En prélude aux concertations des forces vives sur la charte des partis politiques, initiées par le gouvernement, des leaders politiques se sont rencontrés, le dimanche 13 avril 2025, au Centre international de conférence de Bamako (CICB) pour tenter de former un bloc face aux menaces pesant sur l’avenir du multipartisme. Au cours de cette réunion, de nombreux responsables ont proposé de ne pas partir aux dites concertations avec seulement deux représentants.
« Il faut que les partis politiques s’unissent », interpellent des participants au dialogue initié par le Forum des partis et mouvements (FPMP) et l’Initiative pour la charte des partis politiques (IPAC) face au risque de dissolution de leur formation politique, qui pourrait être acté lors des concertations en vue.
Une menace sur l’avenir du multipartisme qui a suscité l’inquiétude des leaders politiques, lesquels sonnent la mobilisation.
Ce jour, au CICB, les partis politiques, affaiblis durant cette transition, dénoncent la forme de cette initiative pour l’avoir apprise par voie de presse, cassant ainsi la dynamique de confiance qui renaît.
En effet, dans le cadre de la relecture de la Charte des partis politiques, le gouvernement a tenu à écouter les acteurs concernés en vue de tenir compte de leurs observations.« Ce processus était à saluer parce qu’il était fondé sur le dialogue salvateur pour le pays. L’objectif était d’éviter toute sorte de fiction et de front », a rappelé Me Mountaga TALL, soulignant que la stabilité, la cohésion et l’entente constituent une nécessité pour notre pays déjà en proie à l’insécurité.
Pour Me TALL, la dissolution des partis politiques au Burkina Faso ne peut pas être dupliquée au Mali pour plusieurs raisons.
D’abord, au Burkina Faso, la constitution est suspendue, tandis que le Mali a fait le choix d’écrire une nouvelle constitution qui conserve le multipartisme.
« C’est cette constitution qui nous engage tous. Les pays qui n’ont pas de constitution peuvent se permettre certaines choses, par contre pour nous, ce sera difficile », a commenté Mountaga TALL.
Ensuite, les Assises nationales de la refondation, considérées comme la boussole de la transition, ont reconnu et acté l’existence des partis politiques, même si elles avaient émis des réserves sur le fonctionnement et la vie des partis politiques, justifiant la relecture de la Charte des formations politiques.
« On a suivi tous les points que les ANR nous ont demandés. On est allé plus loin en termes d’exigence sur les partis politiques », a déclaré Me TALL, d’où son étonnement : pourquoi enfoncer une porte ouverte ?
Or, il n’y a rien au Mali au-dessus des ANR à part le référendum. Donc, les concertations en vue ne peuvent s’opposer aux dispositions des ARN, a clarifié Mountaga TALL.
À ces rencontres, au niveau régional, les partis politiques seront représentés par deux personnes, une décision déjà contestée par les participants.
« C’est la survie des partis politiques qui est en jeu », pestent des intervenants qui invitent les acteurs politiques à être des sentinelles pour défendre les idéaux de mars 1991 et honorer les mémoires des martyrs de la révolution contre le régime dictatorial de feu Moussa TRAORE.
« La gestion d’un État est confiée aux politiques. Un militaire qui ambitionne de diriger le pays doit respecter la loi en démissionnant de l’armée. À cet effet, on n’acceptera pas qu’un militaire nous gouverne. On ne doit jamais accepter cela », a déclaré Mamadou TRAORE dit le Roi, représentant de la plateforme Jiguya Kura.
« Toute l’administration est prise en otage par les militaires. Au même moment, les partis politiques gardent le silence. On doit mener le combat contre cette pratique. Nous sommes aussi les fils de ce pays », a-t-il exhorté.
Figurant parmi les 11 leaders politiques qui avaient été arrêtés pour avoir violé la mesure sur la suspension des activités des partis politiques, M. TRAORÉ se dit prêt à y retourner pour défendre les valeurs démocratiques.
Par ailleurs, a-t-il accusé, les partis politiques ont manqué de cohérence et ont « fait trop de calculs » sous la transition pour des postes de responsabilité.
A l’issue de la rencontre, les participants ont décidé de ne pas participer aux dites concertations si les partis politiques ne sont pas suffisamment représentés.
Selon eux, il n’est pas question d’aller à ces concertations avec deux représentants pour les partis politiques.
Sur le sujet, ils animent ce matin un point de presse à la Maison de la presse.
PAR SIKOU BAH