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Chronique du Mardi : Futur composé

Il paraît que le meilleur reste à venir dans notre pays. Le passé récent aura été une zone de très fortes turbulences qui continuent de perturber encore le présent, même si d’aucuns prédisent des lendemains enchanteurs. Et pourtant, il suffit de demander aux gens dans la rue comment ils perçoivent leur avenir, c’est presqu’en chœur que tout le monde répond ignorer de quoi demain sera réellement fait.

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Posez la même question concernant l’avenir du pays, la réponse reste invariable. Au-delà de l’incertitude d’un futur proche qui a du mal à se dessiner comme un mirage en plein désert, il a y a aussi et surtout comme une sorte de fatalisme. Dans leur for intérieur, beaucoup de Maliens sont convaincus que les choses sont ainsi et que rien ne changera.

Pis, certains pensent même que les choses peuvent s’empirer et compromettre tout effort d’évolution. Est-ce du réalisme, du pessimisme ou alors un optimisme à reculons ? Allez savoir ! Ce qui est vrai, c’est que la décomposition de notre passé récent fait craindre un futur, non pas composé, mais décomposé aussi avec les mêmes menaces pouvant engendrer les mêmes conséquences, car voilà, pour dénoncer nos maux, il n’y a pas meilleur observateur que nous-mêmes. On voit tout, on analyse tout et on critique à tout-va.

S’il devait même exister un diplôme dans le domaine, n’en riez surtout pas, je crois bien que la majorité des Maliens aurait eu un doctorat. Mais attention, si on a la critique facile, ne comptez surtout pas sur nous pour nous remettre en cause, a fortiori changer notre façon de faire, alors même que tout le problème vient de là.

Si personne ne veut changer, comment veut-on que les pratiques changent ? Si personne n’est responsable de rien, qui veut-on qu’on sanctionne ? S’il faut accorder des circonstances atténuantes à tout le monde, car chacun est le proche de quelqu’un de bien placé, comment veut-on et peut-on combattre la corruption et les autres pratiques attentatoires à la bonne gestion ?

C’est le fer qui coupe le fer, a-t-on coutume d’entendre ici. Une expression qui décrit les rapports de force asymétriques qui existent dans notre pays. Un ministre peut ainsi se retrouver dans l’œil du cyclone pour avoir voulu sanctionner un subalterne. Un officier supérieur verra aussi son autorité bafouée pour avoir voulu mettre au pas un soldat récalcitrant.

Des situations qu’on peut citer à la pelle et qui auront contribué à produire des effets bizarres et à faire de chacun un faiseur de roi et un puissant défaiseur de ministre, de directeur ou de « chef » tout simplement. Avant de sévir, il vaut mieux s’assurer d’abord des soutiens cachés du fautif.

Ce n’est plus du trafic d’influence, c’est plus fort que cela. Il s’agit simplement d’un droit de faire tout ce qui est licite et illicite sans risque de se faire sanctionner. Regardez un peu ce qui se passe dans la circulation, dans nos administrations et même dans nos services municipaux. Les vrais détenteurs de pouvoir ne sont pas ceux qui ont été désignés à cette fin. Chacun est en fait un chef dans son domaine du fait de ses relations ou de son pouvoir de nuisance. Tout se monnaye à vue d’œil et les fausses factures circulent sans que personne ne trouve à redire. On gonfle les prix pour avoir de bonnes ristournes.

On paye des pièces qui n’ont de durée de vie que le temps de leur achat, car cela permet de faire plusieurs achats dans l’année, donc d’assurer des gains substantiels. De petites mafias se forment ainsi prenant en otage certaines administrations et même certains chefs qui ont eu l’indélicatesse de goûter au fruit défendu. Dans ces conditions, comment veut-on que notre futur puisse être ? Un futur radieux ? Certainement un futur complexe et composé d’incertitudes les unes plus grandes que les autres.

Une chape de plomb qui plane au-dessus de nos têtes et qui risque, à tout moment, de les écraser. Vouloir un futur meilleur, différent du passé tumultueux qu’on a connu, c’est d’abord se donner les moyens et la volonté de faire changer les choses. Et cette volonté, il semble qu’on soit à des années lumières de l’avoir.

Maliden

 

Source: lesechos

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