53% de nos compatriotes estiment que leurs conditions de vie sont mauvaises, tandis qu’un peu plus du tiers des Maliens adultes les jugent bonnes, selon une enquête de GREAT réalisée en 2014
Le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT) et son réseau de recherche Afrobaromètre ont publié vendredi les résultats d’une enquête sur les conditions de vie des Maliens. Les enquêteurs devaient mettre en exergue la perception de nos compatriotes, d’une façon générale, de leurs conditions de vie. L’enquête s’est intéressée dans un premier temps aux populations afin qu’elles se prononcent elles mêmes sur leurs conditions de vie. Le second volet du travail a porté sur les observations des enquêteurs sur le terrain. En plus des conditions de vie des populations, l’enquête révèle aussi les privations d’infrastructures et services sociaux de base dans notre pays. Le résultat de l’enquête présente un tableau plutôt contrasté.
L’enquête a été réalisée en décembre 2014 auprès de 1.200 participants, a indiqué le directeur exécutif de GREAT, le professeur Massa Coulibaly. Elle révèle que la majorité des Maliens pense que ses conditions de vie sont mauvaises.
Les données montrent aussi, dit-il, que très peu de Maliens ont accès au réseau électrique, à un système d’adduction d’eau, au système d’évacuation d’eaux usées et à un réseau GSM disponible à proximité. Ces mêmes Maliens souffrent de la non disponibilité à une distance de marche d’école, de poste de police, de centre de santé, de marché, de banque, de moyen de transport payant. A ces difficultés, s’ajoute l’absence des routes pavées, goudronnées ou en béton.
Comment les Maliens décrivent-ils leurs conditions de vie ? L’enquête établit que 53% estiment que leurs conditions de vie sont mauvaises. Un peu plus du tiers des Maliens adultes jugent leurs conditions bonnes. C’est à Kayes et à Tombouctou que les citoyens sont les plus nombreux à penser que leurs conditions de vie sont mauvaises, soit 64%. Suivent les régions de Mopti et Gao (58%). Les Sikassois pensent, en majorité, que leurs conditions de vie sont bonnes. A Bamako, l’enquête révèle que les gens qui apprécient leurs conditions de vie (38%) sont légèrement plus nombreux que ceux qui pensent le contraire. Les ruraux sont plus nombreux à juger leurs conditions de vie mauvaises que les urbains (56% contre 45%).
Massa Coulibaly retient que plus le niveau d’éducation est élevé, moins les citoyens critiquent leurs conditions de vie. Ainsi, 55% des Maliens sans éducation formelle qualifient de mauvaises leurs conditions de vie, pour 53% de gens ayant le niveau primaire et 43% pour les niveaux secondaire et supérieur. Pour la disponibilité à proximité de services comme le réseau électrique, le système d’adduction d’eau, le système d’évacuation des eaux usées et le réseau GSM auxquels le citoyen peut accéder, ils sont seulement 1 sur 10 à avoir dans leur environnement le plus proche l’ensemble des services ci-dessus énumérés.
Bamako est majoritairement desservi par ces services. La capitale est suivie de la région de Kayes (14%), Mopti (10%) et Sikasso (4%). Ces services ne sont presque pas simultanément accessibles aux citoyens dans le reste des régions, souligne François Koné, l’un des conférenciers. Le pire en terme d’accès à ces services à proximité se situe en milieu rural avec 1%, tandis qu’en milieu urbain, ce taux remonte à 42%. Par ailleurs, les résultats indiquent que sont disponibles simultanément pour seulement 19% des Maliens, entre autres, école, poste de police, de gendarmerie, centre de santé, marché, banque ou guichet de microfinance.
LES URBAINS PLUS QUE LES RURAUX. Après Bamako 43%, viennent les régions du sud avec Kayes en tête avec 26%, Koulikoro 25%, Ségou 19%, Sikasso en bas de l’échelle avec 11%. Les régions du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal, plus Mopti, la région du centre, ne sont presque pas desservies par ces facilités simultanément. Les urbains y ont encore une fois plus accès que les ruraux, 40% contre 12%.
Les enquêtes montrent que 3 Maliens sur 5 sont privés d’au moins un bien ou service et qu’un Malien sur 10 est privé d’au moins trois biens. La région de Koulikoro (42%) est après Bamako (39%), la région la moins frappée par la privation en biens et services. Tombouctou bat le record avec 96% de privation suivi de Kidal (92%). A Sikasso (73%), les gens sont plus privés qu’à Gao (68%).
Majoritairement, les citadins n’ont connu aucune privation (55%). Par contre ils sont 65% les ruraux, à être privés d’au moins un bien. « Dans ce rapport, la privation sévère est définie comme étant, la privation simultanée d’au moins trois biens ou service. Le milieu rural est plus frappé par cette privation que le milieu urbain soit 10% contre 7%. Ce faisant, que ce soit en privation sévère ou modérée, le milieu rural est plus frappé que le milieu urbain », a insisté François Coulibaly.
Pour les secteurs à promouvoir, les Maliens sont nombreux à proposer le développement agricole comme première priorité. La santé vient au second rang si jamais les dépenses d’investissement public augmentaient. Bref, la promotion du secteur de développement agricole constitue la préoccupation dans toutes les régions, exceptées celles de Gao, de Kidal et de Bamako. A Gao et Kidal, la priorité est à la santé tandis qu’à Bamako, les citoyens placent le développement de l’éducation en première priorité. Ce qui fait dire au conférencier que les milieux urbain et rural sont en opposition de phase, s’agissant du secteur à prioriser pour une éventuelle promotion.
Dans le domaine de la solidarité et du bien-être matériel, l’enquête constate que la majorité des Maliens ne reçoit pas de transfert de fonds de l’extérieur (70%). 6% le reçoivent néanmoins au moins une fois par an. Comme on pouvait s’y attendre, Kayes pointe au premier rang pour la réception de fonds de l’extérieur avec 11% tous les mois, doublant ainsi la moyenne nationale (5%). Après Kayes, Bamako est le plus servi en transfert de fonds venant de l’extérieur (7%) suivi par Ségou (6%). Les trois régions du nord, Tombouctou Gao et Kidal, se situent en queue de peloton.
Dans ce domaine des transferts de fonds, les urbains reçoivent plus que les ruraux (8% contre 4%) et les femmes plus que les hommes (6% contre 4%).
M. A. TRAORE
source : Essor