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Chronique satirique : le « voisin » Azawadien et le dindon de la farce

Au nord du Mali, que certains bandits armés s’amusent à appeler « Azawad »,  se joue une très grosse farce ou l’Etat malien  joue le triste rôle de dindon. Qui l’eût cru ?

carte mali azawad

Au départ, il était question de mater les rebelles à coups de bâton. Exactement comme on l’a fait, en 2012, pour Dioncounda, l’homme à l’éternelle écharpe blanche. Mais hélas ! Partie bruyamment au nord pour mater l’ennemi, notre vaillante armée est retournée à Bamako dans des… souliers. Certains soldats se sont même déguisés en bergers pour emprunter des camions forains en direction de Bamako. Je ne suis pas colonel, mais il paraît qu’en langage militaire, cela s’appelle « repli stratégique ».Sauf qu’à ce jour, nos militaires ne se sont toujours pas dépliés !… Et pendant qu’ils restent repliés comme du « tiekouroulén », la rébellion étend ses conquêtes territoriales. Aujourd’hui, à part les capitales régionales, tout le nord est contrôlé par ces bandits armés. Et il leur suffit de secouer du turban et de clamer quelques mots de tamacheq pour que le Mali se plie en quatre pour satisfaire leurs moindres caprices. Ainsi, à leur demande, Ménaka et Taoudéni sont devenues des régions, alors que la première ville ne dépasse pas mille âmes et que dans la seconde, on compte juste un bagne et cinq poulaillers. Le bruit court que bientôt, la liste des régions va se rallonger pour complaire aux Touaregs Chamanamasse, Idnane et que sais-je encore ? Bien entendu, à Kidal, Ménaka ou Taoudéni, tout gouverneur doit prendre ses ordres chez le chef tribal ou le commandant rebelle, sous peine de recevoir un coup de hache dans l’abdomen. Si ce n’est pas là une prime à la rébellion, ça y ressemble comme deux gouttes d’eau. Mais passons…

Il y a un mois, la CMA, le conglomérat rebelle le plus puissant de l’histoire malienne, a démoli au bulldozer des bâtiments publics de Kidal. Aux journalistes interloqués, elle a expliqué que ces bâtiments qui servaient de logements aux soldats maliens  étaient « illicites » car « contraires aux règles d’urbanisme »  de la cité. En clair, pour savoir ce qui est licite ou illicite, il faut se référer à la CMA, et non à l’Etat malien. A Kidal, les textes maliens ont moins de valeur que du crottin de chameau, à commencer, bien sûr, par le Code Domanial et celui de l’Urbanisme. Il y a vraiment urgence à envoyer l’excellent ministre des Domaines, Me Bathily, enseigner le droit foncier à Kidal, n’est-ce pas ?

En fait, aux yeux de la CMA, l’expression « nord-Mali » n’a aucun sens;  le Mali n’est qu’une « puissance voisine »de l’Azawad. Problème : contre tout usage diplomatique, nos chers leaders azawadiens veulent manger à la fois dans leur patrie et dans celle du « voisin » malien. Quelques exemples en font foi:

– Nos « voisins » azawadiens font la pluie et le beau temps dans les avions et les hôtels de luxe aux frais du Mali; ils émargent aussi au budget du parlement malien où, chaque mois, Algabass Ag Intallah, un de leurs chefs, encaisse ses indemnités de député. Or, au même moment, l’administration malienne est interdite d’accès à Kidal, fief des Azawadiens. Pour avoir osé fouler le sol de la ville, notre ancien Premier Ministre, Moussa Mara, a failli passer de vie à trépas à l’âge de 39 ans. Je vois là une violation des conventions diplomatiques qui instituent le principe de réciprocité et, donc, l’obligation pour les Azawadiens  d’offrir le gîte, le couvert et la protection aux officiels maliens.

– Il se raconte qu’après avoir déserté, en 2012, l’armée malienne au profit de la rébellion, les combattants azawadiens réclament, à présent, 5 milliards de FCFA d’« arriérés de soldes » au Mali. A mon humble avis, une telle comédie n’a pas lieu d’être entre des « voisins » qui se respectent,  !

– Au moment où, sous l’égide de l’ONU et de l’Algérie, les combattants azawadiens ont pris l’engagement de se faire cantonner à bref délai, on les surprend, la semaine dernière, en train de fêter le « 4ème  anniversaire de l’indépendance de l’Azawad ». Si ce n’est pas là de la moquerie diplomatique, je veux bien être pendu!

– A l’instigation des leaders azawadiens, le Mali a mis à exécution les accords de paix d’Alger en votant une loi portant sur l’installation des autorités intérimaires. Aux termes de cette loi, les cercles, arrondissements et mairies du nord deviennent autant de baronies gérées par les groupes armés et leurs alliés tribaux. Quant à la contrepartie (le retour de l’administration malienne dans tout le nord), les rebelles azawadiens s’y refusent, allant jusqu’à tenir à Kidal un forum interdit au gouvernement malien. Comprenne qui pourra…

– Pour organiser le fameux forum de Kidal, les leaders azawadiens n’ont rien trouvé de mieux que de tondre l’Etat malien qui, un beau soir, s’est vu soulager d’une lourde valise contenant quelque 400 millions de FCFA. De quoi  bousculer les règles du bon voisinage, hein ?

En somme, la CMA et compagnie se paient la tête du Mali à vil prix, c’est-à-dire en dollars azawadiens, une monnaie qui n’a cours que dans les enclos et les puits de Kidal. Le comble, c’est qu’au lieu de déposer plainte, à l’ONU ou à la CPI, contre des envahisseurs devenus escrocs, l’Etat malien continue de jouer au dindon de la farce. A preuve, il vient d’adopter, le 18 mars 2016, un plan de développement du nord en matière de santé, d’hydraulique, de routes et d’éducation. Le montant du plan ? 180 milliards de FCFA, s’il vous plaît! Et qui va manger, pardon!, dépenser cette jolie fortune ? Officiellement,  l’Agence de développement du Nord, une structure publique malienne; mais en réalité, ces fonds tomberont dans les mains de nos « voisins » azawadiens qui ont le contrôle militaire du territoire et s’apprêtent à prendre le contrôle légal de l’administration locale. Le ministre de la Solidarité, promoteur du plan de développement, a-t-il songé à cet aspect des choses ? Ou bien agit-il sous la dictée de l’Occident qui voit dans nos « voisins » de charmants « hommes bleus du désert »?

Autre belle farce où l’Etat joue les dindons de service: le cantonnement. Il faut vraiment rêver débout pour croire que, sous prétexte d’accords, des bandits qui ont envahi un pays, éventré des soldats, égorgé des préfets et violé d’innocentes dames vont tranquillement déposer les armes et prendre du thé sous des hangars en attendant qu’on leur trouve des postes de planton ou de secrétaire ! Souvenez-vous que de 1991 à 2006, tous les accords de paix passés avec les bandits armés ont prévu un processus de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion). Mais aucun des accords n’a survécu à la mauvaise foi de l’ennemi enturbanné qui, une fois les primes encaissées, reprend vite les armes jusqu’à un nouvel accord toujours signé à…Alger. Demander aux gens de la CMA de cesser ces micmacs, c’est leur demander de cesser leur métier puisqu’ils ne savent pas faire autre chose. Voilà pourquoi je pose la seule question qui vaille: quand et comment s’arrêront toutes ces« dindonneries » ?

Tiékorobani

 

Source: proces-verbal

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