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Colonel-Major Ismaël Wagué, porte-parole : « Nous ne sommes pas venus pour rester au pouvoir… »

Invité sur la chaine nationale, le porte-parole du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), le Colonel major, Ismaël Wagué a donné des explications sur la gestion du pays. Il a ébauché la question de transition, les discussions avec la CEDEAO et surtout leur vraie intention pour refonder le Mali avant leur retour dans les casernes. Lisez la transcription

 

« Ce n’est pas un coup d’État, ce n’est pas un coup de force parce que l’ancien président, Ibrahim Boubacar Kéita a démissionné de volontairement. Il a dissout l’Assemblée nationale et demis le gouvernement, il a remis sa démission de façon spontanée et volontaire ».

On parle de coup d’État élégant.

« On ne peut pas parler de planification ni de spontanéité, mais cela fait un moment que nous regardons l’évolution de la situation au Mali et à un certain moment il a fallu prendre des décisions aider la population ».

Sur la question de la transition

« IBK va très bien, il est à Bamako. On va beaucoup plus dire sécuriser que retenir, retenir une personne à une connotation d’arrestation, alors que les gens sont sécurisés pour leur propre protection. Il y en a qui sont sécurisés par nous et qui sont venus de leur propre chef pour bénéficier de la sécurisation. Vous savez quand il y a changement, ceux-là qui ont participé à la gestion du pays, souvent sont victimes à raison ou à tort par la population. C’est pour prendre en compte cet aspect que nous avons décidé de sécuriser ces personnes. Cette sécurisation dépendra de l’évolution sécuritaire. Pour le moment, la tension est entrain de baiser, et c’est encourageant.

En fait, dire qu’on négocie avec la CEDEAO est un peu trop dit. C’est normal quand il y a des situations de ce genre, le Mali en tant que membre de la CEDEAO qu’il envoie une mission pour savoir ce qui se passe et échanger avec la CEDEAO. Nous, on ne décide rien avec la CEDEAO. Les objectifs clairs avec la CEDEAO, quelle que soit l’élégance avec le changement, ont été effectués avec l’accompagnement du peuple, malgré cela, la CEDEAO a mis en place une série de sanctions contre le Mali. Ce qui fait que c’était intéressant de discuter avec la délégation pour échanger et intégrer ces aspects pour avoir des compréhensions nous permettant d’aller vers l’enlèvement ou l’allègement des sanctions.

Il faut comprendre que les émissaires de la CEDEAO ne viennent pas pour trouver des accords, mais en mission de médiation parce que ceux-là qui prennent les décisions, ce sont les chefs d’État. Cette mission était de venir comprendre pour rendre compte aux chefs d’état.

Quoi qu’on fasse, il faut avoir l’esprit de la population. Quel que soit l’acte qu’on pose, il faut penser à la population, la pauvre population. Du début à ce jour, nos actions sont basées sur la  population, il y a aussi une partie de nos collègues qui sont engagés dans les opérations. Pour essayer d’alléger les sanctions au profit de la population il faut le faire sachant qu’il y a certaines choses qu’il y a certaines choses qui sont discutées entre Maliens dans le cadre de la transition. Il a eu des mesures d’allègement de sécurisation autour de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéita, et ce sont des compromis que nous avons faits pour essayer d’alléger le dispositif de sécurisation. Les autres aspects doivent se régler entre nous maliens.

Ce qu’on attend de la CEDEAO, vraiment c’est de lever ces sanctions et de comprendre que le cas malien est un cas particulier. La CEDEAO est venue avec un format, un protocole, et c’est normal. Quand il y a de ces situations, comment elle les qualifie et donne ce qu’il y a comme disposition. Maintenant, s’il y a la transition qui est constatée parce l’ancien Président a démissionné, maintenant elle donne leur format de la transition qui n’est pas forcement compatible avec les réalités maliennes. On ne pouvait pas s’entendre sur la transition dans la mesure où nous entre maliens il faut qu’on se met d’accord sur quelque chose en termes de transition après échanger avec les autres partenaires.

Le fait que l’ancien Président IBK a dit à la délégation de la CEDEAO, « qu’il a démissionné sans pression, et que cela a été même un soulagement pour lui, qu’il est bien traité et qu’il ne veut plus jamais revenir au pouvoir », a fait changer un peu l’opinion de la communauté internationale et des pays par rapport à envisager ou pas son retour. Ce qu’il faut savoir, qu’aujourd’hui, cela apparait que nous sommes des acteurs incontournables de la transition ».

La chronologie de la transition

« Sur le chronogramme de la transition à ce stade, on ne peut rien dire, car les consultations ont commencé et il faut attendre et ensemble, ce qu’on va décider qui va être proposé. Tout le monde est concerné pour donner son point de vue et proposition.

Sur la durée de la transition, la junte aurait donné trois (3) et deux 52) de transition, et ceci au cours des discussions qui n’est pas quelque chose de figé. Ils ont dit que leur compréhension de la transition, il faut un civil ou un militaire à la retraite pour être président de la transition, et il faut 6 mois, 9 mois, en tous cas 1 an.

Nous, on pense que dans le cas malien, on peut aller plus loin comme le mandat de l’ancien président, il reste trois ans, ce temps peut être mis à profit pour prendre en compte tous les aspects. Et mettre un militaire soit un civil, et rien n’est figé.

Cet objectif que nous voulons atteindre, il faut être mesuré parce qu’il y a beaucoup de choses à faire et tous les domaines qui sont concernés.

Il s’agira d’adopter une charte de la transition et une feuille de route cohérente, et ensuite qui va être le Président de la transition, qui va être le Premier ministre et combien de membres va composer le gouvernement et la durée et les organes de la transition. Et qui va faire quoi exactement.

La sanction de la CEDEAO est la plus grosse des pressions. Et il faut qu’on se prononce clairement sur la forme de transition qu’on veut faire. Tant que tous ne rentrent pas en ordre avec la communauté internationale, on est l’abri de rien. Cela veut dire que nous allons faire avec ce qui existe.

Les gens le pensent, mais à ce stade, je  vous dis, personne ne nous influence, bien sûr que nous sommes là pour tout le monde, pour discuter tout le monde. »

Rapport avec le M5-RFP et l’Imam Dicko

« On n’a pas un rapport particulier avec le M5-RFP ni avec  leur autorité morale l’Imam Dicko. Nous étions au rassemblement, mais nous étions invités. Nous y sommes allés parce qu’il y a une partie de la population qui a apprécié l’action et pour les remercier.

Nous ne sommes pas venus pour rester au pouvoir, on n’est même pas intéressé par cela, on ne sait même pas le faire. On veut la transition la plus courte possible, mais nous ne voulons pas faire un travail inachevé et retomber dans les situations précédentes; c’est hors de question.

Mais une fois la transition terminée avec les élections, vous n’allez plus entendre parler de nous. Nous allons rejoindre les casernes et reprendre ce que nous savons faire et quitter définitivement la scène politique. En attendant, ils sont obligés de composer avec nous parce qu’il faut qu’on s’assure qu’elle va se faire conformément à l’idéal qui nous a amené ici avec l’aide tout le monde.

On n’a pas les nouvelles de Soumaila Cissé, mais cela fait partie des dossiers urgents que nous avons pris à bras le corps. »

Mot de fin

« Le coup d’État est consommé et l’objectif visé est la stabilisation du pays. Il s’agit de mettre fin à tout ce qui va à l’encontre des intérêts du peuple malien. Il s’agit de bâtir un nouveau mali. Que tout le monde se tranquillise. Nous sommes là pour le pays et non pour nous même ».

Retranscrit par Bourama Kéïta

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