité absolue des députés. Du coup, le RPM sera obligé de composer avec ses alliés traditionnels notamment l’Adéma, pour mieux contrôler l’Assemblée comme cela fut le cas en 2013. A l’occasion de la dernière législative, sur les 147 sièges que compte l’Assemblée nationale, le RPM avait obtenu 60. L’Adéma avait obtenu une quarantaine, formant ainsi la majorité absolue. L’Union pour la République et la démocratie (Opposition), s’était contentée d’une vingtaine de députés (premier des partis de l’opposition) ce qui a propulsé Soumaïla Cissé au poste de chef de file de l’opposition parlementaire.
Aujourd’hui, si nombre d’observateurs s’accordent à dire que l’URD n’aura pas de mal à garder son fauteuil surtout qu’après les résultats du 1er tour, le parti de la Poignée vient en seconde position après le RPM. Et qu’il a une position confortable dans plusieurs localités pour ce second tour, tenu hier.
D’autres observateurs s’interrogent si le président de l’URD va-t-il conservé son fauteuil de chef de file de l’opposition ? Pour eux, tout peut arriver dans la mesure où plusieurs partis politiques guettent ce fauteuil à commencer par le parti ASMA, la Codem. Membres de la majorité présidentielle, ces deux formations s’il venait à se classer 3e force politique à l’Assemblée après le RPM et l’Adéma, vont sans doute s’inscrire sur la liste des partis d’opposition rien que pour occuper le fauteuil de chef de file de l’opposition.
Exceptée l’Adéma, tous les autres partis ne verront pas de mal à migrer dans l’opposition rien que pour s’adjuger les avantages liés au poste de chef de file de l’opposition.
Toutefois, l’option de voire le RPM ne pas s’adjuger la majorité est très mince voire impossible surtout que le parti s’adjuge déjà 10 députés (à l’issue du 1er tour). Mais, au cas où les Tisserands ne parvenaient pas à ratisser large, (ce qui est improbable) ils ne doivent que s’en prendre qu’à eux-mêmes. Il n’est caché de personne qu’au sein des Tisserands, une guéguerre permanente s’est installée entre des membres du parti du sommet à la base. L’exemple le plus palpable est celui de la Commune V. Le président du parti, et le maire de la Commune V pour des raisons d’égos, ont juré de faire tomber le secrétaire général de la section, Moussa Timbiné au profit d’autres partis. Le cas de la Commune V n’est que la face visible de l’iceberg. Après la victoire de 2013 à la présidentielle et aux législatives, les Tisserands ne sont plus parvenu à tisser du bon fil à tel enseigne que cela à impacter sur la nature de leur soutien aux actions du président IBK. A l’allure où cette guerre fratricide déchire les Tisserands, l’unanimité sur le choix d’un candidat pour 2023 sera très difficile voire impossible. Et, dans ce cas, c’est l’URD qui va récolter ce que les tisserands ont semé.
Mamadou Sidibé
Source: Arc en ciel