Lancées le 18 janvier 2021, les assises nationales sur le coton ont connu leur épilogue, le 8 février dernier au Centre international de conférences de Bamako. C’était au cours d’une cérémonie présidée par le Premier ministre Moctar Ouane, en présence du ministre de tutelle Mohamed Ould Mahmoud et du PDG de la CMDT Holding, Dr Nango Dembélé. La cérémonie a également drainé les présidents de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali et de l’interprofession du coton, les Partenaires techniques et financiers ainsi que les PDG de la BDNA et de la BDM-SA. Les assises, qui visaient à identifier les voies et moyens de relancer la culture du coton, ont été sanctionnées par une série de recommandations en faveur de la gouvernance des organisations de producteurs, du mécanisme d’approvisionnement et de financement des intrants ainsi que de la subvention de l’Etat aux producteurs de coton.
- La gouvernance des organisations de producteurs
Sur la gouvernance des organisations de producteurs, les acteurs ont recommandé la séparation des fonctions des syndicats de celles des unions de coopératives ainsi que l’instauration d’une nouvelle clé de répartition du supplément de rémunération et des frais de fonctionnement du coton graine des structures coopératives au bénéfice des producteurs à la base. Toujours en termes de gouvernance, ils ont suggéré aux autorités le renforcement des capacités des producteurs via des séances de formation sur les statuts et règlement intérieur et l’Acte uniforme de l’OHADA sur le droit des sociétés coopératives. De même les participants ont plaidé pour une importance particulière aux activités de soutien à la filière cotonnière et la prise en compte de l’OHVN au niveau de l’Inter profession coton (IPC).
- Le mécanisme d’approvisionnement et de financement des intrants et la subvention de l’État aux producteurs de coton
Concernant le mécanisme d’approvisionnement et de financement des intrants et la subvention de l’État aux producteurs de coton, les assises ont recommandé le maintien de la subvention sur les engrais sous sa forme actuelle (subvention sur le prix des engrais) en vue de relancer la production cotonnière dès la campagne agricole 2021/2022, en attendant le transfert de la subvention sur le prix à la production à partir de la campagne agricole 2022/2023. Les recommandés ont également trait au transfert à la CMDT de la fonction d’approvisionnement en intrants de qualité sur une période de deux ou cinq (5) ans au regard des insuffisances actuelles du GIE et de l’ampleur des questions de gouvernance qui ont contribué à détériorer le climat de confiance entre les producteurs. Les organisations de producteurs seront toutefois impliquées dans le processus d’acquisition et veilleront à la transparence des opérations. Dans la même lancée, les assises ont exhorté le gouvernement à s’impliquer davantage dans le contrôle de la subvention des intrants agricoles.
- La relance de la culture du coton
Pour la relance de la culture du coton, les participants ont proposé, entre autres, de fixer un prix incitatif au kilogramme de coton-graine en diminuant autant que possible le prix des intrants et des matériels agricoles et de rendre gratuites les semences de coton aux producteurs. S’y ajoute la promotion de la culture du coton biologique en vue de répondre aux exigences de l’évolution du marché mondial. Ils ont par ailleurs engagé les plus hautes autorités à mobiliser des ressources nécessaires au financement des mesures d’adaptation et d’atténuation auprès du Fonds climat, du Fonds vert climat et d’autres partenaires techniques et financiers pour renforcer la résilience des producteurs de coton face aux effets néfastes du changement climatique. Ce n’est pas tout. Le chapelet de suggestions concerne tout Kadi bien les facilités d’accès à l’aliment bétail pour les bœufs de labour, la valorisation de la production nationale par le renforcement des capacités des unités existantes, la construction de nouvelles unités de transformation, etc. Aux yeux des participants aux assises, la relance n’est pas moins tributaire d’une promotion des systèmes d’irrigation d’appoint, de la sensibilisation et de la formation des producteurs sur la production et l’utilisation des bio-pesticides, sur la préservation et l’utilisation du coton graine, ses semences et des engrais de qualité.
Le premier ministre Moctar Ouane, tout en assurant du soutien et de l’accompagnement de son gouvernement aux paysans, s’est réjoui de ces conclusions qui, à ses yeux, devraient contribuer à reconquête par le Mali de son rang de premier producteur de coton de bonne qualité dans la sous-région et sur le continent africain. Et à l’instar du chef du Gouvernement, le ministre de l’Agriculture de l’élevage et de pêche, Mahmoud Ould Mohamed, s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations issues des assises.
Amidou KEITA
Source : Le Témoin