TEMEDT kel tamaasheqs (photo archives)
Décidément la désignation des membres de la Commission dialogue et réconciliation, fera couler beaucoup d’encre et de salives. Après le Collectif des ressortissants du Nord (COREN), c’est le tour de l’association pour la consolidation de la paix, le développement, la promotion et la protection des droits Humains (TEMEDT), de monter au créneau. Le 15 avril 2013, au cours d’une conférence de presse animée, à la Maison de la presse, Ibrahim Ag Idbaltanat, Président de TEMEDT, a dénoncé le fait qu’ « aucun membre de la communauté noire kel tamasheqs ou Bellah ne figure dans la Commission dialogue et réconciliation ».
D’ordinaires très conciliant, les responsables de TEMEDT ont décidé de bander leurs muscles. « TEMEDT constate à travers le décret n°2013-325/P-RM du 10 avril 2013 du Président de la République par intérim, son excellence le Professeur Dioncounda Traoré, notamment la Commission dialogue et réconciliation qu’aucun membre de la communauté noire kel tamasheqs ou bellah n’y figure », a déclaré Ibrahim Ag Idbaltanat, Président de TEMEDT. Selon lui, en agissant ainsi, « une fois de plus, les autorités maliennes s’obstinent dans leur mépris des kel tamasheqs noirs ou bellahs et dans la négation de la réalité de l’esclavage par ascendance et discriminations associées chaque fois qu’il s’agit de solliciter la participation des citoyens aux prises des décisions ». Pour cela, sans passer par quatre chemins, il a indiqué que TEMEDT déplore que la composition de cette commission dialogue et réconciliation au lieu d’être inclusive témoigne une fois de plus de la volonté inexpliquée des autorités maliennes de continuer à ignorer la voix de ceux qui subissent tous les jours les humiliations. Selon lui, cette communauté regorge de toutes les compétences nécessaires allant du professeur, cadres, religieux à l’agent d’exécution et pour autant, elle a été une fois de plus royalement ignorée. « Et, cette situation n’a que trop duré », a-t-il déclaré. Avant de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale de cette injustice flagrante. Qu’à cela ne tienne, le Président de TEMEDT, a estimé que si les critères de nomination des membres de la Commission dialogue et réconciliation, sont ceux relatifs à la représentativité communautaire, à l’intégrité morale, à la loyauté envers la République, à la compétence, à l’expertise, à l’attachement aux idéaux de non violence, les leaders de leur communauté sont bien placés pour figurer parmi les 30 membres de la commission. « L’ensemble du peuple TEMEDT s’accorde pour clamer une nième fois son indignation, mais ne se décourage pas face à des pratiques connues et suffisamment expérimentées au point que tous les maliens sont unanimes à reconnaitre leur manque de vision pour édifier une véritable nation prospère et riche de toutes ses diversités », a-t-il déclaré. Avant de rappeler que c’est le lieu de souligner que les premières lapidations, les premières amputations et le plus grand nombre d’amputés, le plus grand nombre de viols, les tueries, les enlèvements d’enfants et leur réduction en esclaves ont visé principalement la communauté bellah. Pour tout cela TEMEDT a fait observer qu’on ne peut pas construire la paix, la cohésion sociale par l’exclusion du débat des couches de la société les plus affectées par la crise. Et de dénoncé. « Cette stratégie érigée en méthode de gouvernance depuis l’indépendance traduit la connivence étroite, entre le pouvoir d’Etat, et certains milieux rétrogrades, pour maintenir, impuni, le fait social de l’esclavage et des discriminations de toutes sortes au Mali », a-t-il fait remarqué. Qu’à cela ne tienne, compte tenu de tout ce qui précède, TEMEDT en appelle au Président de la République par intérim, à son Premier ministre, aux membres du Gouvernement, au Président de la Commission dialogue et réconciliation, à la nation, pour que soit réparée immédiatement la non représentativité d’une des communautés parmi les plus importantes en nombre au nord du pays pour qu’une très grave erreur ne se transforme en faute.
Assane Koné