Bamako – Des combats ont opposé mercredi rebelles et armée malienne, pour la première fois depuis 2014, quelques heures après une attaque surprise tuant deux militaires et un enfant, également imputée à la rébellion par l’ONU et le gouvernement.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à « une cessation immédiate des hostilités« , se disant dans un communiqué « profondément préoccupé par les graves violations du cessez-le-feu qui ont eu lieu au Mali ces derniers jours, à un moment critique dans le processus de paix« .
Selon M. Ban, qui mentionne la prise lundi par des groupes pro-Bamako de positions rebelles, mercredi « des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion à dominante touareg, NDLR) ont attaqué des baraquements de la Garde nationale à Goundam (région de Tombouctou) tuant deux gardes nationaux et un enfant« .
La veille, le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) Mongi Hamdi avait déclaré le processus de paix en danger » après la reprise des hostilités entre les groupes progouvernementaux et la rébellion, qui a fini par annoncer son intention de parapher l’accord d’Alger, près de deux mois après le camp gouvernemental.
Dans un communiqué, le ministère malien de la Défense a affirmé « que le MNLA, le HCHUA et leurs alliés terroristes, après avoir assassiné ce matin le chef peloton de Goundam, son adjoint et une innocente fillette, viennent de s’attaquer cet après-midi, à visage découvert, aux forces du Mali régulièrement stationnées à Léré » (centre), près de la frontière mauritanienne.
La CMA avait prévenu mardi soir qu’il ne lui restait « d’autre choix que celui d’user de son droit à l’exercice de la légitime défense pour protéger les populations civiles, ses hommes et ses positions » après la prise lundi de ses positions à Ménaka (nord-est), près de la frontière nigérienne.
Elle incriminait « des éléments de l’armée malienne et de ses milices » des accusations rejetées par le gouvernement qui a assuré lundi soir avoir appris « avec une grande surprise et une forte préoccupation » les affrontements à Ménaka.
– ‘Ni vainqueur ni vaincu’ –
A Léré, un colonel de l’armée malienne joint par l’AFP a fait état d’une attaque lancée depuis 16H00 (locales et GMT) par « les groupes de rebelles touareg armés« , précisant que les assaillants étaient arrivés à bord de véhicules par l’ouest de la ville, du côté de la frontière.
Un élu local interrogé par l’AFP au téléphone a confirmé les affrontements. « Nous sommes sous les balles. Tout le monde est caché à la maison. Les rebelles tirent, l’armée malienne aussi« , a-t-il affirmé dans l’après-midi.
Les combats avaient cessé dans la soirée, une source de sécurité étrangère indiquant qu’il n’y avait « ni vainqueur ni vaincu« , les rebelles contrôlant le sud-est de la ville et les militaires maliens plusieurs de leurs positions à Léré.
Dans la matinée, deux membres de la garde nationale, ainsi qu’un enfant, ont été tués plus au nord-est, à Goundam, par des assaillants non identifiés lors d’une attaque surprise vers 05H00 (locales et GMT) contre le camp de cette composante de l’armée, selon une source militaire malienne dans la région.
« Les assaillants seraient venus de l’Est. Il étaient en voiture. Ils ont également enlevé un véhicule dans le camp des gardes« , a souligné une source de sécurité au sein de la Minusma.
M. Hamdi avait adjuré mardi les protagonistes de ne pas dilapider les fruits de « mois de négociations intenses« , soulignant avoir rencontré dimanche à Nouakchott les représentants de la rébellion qui « ont confirmé leur intention de parapher l’accord » d’Alger, avalisé le 1er mars par Bamako et ses alliés.
Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle de Bamako.