Le PARENA a pris connaissance des conclusions de la dernière mission du Fonds Monétaire international (FMI) qui s’est rendue au Mali du 11 au 25 septembre 2014.
Il salue l’annonce de la reprise prochaine des versements au titre de l’aide budgétaire car c’est le peuple malien qui souffre de la suspension de cette aide. Les auteurs, complices et profiteurs des détournements scandaleux et des dépenses irrégulières de prestige n’étant guère affectés par les sanctions prises par les partenaires techniques et financiers.
Le PARENA constate, avec regret, que si on l’avait un tant soit peu écouté en avril dernier et pris en compte les pertinentes recommandations contenues dans son mémorandum, le pays aurait limité les dégâts constatés aujourd’hui.
En effet, nous observons avec amertume que le FMI a amplement confirmé les allégations de surfacturations massives et de grossières irrégularités opérées par les pouvoirs publics dès les premiers mois du mandat du président IBK.
Les contorsions auxquelles le gouvernement s’est livré ces derniers jours et les scandales révélés pendant la mission du FMI ne sont pas à l’honneur du Mali.
Quand le PARENA a, entre autres, dénoncé dans son mémorandum d’avril le marché attribué à Guo-Star SARL, le président de la République a répondu : « Là encore, je n’ai aucune gêne. Ce contrat existe bel et bien…… »
Ce contrat dont je ne me suis pas occupé, a été conclu dans les règles avec la société Guo-Star, connue sur la place de Bamako, qui a obtenu la garantie des banques. Les trois fournisseurs sont français et eux aussi ont pignon sur rue. Tout cela est clair ». (Jeune Afrique du 3 mai 2014).
Dans la même interview, le chef de l’État dit de son conseiller spécial: » c’est un entrepreneur malien….c’est un spécialiste de l’ingénierie financière….. »
Y a t-il meilleure preuve de la collusion entre le sommet de l’État et les milieux affairistes qui ont saigné les finances publiques?
1- Dans l’affaire de Guo-Star SARL, nous sommes en face d’un scandale à facettes multiples :
l’introduction par lettre officielle ( du 03 novembre 2013, soit dix jours avant la signature du protocole d’accord du 13 novembre) du Directeur de cabinet du président de la République de M. Sidi Mohamed Kagnassy auprès des fournisseurs de l’armée,
2- l’attribution à cet intermédiaire (Kagnassy) d’un marché de gré à gré d’un montant initial de 69 milliards,
3- des surfacturations abominables reconnues de 29 milliards,
4- la mise en place d’un fonds de garantie de 100 milliards pour couvrir les transactions du bénéficiaire du marché et
5- le transfert frauduleux, à partir de ce fonds de garantie, de 10 milliards de FCA sans aucun rapport avec les besoins de l’armée.
Les détournements massifs de milliards au détriment de l’armée nationale sont un crime contre notre pays et ses forces armées et de sécurité.
Au lieu de s’atteler à reconstruire l’armée pour défendre la patrie, nos dirigeants font, chaque jour davantage, la preuve que leurs préoccupations étaient de s’enrichir et d’enrichir leurs comparses, sans foi ni loi, sans l’ombre de la moindre compassion pour un peuple mille fois meurtri !
Au lieu de s’attaquer aux urgentes et vitales priorités d’un pays dans l’abîme, la nouvelle gouvernance d’IBK a démontré que ses centres d’intérêt prioritaires étaient dans les dépenses insensées de prestige, au prix de la fraude et d’irrégularités innommables.
C’est ce qui nous vaut aujourd’hui d’être la risée du monde !
Avions-nous vraiment besoin de recevoir de l’extérieur des leçons de morale publique?
Avions-nous vraiment besoin que le FMI nous fît la leçon sur la meilleure manière de gérer nos maigres deniers publics ? C’est pourtant ce qui est arrivé.
Où est l’honneur du Mali tant clamé par les tenants du pouvoir?
Que valent les slogans de lutte contre la corruption, qui sonnent désormais creux devant l’ampleur de ces vols ?
Notre pays, par la faute de ses dirigeants, sort humilié de cette mission du FMI dont les conclusions représentent un cinglant camouflet pour le Président et son Gouvernement qui ont reconnu officiellement et publiquement la mal gouvernance, l’étendue de la fraude d’Etat et des malversations qui caractérisent leur régime.
Un tel gouvernement peut-il décemment rester en place? Que reste t-il de la crédibilité du chef du gouvernement et de celle du Ministre des Finances ?
Le PARENA invite le président de la République à un devoir de transparence vis- à- vis de son peuple, en l’informant sainement et pleinement par la publication des rapports d’audit de la cour suprême et du BVG et en s’expliquant sans délai sur le pillage des maigres ressources du pays.
Le Parena recommande au pouvoir d’exécuter avec rigueur les recommandations issues de la mission du FMI afin que cessent pour les couches les plus défavorisées les retombées néfastes de l’incurie et de la mauvaise gouvernance.
Il exhorte le gouvernement à profiter de la reprise de l’aide budgétaire pour régler la dette intérieure qui s’élève à 167 milliards de F CFA afin de relancer l’activité économique et permettre au secteur privé de respirer.
Bamako, le 30 Septembre 2014
P/Le Comité Directeur
Le Secrétaire Général
Djiguiba KEITA/PPR