A vrai dire, le parti Yéléma est aujourd’hui la première force politique de la ommune IV de Bamako. En effet, par sa victoire éclatante aux élections législatives qui viennent de se tenir, le parti de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, prouve du coup que la commune IV est vraiment son fief politique où il règne désormais en maître.
Confirmation ! C’est ce que l’on pourrait dire de cette victoire du parti Yéléma aux législatives de 2020, en enlevant les deux seuls postes de députés réservés à la commune IV du district de Bamako.
Après donc la mairie de la localité qu’elle gère, c’est le parti Yéléma qui assure la représentation de ladite commune au niveau de l’Assemblée nationale. Une consécration pour le président de Yéléma, Moussa Mara, qui vient ainsi combler un vide de son CV politique avec cet important poste électif (député), pour avoir été, auparavant, maire, ministre et Premier ministre.
Avec son entrée au Parlement, il corse son profil politique et dès à présent, dans l’euphorie de la victoire, ses partisans ont le regard tourné vers la future présidentielle où il faudra bagarrer ferme pour décrocher le macron essentiel qui reste à Moussa Mara qui marquera ainsi, de façon particulière, l’histoire politique du Mali et constituera en même temps une référence pour une jeunesse en perte de repères et de valeurs.
Dès les législatives de l’année 2007, Moussa Mara annonçait la couleur en mettant en ballotage l’actuel président de la République. Il a fallu la grande et exceptionnelle mobilisation de tous les partis politiques pour barrer la route à celui qu’on considérait en son temps comme “un jeune prétentieux de la société civile”. “C’est une humiliation de la classe politique si jamais il passait au détriment d’un homme politique de grande envergure et ce serait une porte ouverte pour n’importe qui se réclamerait de la société civile” disait-on dans les états-majors des partis politiques, surtout au niveau de l’Adema et ses satellites (tous les partis qui en sont issus).
C’était suffisant pour que la classe politique fît un bloc compact afin de lui barrer la route au second tour des législatives de 2007. Tous les dinosaures politiques étaient descendus sur le terrain pour du “Tout sauf Mara !”. Mais le jeune était resté imperturbable, pour tenir bon face aux machines électorales huilées par la fraude massive. Même le président ATT, en ce temps-là président de la République, n’est pas resté en marge des manœuvres parce qu’il fallait aussi sauver la tête de son ami et grand-frère, IBK.
Le jeune Mara, qui a certainement vite appris, a compris qu’être solidement ancré dans la société civile ne lui suffisait pas pour gagner des élections et surtout pour réaliser ses ambitions politiques. Il lui fallait se restructurer et la naissance du parti Yéléma fut la bonne réponse à l’exigence politique du moment. En plus, le nom, Yéléma (le changement) traduisait l’aspiration essentielle du peuple malien. C’était bien vu !
Il s’en est suivi sa victoire aux élections municipales, qu’on lui arrachera au détour d’une décision de justice annulant le scrutin. Rebelote ! Mara passe une nouvelle fois et vient de prouver qu’il faut désormais compter avec lui en commune IV de Bamako.
Il a dû écouter son mandat à la tête de la mairie de la commune IV pour répondre à l’appel de la Nation, notamment pour devenir ministre, ensuite Premier ministre. Mais sa formation politique, le parti Yéléma, est resté profondément ancré dans les profondeurs de la commune IV pour résister à la bourrasque des ogres politiques de l’époque, notamment des partis politiques adversaires déclarés, mais véritables partenaires pour nouer des alliances de circonstance et se partager le gâteau. Se mettant ainsi au-dessus de la mêlée, le Yéléma conserve la gestion de la mairie de la commune IV, avec l’élection au poste de maire d’un de ses solides piliers du Parti, en l’occurrence Adama Berthé.
Le Yéléma confirmera sa suprématie sur la commune IV avec les dernières législatives qui ont consacré l’élection de Moussa Mara et Assane Sidibé comme députés aux couleurs de Yéléma.
Reste à voir maintenant si Assane Sidibé, connu comme un produit de la société civile, va chercher à s’ancrer dans Yéléma après cette victoire où s’il se mettra un peu en réserve, dans un élan calculateur et jouant au futé, comme il sait le faire parfois. Si cela lui a réussi jusqu’à présent, il doit savoir maintenant que de son choix tactique dépendra cette fois-ci son avenir politique.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali