Depuis le premier tour du scrutin présidentiel du 29 juillet 2018, le climat politique se détériore de plus en plus dans notre pays. L’opposition, en décidant de rompre tout dialogue politique, s’est mise dans une posture de revendication d’une victoire qu’elle considère la sienne. Dans cette démarche, elle met en cause toutes décisions prises par le gouvernement. Le pouvoir, dont le président se fait souvent passer pour un monarque, n’est pas, quant à lui, dans une logique de se laisser dévier de son chemin.
Dans un pouvoir démocratique, le rôle de l’opposition est déterminant pour le contrôle de l’action gouvernementale. Mais, cela passe forcément par des concertations. Malheureusement depuis l’investiture du président Ibrahim Boubacar Kéïta, l’opposition est montée sur le créneau et ne semble pas, pour l’instant, être prête à dialoguer avec le gouvernement. Du coup, toute décision prise par le pouvoir n’est pas la bienvenue. C’est une position qui est jugée radicale.
Après son refus de recevoir le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, dans le cadre des consultations des partis politiques pour les concertations régionales relatives au découpage territorial, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, président de l’URD, a appelé ses camarades politiques à boycotter les opérations. Cette prise de position avait deux explications. La première, certains membres de l’opposition comme Choguel Kokalla Maïga, voient ce découpage comme un moyen pour garantir la partition du pays. La seconde explication donnée par Me Mohamed Ali Bathily tente à faire croire que le gouvernement n’est pas légitime pour organiser de telles assises. Car, selon lui, Ibrahim Boubacar Kéïta n’a pas été élu. Il n’est donc pas le président légitime, son gouvernement non plus.
De même, le 16 novembre 2018, à peine le gouvernement a-t-il annoncé l’agenda électoral de la l’année prochaine que l’opposition a rejeté les dates fixées. Il s’agit du référendum en mars, des élections législatives en mai, les sénatoriales en juillet et les locales en novembre. La raison du rejet de ces dates par les partis de l’opposition regroupés en Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), est le fait que l’annonce a été faite par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation au cours de la rencontre du Comité de Pilotage du Projet d’Appui au Cycle électoral et non en Conseil des ministres.
« Comment voulez-vous parler d’élection sénatoriale alors qu’il n’y a pas de sénat. Ces annonces sont des propos à l’emporte-pièce pour distraire les Maliens. Le gouvernement doit d’abord s’engager dans un dialogue politique avec les forces politiques du pays au lieu de s’amuser avec le Mali et les Maliens», a déclaré Tiébilé Dramé, ancien directeur de campagne de Soumaila Cissé et président du Parena. Comment instaurer un vrai dialogue politique alors que le chef de file et président du principal parti de l’opposition ne veut pas être autour de la même table que le gouvernement ?
Un abus du pouvoir !
L’une des actions les plus récentes est la répression du 17 novembre 2018 par les forces de l’ordre. Cette attitude des autorités ne résout rien. Au contraire, cela nourrit davantage l’instabilité politique. Ce qu’il faut retenir, c’est que le gouvernement, en s’inscrivant dans la logique d’interdire les manifestations de l’opposition, se fait passer pour une autorité de répression. C’est un abus du pouvoir qui ne dit pas son nom. Des manifestions comme des marches ou meetings sont garantis par la Constitution. Si c’est le seul moyen pour l’opposition pour se faire entendre, le pouvoir doit le lui garantir. Cela, pour éviter des tensions qui n’arrangent ni les populations, ni le gouvernement lui-même.
Source: Koulouba.com